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Politique

Mbaye Jacques DIOP (Président du Craes) : ‘on était sur le point de donner un passeport à Idy, mais il a été trop préssé'

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Mbaye Jacques DIOP (Président du Craes) : ‘on était sur le point de donner un passeport à Idy, mais il a été trop préssé'

Invité par le Conseil économique et social français qui organisait hier, mardi 4 décembre, un hommage au président Senghor dans le cadre de la célébration de son centenaire, Me Mbaye Jacques Diop, président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales a rencontré les correspondants de la presse sénégalaise à Paris. Durant la rencontre, l’ancien maire de Rufisque a invité à ne pas dramatiser les relations entre Wade et Idrissa Seck. Parce que, croit-il savoir, il y a encore de la place pour la réconciliation, la conciliation afin de ramener la paix entre l’ex-père et l’ex-fils putatif. Le président du Craes a profité de l’occasion pour se prononcer sur la récente crise qui a frappé la magistrature sénégalaise, la non-délivrance de passeport à Idrissa Seck, les prochaines élections couplées et la question casamançaise.

Wal Fadjri : Vous allez participer à la cérémonie d’hommage au président Senghor organisée par le Conseil économique et social français. Quelle signification donnez-vous à cet évènement ?

Mbaye Jacques Diop : La signification que je donne à cet événement, c’est qu’il est heureux que la France rende hommage à Senghor, mais il est aussi heureux que l’univers lui rende hommage. Et je suis fier et honoré de prendre part à cet hommage parce que - n’oublions pas, en tout cas, je n’oublie pas - que j’ai été un des tout premiers jeunes à avoir accompagné Senghor quand il a créé le mouvement des jeunes du Bds. C’est donc pour moi une consécration en même temps une grande fierté que de venir rendre hommage à Senghor à Paris à la place Iéna, dans ce temple de la démocratie participative où les socio-professionnels cohabitent avec les syndicats, où les hommes de culture cohabitent avec les élus.

Wal Fadjri : Qu’est-ce que vos homologues attendent de vous pour cette journée ?

Mbaye Jacques Diop : Que je rende hommage à Senghor, de dire comment, nous Sénégalais, nous percevons Senghor : homme de culture, de lettres, homme de pensée féconde, homme d’Etat surtout parce que je n’occulte jamais le cachet politique éminent de l’œuvre de Senghor. C’est grâce à Senghor que le Sénégal a la devise : un peuple, un but, une foi. Une devise que nous partageons avec le Mali parce qu’il ne faut pas oublier que le 20 août 1960, quand il y a eu l’éclatement de la fédération du Mali, le Soudan, devenu Mali, a amené avec lui un drapeau, un hymne et une devise. La devise est encore conservée. Nous aussi, nous la conservons. Senghor nous a donné un hymne qu’il a écrit de sa main, un drapeau. Avec l’éclatement du Mali, quand le drapeau malien a été amené par la partie soudanaise, nous avons conservé le même drapeau vert, jaune, rouge, mais Senghor y ajouté une étoile verte de cinq branches. Senghor a construit la nation sénégalaise, l’Etat du Sénégal, qui est aujourd’hui en Afrique l’un des meilleurs Etats, sinon le meilleur, solide, avec une administration bien préparée, bien formée, fonctionnelle, une armée de métier républicaine. Tout cela, on le doit à Senghor. Donc cet homme-là, on lui doit beaucoup.

Wal Fadjri : Quelles étaient vos relations avec Senghor ?

Mbaye Jacques Diop : Des relations de militant à son responsable. Dès 1964, j’étais responsable du mouvement des jeunes du Bds (Bloc démocratique sénégalais, Ndlr). Cela fait maintenant 52 ans ; c’est plus qu’une vie. J’étais aussi chargé de mission par Senghor ; j’étais aussi secrétaire politique permanent du Bureau politique de son parti. Il m’a aussi confié la mission de créer en 1975 l’école des cadres du parti. Vous voyez quelle proximité intellectuelle, physique, morale et militante, j’avais avec Senghor.

Wal Fadjri : Etait-il autoritaire ?

Mbaye Jacques Diop : Senghor n’était pas autoritaire. Il était pédagogue dans son comportement, ses manières, dans son vécu de tous les jours. N’oublions pas que Senghor était un enseignant. En tant que tel, il aimait prodiguer des conseils. C’était un homme presque doux, mais aussi ferme.

Wal Fadjri : On dit souvent qu'il se considérait beaucoup plus poète qu'homme politique. Lorsque vous étiez à ses côtés, aviez-vous noté cette tendance ?

Mbaye Jacques Diop : J’ai connu Senghor lorsque j’étais jeune militant, adolescent même. Nous avons avancé pas à pas dans l’arène politique, l’adversité, dans le combat, dans l’assimilation de l’homme noir, dans le combat pour l’autonomie interne, dans le combat pour l’indépendance. J’ai côtoyé Senghor à un moment où rares étaient ceux qui étaient à ses côtés. J’ai côtoyé Senghor avec des hommes et des femmes qui pensaient qu'il était celui devait apporter à la fois l’indépendance et le développement au Sénégal. Quand, en 1958, il m’a fait l’honneur de me mettre dans la délégation de l’Ups qui devait aller à Cotonou, j’avais à peine 22 ans. C’était la première fois que je mettais les pieds dans l’avion. Alors, quand nous sommes allés à Cotonou, l’homme que j’ai vu se battre sur des idées et des idéaux qui embrassaient l’émancipation, l’avancement, le progrès de l’Afrique, c’est homme-là est un grand homme d’Etat. Certes, Senghor était un grammairien, un homme de lettres, un poète, mais il a été fondamentalement un homme d'Etat. C’est comme cela que je le perçois.

Wal Fadjri : Comment avez-vous vécu la crise de 1962 entre lui et le président Mamadou Dia ?

Mbaye Jacques Diop : Je l’ai vécu tristement parce que tous les deux étaient de grands hommes d’Etat qui se complètaient. Mamadou Dia - il est encore vivant, que Dieu nous le garde encore pour beaucoup d’années - est un patriote tout comme Senghor. Mais c’était Senghor qui était le patron, qui était le chef de nous tous. C’est lui qui avait créé le Bds, avait fait appel à Mamadou Dia qui était son second et un bon second. C’est pourquoi nous avons vécu ces évènements avec beaucoup de tristesse.

Wal Fadjri : Vous étiez de quel côté ?

Mbaye Jacques Diop : J’étais du côté de Senghor, du côté de mon chef, du côté du chef.

Wal Fadjri : En tant qu’ancien collaborateur du président Senghor, que voudriez-vous que la jeunesse sénégalaise retienne de l’œuvre à la fois politique et littéraire de l'homme ?

Mbaye Jacques Diop : Je dirai que Senghor nous a affranchi culturellement, mentalement, idéologiquement. Avant Senghor, le nègre était une insulte. Il faut rendre hommage à Senghor d’avoir fait du nègre un homme totalement libre et égal aux autres hommes. Revenant sur l’Afrique et le Sénégal, je dois dire que Senghor a tenté de construire l’unité africaine. Dès 1957, il a réclamé la fédération. Il a tenté de regrouper des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans une fédération. N’oubliez qu’on avait réussi à avoir quatre Etats : la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Soudan Français (le Mali), le Dahomey (Bénin) et le Sénégal. Quatre Etats qui devaient être un Etat fédéral. Malheureusement, cela ne s’est pas concrétisé. Finalement, c’est le Soudan et le Sénégal qui allaient donner la fédération du Mali. Donc Senghor a été un panafricaniste, un partisan de l’unité africaine, un chantre de la négritude, un homme d’Etat avisé et avéré. Un homme comme celui-là, il faut continuer à lui rendre hommage.

Wal Fadjri : On dit qu’il n’avait pas eu de bonnes relations avec Cheikh Anta Diop. Selon vous, qu’est-ce qu’il expliquait cela ?

Mbaye Jacques Diop : C’était une querelle d’intellectuels. Comme ce qu’on dira entre Jean-Paul Sartre et André Gide (…). N’oublions pas que la manière d’approcher les questions pour donner des solutions a souvent fait que des hommes se sont heurtés intellectuellement. Mais il y avait entre Senghor et Cheikh Anta Diop une grande amitié intellectuelle, même s'ils ne partageaient pas souvent la manière d’aborder certaines questions.

Wal Fadjri : Et ses relations avec le président Wade ?

Mbaye Jacques Diop : A l’époque, le président avait été d’abord à l’Ups. C’est parce qu’il a été brimé à Kébémer - on n'avait pas reconnu sa majorité - qu’il a quitté l’Ups et a commencé à réfléchir. C’est grâce à cette réflexion qu’il a approché le président Senghor en 1974 pour créer le Pds. C’était la première fois depuis longtemps que l’Afrique allait mettre fin au système de parti unique. Et c’est heureux qu’il y ait eu une telle complicité entre Senghor et Wade pour permettre que le Pds naisse et devienne un parti d’opposition. Je dois dire d’ailleurs qu’entre le président Wade et le président Senghor, il y a eu une grande complicité intellectuelle. La preuve, le président Wade a beaucoup d’amitié pour le président Senghor et ne manque d’occasion pour lui rendre hommage.

Wal Fadjri : Pourtant, on ne sent pas que les autorités se soient mobilisées pour rendre hommage à Senghor par comparaison à ce que fait la France…

Mbaye Jacques Diop : Le ministère de la Culture a fait quelque chose. Nous pouvons trouver, certes, que ce qu’il a fait est insuffisant, mais il a fait quelque chose. Je crois pouvoir dire qu’il n’est pas indifférent pour le président Wade que le centenaire de Senghor soit mieux fêté, qu’un hommage plus fort lui soit rendu.

Wal Fadjri : Vous avez dit tantôt que le président nous a laissé des institutions démocratiques solides. Aujourd’hui, une certaine opinion est d'avis que ces mêmes institutions sont en train de reculer. Qu’en pensez-vous ?

Mbaye Jacques Diop : Hampaté Bâ avait raison de dire qu’un vieillard qui meurt, est une bibliothèque qui brûle. J’ai la chance d’avoir été témoin et acteur depuis cinquante ans des évènements dans mon pays et en Afrique. J’ai eu à participer à la première fête d’indépendance du Ghana en 1957 ; j’ai été à Alger pour mettre en place le mouvement panafricain de la jeunesse. Bref, j’ai été témoin de beaucoup de faits majeurs. En ce concerne les institutions sénégalaises, nous nous honorons d’avoir un Etat fort. Fort non pas au-delà du droit, mais un Etat de droit. Ensuite une armée républicaine, une administration, une école républicaines et des institutions qui fonctionnent aussi. Autrement dit, un gouvernement qui gère les affaires du pays, un parlement qui légifère, une assemblée consultative comme la nôtre qui donne ses conseils, qui est une instance de veille, d’écoute et de proposition. Je ne vois pas en quoi ce qu’on avait en 1960, a connu un recul. Je crois pouvoir dire que nous avons avancé en matière d’élections. Les élections sont devenues aujourd’hui au Sénégal transparentes, démocratiques, incontestables. La preuve en 2000, les élections qui ont permis à Abdoulaye Wade d’être chef de l’Etat ont été considérées par tout le monde comme des élections transparentes. Alors, un tel pays, qui va aussi dans quelques mois à des élections, je ne vois en quoi on peut dire qu’il y a un recul institutionnel. Au contraire ! Je crois qu’il faut continuer à faire avancer le Sénégal dans la bonne voie de la démocratisation de nos institutions, dans la voie aussi de la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir le faire en un jour, mais le Sénégal aujourd’hui, grâce Wade et hier grâce au président Senghor, a pu le faire.

Wal Fadjri : Comment avez-vécu la crise qui a frappé la magistrature et qui a été jugée récemment par le Haut Conseil de la magistrature ?

Mbaye Jacques Diop : Je l’ai vécu comme tout le monde. Il faut déplorer cela. Mais encore une fois, ça ne met pas la tâche noire sur la magistrature sénégalaise. Dans tous les corps de métier, il y a toujours ce qu’on appelle communément des brebis galeuses. Mais il faut prendre en compte l’essentiel, le gros de la troupe. Les hommes et les femmes qui rendent la justice au Sénégal dans des conditions difficiles, le font par amour de leur métier, par sacerdoce, par conviction. Et à ceux-là, il faut rendre hommage. Maintenant, il y a eu là-bas (au Sénégal, Ndlr), comme ici en France et ailleurs aussi, des cas avérés de corruption dans la magistrature, qu’il faut mettre sur le compte du détail et non pas du fondamental.

Wal Fadjri : Comment avez-vous vécu la publication du ‘protocole de Rebeuss’. Cela vous a-t-il écœuré ?

Mbaye Jacques Diop : Il y a un grand romancier français, André Gide, que j’ai lu entièrement ou presque, qui a dit dans un de ses livres que ‘pour juger, il faut savoir’. Je ne sais pas ce que renferme le protocole de Rebeuss. Je ne sais même pas ce que cela veut dire ‘protocole de Rebeuss’. Je l’ai lu dans la presse comme vous. Ne sachant pas, je me garderai d’en parler.

Wal Fadjri : Comment analysez-vous cette actualité autour de la personne d’Idrissa Seck : son emprisonnement, puis sa libération et tout récemment le refus des autorités de lui délivrer au moins un passeport ordinaire ? Cette attitude des autorités ne donne-t-elle pas l’impression que l’on jette le discrédit sur les institutions et ne donne-t-elle du crédit à ceux pour qui le pouvoir voudrait l’empêcher d’être candidat aux élections ?

Mbaye Jacques Diop : Il y a l’adversité politique, mais qui ne doit jamais franchir un certain seuil. Le parcours que j’ai, me permet de dire qu’il faut toujours en politique savoir raison garder et qu’il y a des bornes qu’il ne faut jamais franchir. S’agissant du premier point de votre question, la justice sénégalaise est une justice majeure. Il y a des hommes et des femmes qui rendent la justice au Sénégal et qui le font en âme et conscience. Dès lors, en tant que citoyen justiciable, je ne dois pas émettre une opinion quelle qu’elle soit sur le fonctionnement de la justice, sur la manière dont nous sommes jugés. Donc je ne vais pas aborder ce volet avec vous. S’agissant maintenant de l’acte administratif consistant à dire qu’on n’a pas remis à Idrissa Seck son passeport, si cela est avéré, ce ne serait pas normal et il a le droit de s’en plaindre. Mais avez-vous interrogé le ministre de l’Intérieur pour savoir ce qui s’est passé ? Je crois qu’il y a une procédure qui suit son cours pour lui donner un passeport. En tant qu’ancien Premier ministre, il a droit à un passeport officiel. Donc s’il n’était pas trop pressé, on était sur le point de lui donner un passeport. Mais je crois qu’il a été trop pressé ou trop mal conseillé.

Wal Fadjri : Ne pensez-vous que s’il se présente aux élections, il pourrait faire mal au Pds comme Djibo Leïty Kâ et Moustapha Niasse l’ont fait au Ps ?

Mbaye Jacques Diop : Un départ est toujours amer. Je regrette des départs que nous avions eus au Ps et du mien même à l’époque. C’est pourquoi je ne jette la pierre à personne. Mais je considère que les querelles internes dans un parti ne sont pas nouvelles. Toutes les organisations politiques du monde ont connu ou connaissent encore des querelles intestines. C'est le cas du Ps et de l’Ump en France. Au Pds, avec Idrissa Seck, il faut le prendre comme cela. Il ne faut pas dramatiser les relations entre le président Abdoulaye Wade et Idrissa Seck. Le Sénégal a connu d’autres soubresauts, mais il est debout et le sera après les élections de février 2007 avec ses hommes, ses femmes et ses jeunes. C’est comme cela que je le vois. Je sais seulement qu’il faut raison garder. Après cinquante ans de vie militante, de parcours politique, et aujourd’hui avec les fonctions que j’occupe, grâce à la confiance du président Wade et à l’amitié qu’il me témoigne, mon rôle est celui de rassembleur. Mon rôle n’est pas de jeter la pierre à qui que soit. Aujourd’hui, j’ai un rôle de recours, de médiation, de conciliation, mais en étant loyal à celui qui m’a nommé, à savoir le président Wade. Mais pour autant, je suis un Sénégalais partageant le souci que la paix s’instaure toujours dans mon pays et que la sérénité prévale. La sérénité pour les élections qui vont venir et la sérénité après les élections pour que le Sénégal continue d’être envié et reste une exception en Afrique.

Wal Fadjri : N’avez-vous pas tenté de faire la médiation entre le président Wade et Idrissa Seck ?

Mbaye Jacques Diop : Pas encore (il se répète) ! Je ne l’ai pas tenté. Même si, en politique, on ne doit jamais dire jamais. Compte tenu de mon rôle, de mon âge, n’étant plus candidat à rien - je ne suis plus candidat à rien, ni député ni maire, ni ministre - du fait de cette position que j’ai, qui est une position de sérénité, de sagesse, une position de patriarche, de médiateur reconnu et accepté, je souhaite que la paix revienne entre ces hommes qui doivent se retrouver.

Wal Fadjri : Pensez-vous qu’il y ait des chances qu’ils se retrouvent ?

Mbaye Jacques Diop : Il y a toujours une possibilité. Dans un couple, homme et femme, même quand on va devant le juge pour divorcer, il y a toujours un moyen de revenir ensemble au foyer. Il ne faut jamais désespérer de la nature et de la beauté de l’homme. Il ne faut pas voir ses vices, mais sa beauté, telle que Dieu l’a créé à son image.

Wal Fadjri : Nous allons vers des élections. L’opposition estime qu’elle va les remporter. Le Pds que vous avez rejoint, a-t-il des chances de gagner ?

Mbaye Jacques Diop : J’ai beaucoup de respect pour tous les hommes politiques du Sénégal. Je sais ce que c’est que les élections et un parti politique. Après le victoire en 2000, j’ai créé un parti qui s’appelait le Ppc. En moins de neuf mois des élections 2001, mon parti, le Ppc, a été sixième parmi les 25 partis politiques qui ont compéti. C’est un record. (…). Les partis présents à l’aAsemblée nationale par ordre de suffrage sont la Coalition Sopi, le Ps, l’Afp, Aj, l'Urd, le Ppc, le Pls, Jëf jël, le Rnd et le Pit. Parmi ceux-là, il y en a qui crient très fort, mais que j’ai devancés de loin. Donc je sais ce que sont les élections. Ce n’est pas de la théorie, mais des chiffres réels. J’ai un fief électoral qui est Rufisque. Rien que Rufisque, j’ai eu 14 000 voix, là où le Pit sur l’ensemble du Sénégal a eu 10 500 voix, le Rnd 13 000 voix, le Jëf jël 15 000 voix. Sachons être modestes. Les Sénégalais savent qui est qui. Ils savent aussi à qui ils donnent leurs suffrages. Je considère que mon parti ayant fusionné avec le Pds rend plus fort encore le Pds. Je ne suis pas un Pds de souche. Je ne le suis pas encore aujourd’hui. Je suis un parti fusionnant avec mes idées, les hommes et les femmes qui m’ont accompagné. Dès lors, nous ferons tout pour qu’Abdoulaye Wade soit réélu démocratiquement par la voix des urnes. (…). Même si le Ps et l’Afp sont ensemble, l’Urd sera avec le Pds, jël sera de son côté, ainsi de suite. Il serait donc difficile qu’une opposition puisse nous battre avec ce que le président Wade a fait dans le sens de l’économie, des infrastructures et de faire participer les Sénégalais à la gestion du pouvoir, mais également avec les succès du gouvernement Macky Sall.

Wal Fadjri : Même au premier tour ?

Mbaye Jacques Diop : J’avais dit, en 2000, à mon parti, le Ps, de faire attention. Je lui avais dit que si nous ne changions pas, nous allions droit au mur. On ne m’a pas écouté. Et je l’ai quitté le 2 mars 2000, avant le deuxième tour, à un moment où c’était incertain, personne ne savait qui allait gagner, où même certaines personnes avaient pensé que Diouf allait être reconduit. Alors, de la même manière, aujourd’hui à deux mois des élections présidentielle et législatives, je crois pouvoir dire qu’avec un peu d’organisation, le Pds va gagner les élections.

Wal Fadjri : Malgré la crise qui frappe ses structures ?

Mbaye Jacques Diop : Le Pds est arrivé au pouvoir seulement depuis six ans. J’étais dans le Bds qui a mis longtemps pour accéder au pouvoir, qui a été obligé de batailler ferme, qui avait des structures pas comme celles qui nous avons au Pds. Encore une fois, c’est le président Wade qui va conduire les hommes et les femmes vers la victoire. Nul ne peut contester qu’Abdoulaye Wade est un homme charismatique. Il a aussi su associer les gens à la gestion du pouvoir. Ce n’est pas rien cela. Il a su aussi rester profondément africain. J’ai vécu avec Senghor, avec son successeur, je dis Abdoulaye Wade est le seul président à faire du ‘dialé diakhal’, (à traduire). Ce qui n’est pas rien dans notre culture et dans notre façon de vivre. C’est un chef d’Etat qui fait beaucoup pour que le Sénégal aille de l’avant. Que Dieu lui donne la santé et la vigueur nécessaires pour qu’il puisse continuer son œuvre qu’il a si bien commencée. C’est tout cela qui fera que les hommes et les femmes en majorité voteront pour lui.

Wal Fadjri : Et les crises sociales et énergétiques ne lui porteront-elles pas préjudice ?

Mbaye Jacques Diop : A toutes ces questions qui sont brûlantes, qui gênent en tant que pouvoir, il y a des réponses. Il y a de cela dix à vingt ans, on a connu d’autres crises, d’autres questions, mais chaque fois, il a fallu apporter des réponses. Pour la crise énergétique, on sait que le Sénégal n’a pas de pétrole. C’est normal que le Sénégal soit essoufflé dans l’achat de son pétrole. Et quoi d’autre ? Quelles sont les autres questions que le pouvoir ne peut pas régler ? Il n’y en a pas. Ensuite, la Senelec est obsolète, elle est vieille. Il faut d’autres installations. On y est. Je ne pense pas que les Sénégalais puissent sanctionner le pouvoir en place pour cette question-là.

Wal Fadjri : Vous venez de dire que vous n’êtes candidat à rien. Mais vous travaillez à ce que votre héritage soit perpétué. Cependant, à Rufisque, deux tendances souhaitent vous hériter. Comment concilier ces deux tendances ?

Mbaye Jacques Diop : Ces tendances qui sont des tendances de mes amis, se sont maintenant réconciliées. Ça mène justement à ce que nous venons dire : il y a toujours place pour la réconciliation, pour la conciliation, pour le consensus. Aujourd’hui, les Seydou Diouf, Birane Seck et autres travaillent ensemble. J’en suis heureux. Il y a quelques jours, je les ai encore réunis et tous sont ensemble pour réaffirmer la position dominante de l’ex-Ppc à Rufisque. Il ne faut pas oublier qu’avoir plus de dix mille voix dans une ville, cela compte. (…). Mes amis sont donc à Rufisque pour réélire Abdoulaye Wade, mais aussi pour qu’on leur donne la place qu’ils méritent.

Wal Fadjri : Votre retrait n’aura-t-il pas d’incidences négatives sur la mobilisation des militants ?

Mbaye Jacques Diop : Non, non ! Je continue toujours à aller voir mes amis. Je fais le tour des quartiers les samedi et dimanche. Je rends visite à ceux qui ont des décès et je leur apporte ma compassion. Bref, je continue à être un notable. Je ne suis plus un acteur politique, mais je continue à être un recours. On vient me voir comme je leur rends visite. J’agis. Je suis heureux de dire que Rufisque est ma ville natale où depuis 1964, je suis un conseiller municipal. C’est un long bail qui me lie à ces gens qui sont tous mes parents et mes amis. Je ne crois pas que mon retrait politique qui est une retrait de sagesse, ait de quelconques incidences négatives.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui bloque les négociations qui doivent aboutir à la paix en Casamance ?

Mbaye Jacques Diop : D’abord, je remercie le président Wade qui m’a fait confiance en me nommant président du comité de l’Etat du Sénégal pour les négociations en vue de la paix en Casamance. C’est une grande, immense et noble tache. Je lui renouvelle à la fois ma loyauté et ma fidélité, car il a su consacrer à la fois mon parcours et mes modestes qualités. Cela dit, le dossier casamançais est douloureux depuis 1982. Mais aujourd’hui, il est géré de manière talentueuse par Me Wade lui-même. De plus en plus, la paix revient en Casamance. De plus en plus, on note une grande volonté de tous les acteurs d’aller vers la paix. Et les politiques, les militaires, la société civile, les cadres casamançais veulent tous la paix en Casamance. Car la Casamance ne peut pas aller à reculons de l’histoire et le président fait beaucoup pour que la paix revienne en Casamance. Je crois pouvoir dire, sans aller au-delà de ce que peut être dit, que nous sommes sur la bonne voie grâce à son action personnelle. Le rôle qu’il m’a confié, viendra au bout du processus. C’est-à-dire le jour où les conditions seront réunies - je l’espère pour très bientôt - en ce moment-là, le comité de l’Etat du Sénégal que je préside en son nom et pour son compte, interviendra avec tous les autres acteurs de l’Etat dans ce dossier.

Wal Fadjri : Quels sont vos atouts dans ce dossier ?

Mbaye Jacques Diop : Je n’ai pas d’atouts. C’est le président Wade qui a des atouts. Mes atouts, c’est que je ne suis pas un jeune, mais un ancien. Je dois, par conséquent, être entouré de sagesse et faire en sorte que la sérénité m’habite.

Wal Fadjri : Par rapport aux bonnes volontés qui se manifestent dont la plupart seraient mues par l’argent, ne craignez-vous pas qu’on assiste à un éternel recommencement ?

Mbaye Jacques Diop : Une telle crise induit beaucoup d’acteurs de tout genre. L’essentiel pour nous, c’est qu’au bout du compte, la paix revienne véritablement en Casamance.

Wal Fadjri : L’abbé Diamacoune Senghor est malade et interné à l’hôpital Val-de-Grâce de Paris. Le représentant du Mfdc en France, Nkrumah Sané, soutient que Diamacoune ne rentrera pas au Sénégal. Comment appréhendez-vous cela ?

Mbaye Jacques Diop : Vous me permettrez de ne pas faire de commentaire sur cela parce que suis en France pour un but bien précis. Je ne commente pas les déclarations des uns et des autres. La position que j’occupe, me pousse à avoir de la sagesse et de la mesure. L’important est que tout ceux-là comprennent qu’il faut aller à la paix. J’ai rendu visite à Diamacoune à Dakar à l’hôpital Principal de Dakar quand il y avait été admis. Sûrement, je vais lui rendre visite ici avant de repartir au Sénégal.

Wal Fadjri : Une disparition de Diamacoune ne remettrait-elle pas en cause le processus de paix quand on sait qu'il est le principal fédérateur des différentes ailes dures du mouvement ?

Mbaye Jacques Diop : Je souhaite à Diamacoune beaucoup de santé, une prompte guérison et qu’il revienne en bonne santé au Sénégal pour que nous puissions continuer les négociations. Dieu seul sait qui va demain mourir et qui va rester (en vie). Je souhaite encore une bonne santé à Diamacoune parce qu’on a encore besoin de lui.



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