Entre Abdoulaye Wade et son ancien homme de confiance Macky Sall, le divorce semble être consommé. Si tous les deux n’ont pas officiellement brisé l’omerta, les actes posés par le Président de République sont mal accueillis par le camp de son ancien Premier ministre. Invité de l’émission “Les Grands débats du jour“ hier, dimanche sur la radio privée “Sen Info“ Me Alioune Badara Cissé, un fidèle lieutenant du maire de Fatick a franchi le Rubicon. Pour lui, “les éloges de Wade sur Macky n’étaient pas sincères“. Selon l’ancien secrétaire général du gouvernement, le seul pêché du président de l’Assemblée nationale est d’être “un containder très sérieux à un candidat (Karim Wade, Ndlr) qu’ils ont choisi et qu’ils veulent faire passer par la voie monarchique“.
Nous ne sommes pas encore dans une attaque frontale entre le président de la République, Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre, Macky Sall comme ce fut il y a guère longtemps dans qui était convenu d’appeler l’affaire Wade-Idy, mais déjà on affûte les armes dans les deux camps.
Wade a déclenché le rouleau compresseur pour “écarter“ le président de l’Assemblée nationale dans la course pour sa succession. Chasser de la Primature, déposséder de la poste de n°2 du Parti démocratique sénégalais, une proposition de loi réduisant le mandat du président de l’Assemblée nationale de cinq à un an, devrait incessamment parachever la mise à l’écart du maire de Fatick, ancien directeur de campagne de Wade et tête de liste de la Coalition Sopi aux élections législatives.
Seulement ce dernier ne s’avoue pas vaincu. N’ayant pas encore décidé de briser l’omerta, Macky Sall organise sa défense avec ses plus fidèles lieutenants. C’est un fidèle parmi les fidèles qui est monté au créneau pour fustiger les attaques contre celui qui a “su redonner les éléphants blancs de Wade leurs couleurs naturelles“ et dont le seul pêché est d’être selon Me Alioune Badara Cissé “un containder très sérieux à un candidat qu’ils ont choisi et qu’ils veulent faire passer par la voie monarchique“. “Un coup d’Etat qui ne prospéra pas“ martèle l’ancien secrétaire général du gouvernement invité hier, dimanche 18 novembre dans l’émission “Les Grands débats du jour“ sur la radio privée “Sen Info“. Toutes ses attaques contre Macky Sall démontrent selon lui que “les éloges de Wade sur Macky n’étaient pas sincères“.
Dans plusieurs sorties le président de la République a eu à tresser des lauriers à son ancien adjoint dont les derniers datent des funérailles de mère de l’ancien Premier ministre et maire de Fatick. Pour Me Alioune Badara Cissé, “Wade a été trompé dans son jugement. On est en train d’abuser d’une situation certainement relative à l’âge. On est en train de le déstabiliser lui-même en lui faisant croire à une chose qui est impossible. Il s’en rendra compte“.
Et d’ajouter : “Je l’ai suppléé mais il est resté sourd à mes appels. Il m’a dit qu’il n’arrêtera pas ce cirque, cette mascarade. Nous en prenons acte. Et nous attendons la confirmation qu’il veuille bien le liquider pour autant que cela ait la sanction divine“. Sur ce dira-t-il : “Macky n’a pas le droit de défaillir, de faillir ou de faiblir parce que les missions du Président de l’Assemblée nationale l’oblige à garder la tête froide. Il ne démissionnera jamais de l’hémicycle“.
Sur la question relative à projet loi devant réduire le mandat du président de l’Assemblée nationale de cinq à un an renouvelable, Me Alioune Badara Cissé n’y voit aucun inconvénient. Toutefois s’empresse-t-il de préciser : “ce qui serait a-normal c’est que la loi puisse être rétroactive. Le principe de droit est la rétroactivité“. Autrement dit, elle ne doit pas s’appliquer au mandat actuel de Macky Sall.
C’est pourquoi, a-t-il soutenu “qu’au-delà des querelles politiques, c’est une affaire d’Etat“. “J’appelle au mouvement citoyen pour le respect du principe de la séparation des pouvoirs. Le Sénégal traverse des heures graves. Gare au monstre de la déstabilisation !Gare à ce qui se passe dans la sous-région ! Il faut que les gens soient vigilants“ déclare-t-il.
Et selon lui “les gens se disent qu’il est temps que ce Hal Poular né dans le Sine puisse disparaître de la scène politique et retrouve son pantalon “bouffan“, ses “padam dia khen (chaussures de berger, Ndlr)“ et son troupeau“. Or, ajoute-t-il, “il n’y a aucune honte à cela ajoute“.
“Ce qu’ils ne savent pas c’est que ce garçon pétri de qualités, de valeurs républicaines qui l’obligent encore à garder le silence et à vivre dans sa dignité les attaques personnelles, sera toujours là. Macky est là. Il fait son travail. Il est zen. Il reçoit des attaques qui lui font sourires parce que venant souvent des personnes qui ont balayé sa salle d’audience pendant longtemps“ fait-il remarquer. “Sa détermination sera sans faille. Il ne fera pas dans la confrontation, mais il assumera sa responsabilité de parlementaire jusqu’au bout“. Pour le responsable libéral de Saint louis, “l’élégance aurait voulu qu’en voulant reprendre les responsabilités qu’il lui avait confiées, de lui dire : “Macky, je suis en train de restructurer, je veux reprendre les choses en main, je veux niveler à un certain niveau. Et par conséquent, les responsabilités du n°2, je les reprends“. C’est très simple et le débat est clos“.
Sur la question pourquoi Macky Sall a boudé la réunion du comité directeur, Me Alioune Badara Cissé a répondu. “Je ne pense pas qu’il ait boudé. Quand l’information lui a été donnée par le Président de la République qu’il n’était pas à l’origine de ces pétitions, de ces tours de Fédérations qui faisaient des déclarations saugrenues, et qu’il lui appartenait d’en tirer les conséquences, le Président de l’Assemblée nationale, a demandé de se retirer pour mener sa réflexion“ soutient-il. Avant de s’interroger : “Qu’est ce qu’il va faire en comité directeur où déjà il y avait quelques individus qui ne se sont pas gênés d’être des thuriféraires. Il n’avait aucune place dans ce comité directeur“.
Sur la restructuration où Macky Sall est chargé des anciens, Me dira que “dans l’armée, il y a des galons qui donnent autorité. Macky a acquis ses galons sur le terrain du combat sur le champ d’honneur. On ne peut le lui contester. Dans l’armée, il y a aussi l’ancienneté qui donne droit à référence et à déférence. On lui confie les anciens“. Pour lui, le mot “ancien“ renferme beaucoup de choses comme “l’ancien Premier ministre, l’ancien président de l’Assemblée nationale“.
Puis, il change de disque : “le n°2 a posé des problèmes depuis les temps immémoriaux. Il est temps de regarder du côté du n°1. Qu’est ce qui dans le fonctionnement du n°1 pose problème pour encombrer le n°2 qui pour la plupart est appelé à le seconder“.
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