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Politique

Me OUSMANE SEYE, COORDONNATEUR DE L’ALLIANCE BLEUE : « L’opposition refuse d’aller aux prochaines élections »

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Me OUSMANE SEYE, COORDONNATEUR DE L’ALLIANCE BLEUE : « L’opposition refuse d’aller aux prochaines élections »

Après avoir mis sur pied un mouvement de soutien, Sentinelle bleue, qui a donné naissance par la suite à l’Alliance bleue, réclamant ouvertement son affiliation au Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Ousmane Sèye travaille activement pour la promotion de la candidature de Me Wade en 2012. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il tranche le débat sur la candidature de son mentor, loue son bilan, invite l’opposition à la retenue par rapport à ses appels à la violence.

« Je rappelle que je milite dans le Parti démocratique sénégalais (Pds) depuis les élections locales. Et depuis le 31 juillet 2010, j’ai décidé, avec des amis dont la plupart n’ont jamais fait de politique, étant simplement des citoyens qui voulaient avoir un cadre d’expression beaucoup plus libre, plus indépendant, de créer Sentinelle bleue. Nous l’avons créée le 31 juillet 2010. L’objectif principal est de réconcilier le citoyen avec la politique. Je peux dire que je suis le premier citoyen sénégalais aujourd’hui à avoir créé un mouvement citoyen, et à revendiquer la politique et à dire que pour la présidentielle de 2012, nous avons un candidat qui est le président de la République, Maître Abdoulaye Wade.

Après, j’ai entendu d’autres citoyens sénégalais créer des mouvements et dire la même chose que moi, mais j’ai théorisé la réconciliation du citoyen et de la politique. Nous avons estimé que si la politique est faite pour répondre aux attentes du citoyen, il est indispensable et normal que le citoyen revendique des droits politiques, participe à la gestion de la cité, bien entendu au sens large.

Nous voulions simplement décomplexer certains citoyens qui avaient peur de descendre sur le terrain politique et de revendiquer leur appartenance politique. Aujourd’hui, je vois que beaucoup le font et c’est ce que je recherchais. Il y avait une forte adhésion à ce mouvement et j’ai estimé qu’il fallait créer un cadre plus large. C’est ainsi que, le 17 septembre 2010, nous avons mis sur pied un cadre de coordination que l’on a appelé Alliance bleu, qui regroupe aujourd’hui une cinquantaine de mouvements citoyens et de soutien. Le but est le même : réconcilier le citoyen avec la politique, ériger en dogme l’intégrité morale, la compétence technique et l’engagement citoyen et politique en normes pour avoir des responsabilités politiques dans notre pays. L’objectif principal et à court terme, d’ici à 2012, est de faire réélire Abdoulaye Wade que nous considérons comme le meilleur des candidats pressentis. Il a un bilan important et facile à défendre. C’est un de nos traits communs ».

La candidature de Me Wade sera défendue par les avocats et non des constitutionnalistes

« D’abord, il n’y a pas de crise au Sénégal, ni politique, ni économique, ni sociale. Sur la candidature du président de la République, jusqu’à présent, je n’ai pas entendu des arguments qui battent en brèche ceux que j’ai défendus. Ces arguments sont conformes à la lettre et à la forme de la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001. J’ai même entendu certains dire que c’est un débat qui est réservé à des experts constitutionnalistes, mais ceux qui en ont parlé ne sont pas simplement des constitutionnalistes parce qu’ils appartiennent aussi à des partis politiques. Ce débat est inutile parce que tout simplement réglé par la Constitution. Ceux qui contestent aujourd’hui la recevabilité de la candidature de Me Wade espèrent mettre sur pied un pool d’avocats pour se défendre. Je crois que c’est un débat qui interpelle les avocats parce que ce sont eux qui, en dernier ressort, vont défendre leurs positions devant le Conseil constitutionnel. Donc aucune voix n’est plus autorisée aujourd’hui que la voix des avocats pour en parler et j’en fais partie.

Je crois que c’est faute d’arguments, et je l’ai démontré, que l’opposition veut se confronter à Abdoulaye Wade sans se confronter avec lui sur le terrain politique et éviter ainsi l’arbitrage des électeurs. Les acteurs politiques doivent être départagés par les électeurs. Depuis que le président Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir avec la coalition Sopi, le programme de lutte proposé par l’opposition est un programme de combat sans confrontation politique, sans l’arbitrage des électeurs. L’opposition a commencé à mettre sur pied un mouvement mort-né appelé Initiative pour le départ d’Abdoulaye Wade (Idewa). Donc ce départ a été proposé pour appeler au soulèvement populaire pour faire partir Abdoulaye Wade, donc sans élections. Le peuple a été sourd à cet appel, comme d’habitude.

Les lois constitutionnelles ne sont pas rétroactives

Ensuite l’opposition a estimé que Me Wade n’avait plus les capacités pour diriger ce pays et avait promis d’aller consulter le Conseil constitutionnel pour faire constater cette incapacité du président de la République, sans élections, sans arbitrage, en employant aussi la violence verbale. A ce moment, j’avais même élevé la voix en disant que ce serait en tout cas une pratique condamnée par l’article 80 du Code pénal parce qu’il s’agissait là d’une tentative de démoraliser la population sénégalaise. Heureusement, pour l’opposition, parce que cette initiative n’a pas connu un début d’exécution ».

« Bien qu’Abdoulaye Wade ait déclaré sa candidature longtemps, subitement, on s’est réveillé, en avançant à pas masqués pour dire que la candidature du président de la République n’est pas recevable parce qu’il a droit à deux mandats. C’est une simple lecture de la Constitution du 22 janvier 2001 et de celle de 1963 modifiée sur la base de laquelle Me Abdoulaye Wade a été élu pour un mandat de sept ans illimité. Le peuple a adopté la nouvelle Constitution avec son article 27 qui disait que dorénavant le mandat du président de la République est de deux mandats et la durée de chacun des mandats est de 5 ans.

Il y avait donc un conflit entre la nouvelle et l’ancienne Constitution qu’il fallait régler. Sachant parfaitement que les lois constitutionnelles ne sont pas rétroactives, c’est ainsi qu’on a adopté le fameux article 104 de la Constitution qui dit que le président de la République en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme. Mais toutes les autres dispositions de la Constitution lui sont applicables. Qu’est-ce que cela veut dire ? En faisant un débat avec un constitutionnaliste, j’ai eu la surprise de constater que ce dernier se posait la question mais qu’est-ce que c’est qu’un mandat ? J’ai répondu que c’est le pouvoir de représentation donné par quelqu’un à quelqu’un. Et le mandat présidentiel, c’est le pouvoir de représentation du peuple sénégalais donné à quelqu’un, en l’occurrence le président de la République pour le représenter.

Maintenant, le mandat peut avoir une durée. Il y a deux notions différentes que sont le mandat et sa durée. L’article 104 de la nouvelle Constitution ne règle pas la durée du mandat comme le pensent certains constitutionnalistes. S’ils le pensent, ils ont tort parce que nulle part dans la rédaction de l’article 27 comme de l’article 104, le constituant ne parle de durée de mandat ; il parle de mandat. Il dit que le mandat du président de la République obtenu sous la Constitution de 1963 modifiée, ce mandat là, le nouveau constituant ne peut pas y toucher. C’est le peuple sénégalais qui a décidé souverainement que le président de la République est élu pour une durée de sept ans illimitée. Il ne peut pas y toucher car s’il y touche, il porte atteinte à la souveraineté populaire.

C’est pourquoi le constituant dit que le président élu poursuit son mandat jusqu’à son terme, et c’est là où il y a la notion de durée ; pour qu’il n’y ait pas d’équivoque entre le nouveau mandat voté par le peuple qui est de 5 ans et l’ancien mandat qui est de 7 ans. Il poursuit son mandat de 7 ans jusqu’à son terme, c’est la précision du constituant pour dire que personne ne peut toucher au mandat du président de la République et à sa durée. Çà règle à la fois et le mandat et sa durée. A l’exception du mandat et de sa durée, toutes les autres dispositions lui sont applicables ».

Certains scandales sont à condamner

« Cette tentative de remettre en cause la candidature du président de la République rentre dans la stratégie de l’opposition antidémocratique de vouloir se substituer au pouvoir du président de la République sans une confrontation politique, sans élections. Je fais appelle, là aussi, à l’opposition dont depuis quelque temps, certains de ses leaders emploient un langage violent qui consiste à appeler les populations au soulèvement populaire. D’ailleurs, politiquement parlant, l’opposition sait que les populations ne la suivent pas.

Sinon elles auraient envahi le Palais depuis longtemps. Tout le monde vaque à ses occupations. Et on attend la date des élections pour se prononcer. Je sais que les populations dans leur majorité vont se prononcer en faveur de Me Abdoulaye Wade qui a fait un bilan très facile à défendre. Malgré certains scandales que je condamne, parce qu’être avec quelqu’un ne signifie pas applaudir tout ce qui ce fait même quand ça ne va pas. Il y a des choses qui ne sont pas du tout bonnes dans la gestion de ce pays, dans la manière même de former le gouvernement, de par la qualité des hommes qui, aujourd’hui, nous gouvernent, etc. Mais pour l’essentiel, le président et son équipe ont commis un excellent travail. Nous soutenons son bilan, nous soutenons son travail parce que nous savons qu’il fait mieux que les autres. Ce n’est même pas la même chose ».

« L’opposition est conséquente dans sa stratégie de combattre sans confrontation politique ; de vouloir gagner des élections sans l’arbitrage des électeurs en ne faisant que de l’intoxication. Quel que soit le président de la République qui sera là, c’est le peuple sénégalais qui l’aura choisi. Quand on parle de succession monarchique, cela veut dire qu’on a modifié la Constitution pour permettre au président de choisir un successeur sans passer par les urnes ou sans passer par la voie démocratique. Aucun acte n’est posé dans la Constitution en ce sens. Maintenant, tous les présidents dans le monde entier, quand ils sont au pouvoir, quand ils pensent à quitter le pouvoir, ils pensent à un successeur et c’est normal et humain. D’ailleurs, le président de la République n’a jamais dit que telle personne va me succéder. Si on parle de son fils, il n’a jamais dit que Karim Wade va me succéder, mais il a même le droit que son fils ou un autre lui succède. C’est un souhait. Il peut même, dans son parti, organiser sa succession. Ce n’est pas interdit de dire que je porte mon choix sur telle personne ; fut-elle son fils, pour lui succéder. En faisant ce choix, cette personne va se soumettre obligatoirement à la sanction populaire que constituent les élections. Si le peuple l’accepte, il le valide ; si le peuple ne le veut pas, il le rejette. Je crois que c’est un non débat.

Succession monarchique : de l’intoxication

Chacun a le droit de dire ce qu’il souhaite, même le père de famille. Si c’est dans le cadre d’un Etat, d’un parti, on ne peut reprocher à un chef de parti ou bien à un président de la République de souhaiter que quelqu’un de ses collaborateurs lui succède. Même si c’est son fils. Le fait d’être le fils du président de la République ne doit pas être un handicap. C’est même de l’anti-démocratie que de dire parce que vous êtes le fils de telle personne, vous n’avez pas le droit de postuler à tel poste. C’est contraire à notre Constitution qui dit que pour prétendre à l’élection présidentielle, il faut être Sénégalais, jouir de tous ces droits civiques et politiques, être âgé de plus de 35 ans, verser sa caution, être investi par un parti politique. C’est tout. Si vous êtes un candidat indépendant vous recueillez un certain nombre de signatures. Le fils du président de la République a le droit de se présenter, mais c’est le peuple qui va décider ».

Il n’y aura pas de candidat unique de l’opposition

« Moi j’étais membre de l’Onel, j’ai audité plus de trois fois l’actuel fichier électoral. C’est le fichier qui a servi à la présidentielle de 2007 et aux locales de 2009, qui a permis à l’opposition de gagner ces élections dans l’essentiel des collectivités locales. C’est une revendication peut-être fantaisiste de l’opposition pour permettre aux experts de l’Union européenne de venir auditer ce fichier. Moi, quand j’étais à l’Onel, je me rappelle, il y avait une élection présidentielle aux Etats-Unis, ils sont restés plus de deux mois sans proclamer les résultats, je m’étais même proposé en tant membre de l’Onel du Sénégal de les aider.

Il n’y aura pas de candidat unique de l’opposition. Nous ne sommes pas encore dans la situation où il y a une unité d’action, de vues, de l’opposition qui débouche sur une candidature unique. Bennoo, c’est un ensemble de partis politiques qui ont déjà géré le pays. Ils sont ensemble, mais ont des comptes à régler au niveau interne. Le Ps, l’Afp et les autres partis satellites ont tous exercé le pouvoir, ils ont participé à des élections, en tant qu’adversaires politiques et se retrouvent aujourd’hui parce qu’ils ne sont pas au pouvoir ; moi je crois qu’il y a une hétérogénéité de partis qui ne peuvent pas faire l’unité, encore moins l’unité autour d’un candidat.

Ce que je reproche d’ailleurs à l’opposition, quelque ministre que ce soit d’Abdoulaye Wade, quelque militant important d’Abdoulaye Wade qui sortirait du Pds, l’opposition lui fait la cour, en faisant de lui un leader sans pour autant lui demander des comptes. En politique, il faut rendre compte. On ne peut pas appartenir à un parti ou à un gouvernement, exécuter la politique de ce gouvernement pendant des années et, pour des problèmes personnels ou je ne sais quoi, ou ayant perdu son poste, on verse dans la critique facile sans rendre compte.

Ça me permet de revenir sur mes reproches au président de la République. Je lui disais que le gouvernement de la République du Sénégal ne peut pas être composé que des militants du Pds, parce que d’abord lui n’est pas élu par le Pds seulement. Il a été élu par une coalition, par le peuple.

Il faut qu’il pense à cette coalition. Il y a des citoyens qui n’appartiennent pas à cette coalition et qui sont extrêmement nombreux parce que les citoyens qui ne sont pas dans les partis politiques sont plus nombreux que les militants des partis politiques. Donc, dans la formation du gouvernement, il faut aussi penser à ces gens là. Le Sénégal nous appartient à nous tous et vous ne pouvez pas en tant que président former un gouvernement constitué que par des militants de votre parti. Et çà se ressent au niveau de l’exécution de la politique gouvernementale. Ça favorise aussi l’impunité.

Le fait d’appartenir à un parti politique ne veut pas dire que vous avez une base politique ou une légitimité. Il y a des gens qui n’appartiennent pas au parti au pouvoir et qui ont beaucoup plus de légitimité ou de base que des militants de parti. Le critère pour appartenir à un parti politique n’est pas le même critère pour appartenir à un gouvernement. Cela étant dit, vous perdez votre poste, vous allez rejoindre l’opposition et elle vous accueille à bras ouverts. Donc qu’est-ce qu’on reproche à Wade ou à son gouvernement ?

Il y a des gens qui ont cheminé avec Wade pendant 10 ans, 8 ans et puis ils ne sont plus avec lui. Pendant cette période, vous avez forcément partagé l’actif et le passif de ce gouvernement. Abdoulaye Wade a un pouvoir discrétionnaire, il peut nommer qui il veut au poste de ministre. Les gens qui partent sont même parfois cités en exemple comme étant de grands patriotes parce qu’ils ont quitté le gouvernement. Vous formulez des critiques à l’encontre du régime. Ce n’est pas sérieux ! Il faut que les gens réfléchissent, qu’ils ouvrent les yeux et refusent qu’on les trompe. Ce n’est pas sérieux et c’est une insulte au peuple sénégalais ».

Pour le respect du calendrier républicain

« Non, je suis pour le respect du calendrier républicain. Il faut respecter le rendez-vous de 2012. Il faut aller aux élections et le peuple va juger. S’il est satisfait du candidat, il l’élit, s’il n’est pas satisfait il élit un autre. C’est toujours le Sénégal qui gagne. Ce n’est pas la peine de faire des calculs politiciens. J’ai par compte demandé le couplage des élections présidentielles et législatives par souci économique simplement. S’il y avait un écart d’un mois seulement entre la présidentielle et les législatives, je n’aurai jamais préconisé le couplage.

Le Sénégal n’a pas besoin de gaspiller tant d’argent pour organiser deux grandes élections en l’espace de trois mois. Le Sénégal a toujours couplé les élections. C’est à partir de 1993 qu’on a découplé les élections parce que le Ps qui critique d’ailleurs les modifications de la Constitution et qui a tellement modifié la Constitution, je rappelle qu’à la veille des élections de 2000, le Ps a fait sauter le quart bloquant, il a augmenté le nombre de députés à l’Assemblée nationale pour pouvoir avoir une clientèle politique, est quand même mal venu pour donner des leçons sur les modifications à l’actuel pouvoir. C’est le Ps qui avait aussi modifié la Constitution en 1997 à 7 ans. Il y avait une durée entre les élections législatives et la présidentielle ».



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