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Politique

Me WADE, MACKY SALL ET IDRISSA SECK : Entre les mots, le langage des signaux forts

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Me WADE, MACKY SALL ET IDRISSA SECK : Entre les mots, le langage des signaux forts

D’une part, il y a les dispositions de la loi sur les fonds politiques et, d’autre part, la faute éthique commise par un ancien Premier ministre qui avoue s’être servi. Information capitale pour le contribuable. Au détour d’une lutte à trois (Me Wade, Macky et lui) par signaux forts interposés, la langue d’Idrissa Seck, anti-modèle de loyauté et de modestie selon ses adversaires, a une nouvelle fois fourché. Mais il n’y a pas que ça !

Sa langue avait fourché une première fois. « Je détiens des enregistrements… », avait affirmé l’adorateur du chiffre 1 au mois de juillet 2005. Cette affirmation, ajoutée au poids des 46 milliards des chantiers de Thiès, lui avait valu un ticket pour la Brigade des affaires générales (Bag), zone de transit vers Rebeuss. Le migrateur vers la station présidentielle, contre mauvaise fortune cette fois, avait évoqué le destin de Mandela, du prophète Youssouf et de… Me Wade ! Il a pris son mal en patience dans son fameux « raccourci » vers le pouvoir. Il en est ressorti pour une déclaration de candidatures, un séjour parisien et encore des déclarations préconçues, portées par des gadgets électroniques ou carrément un face-à-face avec la presse. Et dimanche dernier, au micro de la Rfm, sa langue a fourché à nouveau : « Les seules ressources que mon passage au pouvoir a mises à ma disposition et qui renforcent mes moyens d’intervention politique et sociale sont les fonds politiques que le président lui-même m’a discrétionnairement alloués ». La question ne se limite pas au renforcement de ses moyens d’intervention politique et sociale, encore moins à une exégèse des textes qui régissent la redistribution de ces fonds politiques. Il y a plutôt une question éthique que beaucoup d’analystes semblent occulter : en parlant, il reconnaît explicitement s’être servi. Le reste est une dissertation entre voler et se servir. Là réside la faute morale. Et, surtout, Idrissa Seck a avancé le fameux rendez-vous qu’il avait donné aux Sénégalais au cours de sa conférence de presse du 14 juillet 2005 : « Si vous voulez connaître ma fortune, vous attendrez ma déclaration de patrimoine lors de ma candidature à la présidentielle ! ». Les auditeurs ont plutôt assisté à une déclaration de l’origine du patrimoine. La tentative d’installer la psychose avec l’évocation de ces fonds politiques est ratée. L’image policée d’un Idrissa Seck, adepte des versets du Coran, en a pris un coup auprès de nombre de ses partisans. Ses adversaires politiques ont eu le beau rôle de considérer que le soleil de l’origine licite déclarée de sa fortune s’est éteint bien avant les milliards d’années annoncés.

Surenchères et culte du concret

Cette lapidation symbolique de l’image de l’ancien numéro deux dans le parti et l’État cache une lutte par signaux forts interposés entre Me Abdoulaye Wade, Macky Sall et Idrissa Seck. Me Wade a été le premier à tirer son nouvel adversaire de son silence, à travers sa métaphore de l’enfant envoyé par le père et qui ne rend pas la monnaie. Prononcé en wolof, ce reproche paternel de juillet 2005 s’adressait aux référents culturels des Sénégalais attachés aux valeurs de loyauté et de fidélité. Toutes valeurs que le chef de l’État prête à son actuel Premier ministre, Macky Sall. L’émergence de ce dernier comme leader loyal et ayant la confiance de son chef est un obstacle placé sur la route du maire de Thiès. Actionnaire principal autoproclamé du Parti démocratique sénégalais (Pds) même au plus fort du processus de la rupture, naguère numéro un du numéro un, l’ancien Premier ministre ne peut être un clone réussi de son successeur. Et inversement. Au cours du Congrès extraordinaire, le Secrétaire général national du Pds et chef de l’État a dit publiquement avoir fait confiance à quelqu’un qui ne croyait pas en ses projets. En wolof, Me Wade a ajouté ceci, s’adressant à la fois à la culture et à la foi de l’assistance : « Dieu m’a donné Macky Sall… » Et en un mois, ce Macky Sall est monté au créneau à deux reprises. D’abord pour prononcer l’interdiction d’un parti politique portant le nom de « Rewmi », ensuite pour opposer à la vague de surenchères politiciennes le concret des réalisations de son patron, le président de la République. La plateau de la télévision nationale a servi de cadre au bilan, sans une seule fois le nom de son prédécesseur. Si l’absent le plus présent a été… présent, ce sera au détour de l’éloge de la loyauté : « Je compare l’action gouvernementale à un orchestre. Si le chef d’orchestre y croit, ce sera possible. En tout cas, moi je crois en la vision de l’homme Abdoulaye Wade ». Macky Sall se présente comme un Premier ministre « volontariste, humain, humaniste » et humble à travers une revendication de ses origines sociales lorsqu’il évoque le sort des paysans desquels il est proche.

Les armes d’une bataille psychologique

De telles valeurs sont à l’opposé de la réputation d’arrogance collant à un Idrissa Seck qui, convoitant le fauteuil présidentiel, se déclare uniquement mu par la station de numéro 1, etc. Réponse du maire de Thiès à l’émission Grand Jury : « L’idée d’un Idrissa Seck arrogant et cassant est une pure caricature. Le musulman que j’aspire à être connaît l’importance de l’humilité. Ma fréquentation des Psaumes m’a également enseigné que « le Seigneur invite à être humble, afin que l’homme tiré de la terre cesse d’inspirer l’effroi » (Psaume 10, verset 18). » Puis, plus loin, il confesse que le pouvoir n’est pas le lieu de la faiblesse : « Mais humilité ne veut pas dire légèreté, encore moins vulgarité. Nul ne peut revendiquer une position de pouvoir et ne pas adopter une posture qui impose le respect. »

Outre ses discours à vocation destructrice très prononcée, l’ancien Premier ministre a tenté d’éprouver le palais à travers une guerre des nerfs. Essayant de faire du président Wade son alter ego, il entreprend aussi de doubler l’opposition classique et de minorer les effets de l’émergence de Macky Sall (sur Rfi, M. Seck a dit avoir ri de l’interdiction annoncée de « Rewmi »). Le débauchage d’Insa Sangharé, leader du Front pour le Progrès et la Justice (Fpj) qui a déposé armes et bagages aux pieds du maire de Thiès avant de lui remettre son récépissé, entre dans le cadre d’une bataille psychologique. L’objectif est de démonter que le palais n’est pas aussi verrouillé qu’on le proclame et que le système d’alliances du Pds n’est pas si étanche que cela. De même, le ralliement de députés et ceux « prévus » de ministres entre dans le cadre de l’installation d’un sentiment de déconfiture organique et de crise de confiance politique.

Dans un autre registre, la vente déclarée de cartes par un parti politique dénommé « Rewmi » est une provocation politique doublée d’une précaution juridique. Du grand bruit est organisé pour 2000 unités écoulées. « Seule la justice pourra m’interdire de déclarer mon parti sous le nom de Rewmi… », a estimé M. Seck. Il renchérit, dans une manipulation de la dérision : « J’appellerais alors mon parti And Sopi Rewmi, And Sope Rewmi, And Defar Rewmi ou tout simplement Bathie… » Histoire de dire : tant pis, un joli coup de pub a été fait à « Rewmi » et à défaut d’être le nom de baptême d’une formation politique, il peut devenir un cri de ralliement ! En attendant, Me Wade, son ancien mentor qui a reconnu lui avoir remis les clefs du Pds sous le coup d’une confiance sans bornes (L’Express du 10 novembre 2005), n’accepte pas de lui remettre celles du palais. Il envisage de faire du chemin avec Macky Sall, qui incarne encore le contraire des griefs libéraux à Idrissa Seck.



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