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Politique

MINERVE - Les vices au Palais, la dignité à Rebeuss

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MINERVE - Les vices au Palais, la dignité à Rebeuss

L’histoire et ses dérisions. La politique et ses déraisons. Hier, le Palais Léopold Sédar Senghor et ses vices. La prison de Rebeuss et ses vertus. Quelle ironie ! Renversant ! Le Palais, normalement symbole sacré et sacralisé des valeurs républicaines, hier, lieu des injures faites à nos intelligences. Scène burlesque et nauséeuse de combines et de complots laissés aux yeux, aux oreilles et aux langues de la postérité. La République au fond. Au tréfonds du vice. Non, pas vraiment du Machiavel en live. Car, Jean-Jacques Rousseau parlant du Prince de Nicolas, le florentin, disait : «En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples.» Or, quelles leçons Wade, Idy et Fada ont donné, hier, au peuple sénégalais ? De bien petites que l’on s’autorise l’audace d’appeler de la realpolitik !

A quel Sénégalais fera-t-on ingurgiter maintenant que les discussions entre Me Wade d’une part et ses fils Idrissa Seck et Modou Diagne Fada d’autre part, concernaient l’avenir du Sénégal ? Qui pour gober et digérer les insipides arguties des déserteurs obligés de la maison du père, arguties habillées de la couverture froide des retrouvailles dans un poulailler libéral bruissant des cocoricos en plein midi des reniements ? Désormais, Djibo Kâ et Ousmane Ngom ne seront plus solitaires sur le chemin de la tortuosité.

Que dire aussi des faucons de Wade, la crosse en l’air, armés de vacarmes hier, devenus subitement muets comme des carpes aujourd’hui ? Sous l’effet somnifère de la surprenante greffe politico-électorale made in Wade qui «uppercute» ces peintres des injures faciles, aujourd’hui sacrifiés sur l’autel de la pseudo ruse «Wadienne». Silence des bretteurs qui ont rangé leur rébellion contre Idy et Fada, comme une armée défaite par son propre capitaine. On a entendu, hier, les hoquets outrés des jeunes de la Pépinière des cadres libéraux demandant à leur n°2 Macky Sall de démissionner, si Idrissa Seck retourne au Pds. Cris d’orfraie !

Rebuffade de fayots en panique. Ils savent bien pourtant qu’avaler des boas reste toujours et encore une spécialité de nos hommes politiques. Ce n’est pas demain que les échines courbées sous les fouets des humiliations répétées se relèveront pour rompre leurs chaînes visibles et invisibles à l’œil nu.

Heureusement. Fort heureusement. Pendant qu’au Palais, se jouait ce film qui a soulevé l’indignation, paradoxalement, à la prison de Rebeuss, sortait une voix pour indiquer la voie de la dignité. D’une sublime splendeur comme pour dire qu’il ne faut point désespérer du Sénégal et des Sénégalais. Pour dire, à nos consciences traumatisées, que l’on ne trouve la dignité dans aucun rayon d’un marché ou d’un supermarché. Cette vérité-là est venue de la bouche de l’entrepreneur Bara Tall qui -oh étonnante coïncidence !- bénéficiait d’une ordonnance de non-lieu, après 72 jours passés à l’univers carcéral de Rebeuss. Bara Tall a barré en quelques mots un matin sombre, d’une épaisseur d’encre du Palais. «Je n’ai pas perdu le moral en prison (…) J’ai été libéré dès le premier jour de mon entrée en prison.» Des mots simples qui résonnent comme un chant magnifiant les valeurs de justice et de dignité que les murs d’une prison ne peuvent jamais enfermer.

Cependant, «il est aussi des circonstances où se taire est mentir», pour dévaliser Miguel de Unamuno, ci-devant Recteur à l’Université de Salamanca.

En cette circonstance, ne pas mentir, c’est aussi interroger courageusement le rapport des Sénégalais avec la morale et l’éthique. Il est trop facile et réducteur de pointer l’index accusateur sur les hommes politiques, sans retourner le pouce vers les Sénégalais eux-mêmes. Qu’ont fait ces Sénégalais, quand la Constitution subissait des violations répétées et abusives ? Quand Idrissa Seck, pour des règlements de comptes politiques purger sept mois en prison ? Quand la loi Ezzan tentait de gommer de nos mémoires le meurtre de Me Babacar Sèye ? Quand les Ics croulaient pour mettre en péril l’existence de milliers de travailleurs ? Quand ça manquait de gaz dans un pays où chacun se souciait plus de s’en sortir solitairement ?

Rien. Ah, si : pousser simplement des cris outrés. Rien de plus. La vérité est que lorsqu’un peuple se complait dans pareilles postures, les hommes politiques cherchent des raccourcis pour faire leur destin politique, en sortant leurs calculettes électorales. Pour leurs seuls et exclusifs intérêts. Il ne faut point se voiler la face et faire dans un angélisme sans frais. Il y a des plaies qu’un peuple soigne lui-même, pour ne pas qu’elle «s’infecte jusqu’à la gangrène».



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