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Politique

Modou Dia candidat indépendant «J’ai eu zéro voix dans le bureau où nous avons voté, ma femme, moi et mes deux amis…»

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Modou Dia candidat indépendant «J’ai eu zéro voix dans le bureau où nous avons voté, ma femme, moi et mes deux amis…»

Modou DiaLanterne rouge de cette présidentielle avec un pourcentage d’environ 0,13% des suffrages, le candidat Modou Dia explique ici les raisons de cette déroute des concurrents de Wade, mais ne s’en fait pas outre mesure. Nullement paralysé par son mauvais score, il se retrousse plutôt les manches et envisage l’avenir avec beaucoup d’ambition pour son peuple. Entretien.

M. Dia, pensez-vous comme certains que les résultats ont été un plébiscite pour le candidat Wade ?

Moi, je ne peux pas tellement dire cela, ce sont des résultats qui ont surpris. J’ai voté au centre Aldo Gentina avec ma femme et deux amis dans le bureau numéro 2, où bizarrement on me crédite d’un zéro. C’est sûrement dû au fait que nous n’avions pas assez de représentants dans les bureaux. Il y a eu quelques dysfonctionnements que nous pouvons regretter. Maintenant, nous nous inclinons devant le verdict des urnes, devant la proclamation définitive des résultats et la volonté populaire

Quelle explication donnez-vous à la déroute des concurrents de Wade ?

Nous avons battu campagne sur la base d’un programme avec des thématiques destinées à des cibles que nous avons segmentées. Selon les régions, nous nous sommes adressés aux populations en essayant de convaincre, de donner le message qu’il fallait, avec un discours novateur, basé sur un programme. Mais il s’est trouvé qu’il y a la problématique de l’argent et du discours politicien. Puisque dans les pays en voie de développement, le problème qui se pose généralement est celui de la nourriture, les dépenses quotidiennes etc. Donc il est plus facile d’acheter les consciences, ce qui n’est pas le cas dans les pays développés que nous connaissons bien pour y avoir travaillé et étudié. Nous comprenons que c’est un phénomène lié à des conditions sociales des populations cibles auxquelles nous nous adressons.

Vous semblez dire que les consciences ont été achetées ?

Non, je dis que devant cette situation, l’explication c’est tout simplement que les gens ne vont pas vers ceux qui ont des programmes, mais vers ceux qui ont des moyens. Parlant de moyens maintenant, on peut dire que c’est ce qui attire à la place des programmes. Et cela est inhérent et récurrent à la démocratie et à son apprentissage dans les pays en développement. Nous avons les textes, l’armature est là, mais en fait les règles ne sont pas totalement respectées.

À part cet argument, est-ce qu’il y a une autre explication selon vous ?

Oui, l’autre explication est la formation du militant. Les partis politiques n’ont pas tellement bien formé leurs militants. Ici, le discours qu’on a l’habitude de tenir, ce n’est pas un discours de programme, ce sont généralement des slogans qu’on sert (Sopi, jallarbi etc, ce qu’on a connu dans le passé), mais en fait, il ne s’agit pas de slogans qui portent sur le développement. Les candidats indépendants ont parlé plutôt de «Sellal, Dollel Sénégal, Tekki etc», donc des problèmes de développement économique et social. Les partis politiques ont un autre discours qui n’est pas actuellement adapté à notre époque mais qui, quand même parfois, est accepté par les populations. C’est la question des moyens d’influence qui revient. Mais nous, nous nous inscrivons dans la durée, nous nous disons que c’est un message que nous avons délivré et nous n’allons pas désemparer. Devant cette situation, il faudra aller plus en avant, essayer d’expliquer. C’est la première fois qu’il y a en même temps cinq candidats indépendants, il y en a eu un à l’époque avec l’avocat Me Lô, puis en 2000 avec Mademba Sock. Il y a donc une floraison de candidatures indépendantes qui tendent à venir expliquer, à faire un éveil de conscience.

Comment lisez-vous cette irruption massive de candidatures indépendantes dans l’arène politique au Sénégal ?

C’est un phénomène nouveau. Puisque tout simplement l’opposition n’a pas joué le jeu. Ce qui s’est passé, c’est que l’opposition n‘a pas été très vigilante, c’est pourquoi les candidatures indépendantes se sont réveillées et nous nous sommes dit qu’il faudra venir se positionner, lancer notre message, pour que les populations, pour une fois, comprennent. Je crois que si on annule les scores des cinq candidats, on pourra dire que pour une première, nous, nous avons fait irruption sur la scène politique et nous comptons y rester. Même si nous devons créer un parti politique, ce sera un parti new-look, c’est-à-dire un parti qui ne parle que de programmes et qui essaie de former ses militants.

Comment entendez-vous effectuer cette formation de militants, par la création d’une école du parti avec des séances de cours idéologiques particuliers ou quoi ?

La formation du militant, c’est tout, il y a les universités d’été, l’école du parti, la formation au vote, parce qu’il y a des personnes jusqu’à présent qui ne savent pas voter. Ensuite, nous avons d’autres propositions à faire pour éviter l’achat des consciences, aller vers ce que l’on appelle les bulletins uniques, comme ce qui se passe dans certains pays africains. Cela consiste à cocher sur un bulletin unique l’un des candidats, avec cette méthode on ne sort pas avec des bulletins. On a d’autres propositions à faire en temps voulu, même si nous devons aller encore aux échéances, nous comptons rester sur la scène politique, parce qu’on n’arrêtera pas en si bon chemin et laisser le peuple entre les mains des partis.

Est-ce qu’en formant carrément un parti politique, vous ne risquez pas de tomber dans les travers de l’activisme politicien ou vous comptez rester seulement dans un cadre citoyen ?

Nous sommes en train de réfléchir là-dessus, ce qui est sûr, ce sera un parti new look, différent de ce qu’on voit. On ne mettra pas en avant l’argent mais les programmes. On fera comprendre aux gens ces programmes, là où nous voulons aller, mais pas tout simplement sur la base de slogans, de tee-shirts. On essaiera de diversifier le message avec les gens, même ceux qui ne sont pas instruits, on le fera dans les langues nationales.

Vous-vous classez dans quelle obédience idéologique ?

Moi, je suis libéral mais pas ultra-libéral. Un libéralisme humain. Là, il faut que l’Etat s’implique, parce que nous vivons dans un monde de globalisation où les Etats s’impliquent dans la compétitivité et accompagnent les entreprises pour acquérir l’investissement direct étranger, pour promouvoir ses exportations. Nous vivons véritablement dans un monde féroce, de compétition, donc nous nous situons car nous voulons éviter le marasme économique.

Avez-vous un dernier message à l’endroit du peuple ?

Je voudrais tout simplement remercier tous les Sénégalais, tous mes militants et sympathisants qui ont bien voulu m’accorder leurs suffrages et leur confiance. Je leur dis que nous avons un long compagnonnage à faire, nous avons fait irruption sur la scène politique et nous comptons y rester, parce que nous avons un message à délivrer aux Sénégalais, nous avons un programme auquel nous croyons. Nous comptons créer la richesse dans ce pays et la distribuer de façon convenable, pour pouvoir venir à bout de la demande sociale, de la pauvreté.

Êtes-vous partant pour les législatives ?

Je ne peux pas le dire pour l’instant, je viens d’une campagne et je compte prendre du recul.


 



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