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Politique

Mort d’Adama Traoré : deux versions qui divisent avant une nouvelle expertise médicale

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Mort d’Adama Traoré : deux versions qui divisent avant une nouvelle expertise médicale
Devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris, la famille d’Adama Traoré a demandé ce jeudi une reconstitution complète de la poursuite et de l’arrestation du jeune homme, avant une nouvelle expertise médicale au printemps.

Une hyperthermie consécutive à un effort physique intense par forte chaleur ou une asphyxie engendrée par la technique d’interpellation mise en œuvre?? Plus de trois ans après la mort d’Adama Traoré, les causes de son décès divisent les médecins et des thèses contradictoires s’affrontent.

Le 19 juillet 2016, le jeune homme de 24 ans était décédé dans la caserne des gendarmes de Persan, près de 2 heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) au terme d’une course-poursuite, après avoir échappé à une première interpellation. Adama Traoré avait été interpellé lors d’une opération qui visait son frère Bagui, suspecté d’extorsion de fonds. Trois gendarmes ayant procédé à l’arrestation ont été placés sous le statut intermédiaire de témoin assisté et depuis, la défense et la famille se livrent une bataille judiciaire mais aussi médicale.


Annulation

Le dernier volet en date a eu lieu jeudi devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. La famille d’Adama Traoré y réclamait la reconstitution complète de la séquence ayant conduit à son décès, refusée par les juges d’instruction. Elle souhaitait également l’annulation de pièces de la procédure, dont l’expertise médicale synthèse rendue en septembre 2018. La décision a été mise en délibéré au 27 février.

Dans ses réquisitions, le parquet général recommande de ne pas annuler ces pièces. En revanche, il se déclare favorable à une reconstitution partielle en présence d’un médecin légiste, depuis la seconde interpellation d’Adama Traoré chez un particulier où il s’était réfugié jusqu’à sa conduite à la gendarmerie où il est décédé. C’est chez ce particulier, sur un canapé, qu’Adama Traoré « a pris le poids de nos corps à tous les trois », avait détaillé un des gendarmes lors d’un interrogatoire, suscitant des interrogations sur la méthode employée.

« Il est incompréhensible que les juges d’instruction censés rechercher la vérité s’opposent à la reconstitution alors que tant les gendarmes chargés de l’enquête que le parquet général y sont favorables. C’est la première fois que je vois un parquet qui œuvre plus que des juges d’instruction pour la manifestation de la vérité sur des violences illégitimes des forces de l’ordre », a commenté Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré.

Reconstitution

Du côté des gendarmes, la reconstitution « n’a aucun intérêt si la future expertise (médicale) confirme la piste de l’hyperthermie », estime l’avocat de deux d’entre eux, Me Rodolphe Bosselut. « En revanche, si une reconstitution doit intervenir, il faut qu’elle soit complète pour examiner les faits dans leur globalité depuis la première fuite d’Adama Traoré jusqu’à son interpellation et son décès ultérieur au sein de la brigade de Persan », ajoute-t-il.

Pour étayer sa thèse concernant l’hyperthermie, la défense se réfère notamment à la température d’Adama Traoré deux heures après son décès, à 39,2°C un jour de canicule, et sur le témoignage du témoin chez qui il s’est réfugié, le décrivant comme « essoufflé » quand il l’a trouvé assis contre sa porte, menotté. « La seule chose qu’il me dit, c’est:  »tire-moi". Je ne l’ai jamais vu dans un état pareil. Il n’arrivait pas à parler. Il respirait bruyamment", a raconté ce témoin aux enquêteurs le 1er août 2016, quelques jours après les événements.

La défense s’appuie en outre sur les conclusions de l’expertise de synthèse. Selon ces experts, le pronostic vital du jeune homme était « engagé de façon irréversible » avant son arrestation et c’est une maladie génétique, la drépanocytose, associée à une pathologie rare, la sarcoïdose, qui a entraîné une asphyxie à l’occasion d’un épisode de stress et d’effort.

Mais dans une autre expertise, réalisée à l’initiative de la famille du défunt, les médecins, dont un spécialiste de la drépanocytose, ont balayé les conclusions de leurs confrères. Ils ont au contraire attribué la mort à « un syndrome asphyxique aiguë ». Ils invitaient aussi à « se poser la question de l’asphyxie positionnelle ou mécanique », tendant vers une mise en cause de la technique d’interpellation des gendarmes. Depuis, les juges d’instruction ont ordonné une nouvelle expertise, attendue pour le printemps.     


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