Moustapha Fall « Ché », ancien membre de la Coalition « Jamm Ji » : «Des Sénégalais m’ont dit qu’ils ne vont plus voter pour la coalition «Jamm Ji»»

Membre actif de la Coalition Populaire pour l’Alternative (Cpa) depuis sa création, le secrétaire général de l’Action Patriotique de Libération «Dog Buumu Gacce» et, par ailleurs, membre du G 10, Moustapha Fall «Ché» avait intégré, au lendemain de la dislocation de la Cpa, le camp des militants de la candidature plurielle composé de Abdoulaye Bathily de la Ld/Mpt, de Ousmane Tanor Dieng du Ps et du G 10. Mais, voilà que ses «amis» viennent de lui jouer un sale tour en «oubliant» d’inscrire les partis qui composent le G 10 sur la liste de la coalition «Jamm Ji». Une trahison qui semble être restée au travers de la gorge du leader politique. Nous l’avons rencontré pour faire le point avec lui et en savoir un peu plus sur l’attitude qu’il compte adopter lors des échéances électorales de 2 007.

Le Messager : Vous venez de quitter la coalition «Jamm Ji». Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Moustapha Fall : Nous avons été tout simplement floués par nos anciens camarades. Je m’en suis rendu compte à quelques minutes de la clôture du dépôt des listes de députés pour les législatives. En réalité, je me doutais déjà qu’il se tramait quelque chose contre nous. C’est ainsi que j’ai décidé de vérifier, au niveau du ministère de l’Intérieur, si nous, membres du G 10, figurions effectivement sur la liste «Jamm Ji». Et là, mes soupçons se sont confirmés. En effet, je me suis rendu compte qu’aucun des cinq partis qui composent le G 10 ne figurait sur la liste. Seuls trois partis étaient pris en charge dans cette liste à savoir le Parti Socialiste, la Ld/Mpt et le Bloc des Centristes Gaïndé (Bcg ) de Jean Paul Dias. Pour ce qui est du parti «Rewmi» de M. Idrissa Seck, on avait déjà décidé de ne pas l’inscrire sur la liste dans la mesure où cette formation n’est pas reconnue sur le plan juridique.
Il faudrait aussi souligner qu’on a découvert, au même moment, que nos anciens camarades organisaient des réunions en catimini. Pire encore, le Ps et la Ld/Mpt ont accepté d’accueillir Idrissa Seck comme membre de la coalition « Jamm Ji » sans nous consulter. Bref, nos anciens alliés faisaient preuve d’un autoritarisme extraordinaire à notre endroit. Et c’est lorsqu’on a découvert qu’on ne figurait pas sur la liste «Jamm Ji» qu’on a compris le pourquoi de cette attitude.

Est-ce à dire que c’est l’arrivée de Idy qui vous a été fatale ?

Je sais que l’empressement d’aller avec Idy y est pour quelque chose. Tanor et Bathily croient que Idrissa Seck est le sésame. Mais, le réveil sera brutal au lendemain des élections. Ce qu’ils nous ont fait va leur coûter très cher. Les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. La preuve, beaucoup de nos compatriotes nous ont appelé pour nous dire qu’ils ne voteront plus pour la liste « Jamm Ji ». C’est dire donc que, contrairement à ce que semblent croire nos anciens alliés, l’arrivée de Idy leur fera plus de mal que de bien.

Aujourd’hui, quel est l’avenir politique de Moustapha Fall «Ché» ?

L’avenir de Moustapha Fall «Ché» reste le même. Je suis un révolutionnaire et j’entends continuer la lutte. Je ne m’étais pas engagé en politique pour des sinécures, pour des postes ministériels ou autres. Je me suis engagé en politique pour contribuer au bien-être de mon peuple. Aussi, je continue résolument ma marche. Tant que le peuple sénégalais sera dans des difficultés, on me verra sur le champ politique. Le révolutionnaire que je suis se consumera dans cette tâche ininterrompue qui ne se termine qu’avec la mort.

Peut-on donc s’attendre à vous voir battre campagne lors des prochaines législatives ?

Je ne vais pas croiser les bras. Je vais réunir le G 10 après la tabaski et on verra ce qu’on va faire. Pour le moment, je ne peux pas dire de quel côté je serais. Mais, une chose est sûre, c’est que je vais marquer cette campagne de mon empreinte. Je compte m’investir pleinement dans les prochaines échéances électorales pour que le peuple ne se retrouve pas entre les mains de traîtres.

En parlant de traîtres, à qui faites-vous allusions ?

Le moment venu, je les désignerai et je les combattrai. Pour le moment, je ne peux pas m’engager dans des déclarations pour la bonne et simple raison que je n’ai pas encore rencontré mes camarades du G 10. Mais, je voudrai juste dire que je sais me défendre et rendre des coups quand on m’en donne.

Avez-vous identifié, dans le landerneau politique, un leader à qui vous pourriez, éventuellement, apporter votre soutien aux prochaines élections ?

Pour moi, le soutien est une question de principe. Nous avons jusque là milité pour une candidature multiple. J’ai eu à théoriser le principe de la triangulaire des candidats de la Cpa à la présidentielle de 2 007. Ce qui fait qu’on ne peut pas soutenir n’importe qui. On est obligé d’aller jusqu’au bout de notre logique. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous allons réfléchir sur la question et voir quelle position adopter face à la nouvelle donne. Pour le moment, on est en train de panser notre blessure.

Lors d’une intervention sur une radio de la place, vous aviez eu à dire que la coalition « Jamm Ji» était celle qui sera victorieuse. Etes-vous toujours de cet avis ?

Quand je soutenais cette thèse, cette coalition n’était composée que du Ps, de la Ld/Mpt et du G 10. C’était encore une coalition saine, composée de gens qui ont été sanctionnés par le peuple et qui ont fait leur mea culpa et de gens combatifs qui n’ont aucun complexe par rapport au peuple sénégalais. C’est le cas des membres du G 10. Moi, par exemple, je n’ai jamais rien eu de la politique. Personnellement, je me suffisais de cette coalition. Si cela ne tenait qu’à moi, on allait se limiter à ces trois entités. Maintenant, à partir du moment où le G 10 a reçu un coup de canif, je ne peux plus dire que la coalition «Jamm Ji» est la Coalition gagnante. Cela, d’autant plus que, comme je vous l’ai déjà dit, beaucoup de Sénégalais m’ont contacté pour me signifier qu’ils ne vont plus voter pour cette liste.

La liste «Alternative 2 007» a été déposée sous le nom de l’Afp. Certains y voient un piège que Moustapha Niasse aurait tendu à ses camarades. Quel commentaire en faites-vous ?

Personnellement, ce n’est pas encore mon sentiment. Pour moi, jusqu’à preuve du contraire, Niasse est une personne honnête. Cependant, j’ai appris une chose, c’est que dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. Aussi, je juge les gens au jour le jour.

Peut-on s’attendre à voir Moustapha Fall «Ché» soutenir Me Wade ?

C’est moi qui ai élu Wade. A chaque fois qu’il a été arrêté, moi aussi je l’ai été à Kaolack. J’ai financé les activités de son parti à Kaolack. J’ai tout donné à Wade. J’ai tout fait pour qu’il vienne au pouvoir. Il n’a jamais été mon ennemi. Au contraire, c’est un homme que j’estime beaucoup... En fait, ce sont ses méthodes de gestion qui ne me conviennent pas. Pour en revenir à votre question, je vous dirai qu’il ne faut jamais dire jamais en politique. Autrement dit, je ne peux pas présager de ce que demain sera fait.