MOUSTAPHA NIASSE À NIORO : « Les jeunes en ont ras-le-bol ! »

C’est un Moustapha Niasse très en verve qui s’est adressé hier à une foule nombreuse de partisans surexcités et surchauffés par les échauffourées de la mi-journée. Il a décliné son programme agricole, éducatif, social et en a profité pour prédire la fin du régime issu de l’Alternance du 19 mars 2000.

(ENVOYÉ SPÉCIAL) - « 60 % du capital de la Sonacos seront remis aux paysans et les 40 % resteront entre les mains des banquiers parce que ce sont eux qui disposent des finances. L’État n’a rien à voir dedans. » C’est en ces termes que le candidat de la Coalition Alternative 2007, Moustapha Niasse, s’est adressé hier au nombreux public venu assister à son meeting à Nioro. Dans son programme agricole, le paysan qui produit l’arachide, le mil, le maïs, le manioc, sera maître de la filière et jouera un rôle très important dans la détermination des prix. « Celui qui veut tuer la filière arachidière, partira », a-t-il prédit. Requinqué par la présence remarquable des jeunes et des femmes, il a estimé qu’il est un signe d’espoir pour l’avenir du Sénégal et traduit l’adhésion de la jeunesse du Sénégal à la dynamique du changement qui doit intervenir le 25 février 2007. « Dans la mobilisation de la jeunesse, il y a un signe divin. Les jeunes du Sénégal ont attendu sept ans pour voir si les changements promis allaient survenir. Ils n’ont rien vu ». Devant ce constat, poursuit-il, elle a décidé de dire non. Une jeunesse qu’il a qualifiée de « jeunesse du ras-le-bol, de la détermination et de la volonté du changement. « C’est la jeunesse qui a dit non au Barça ou Barsakh (partir ou mourir) ».

Abordant la question de l’éducation, il a affirmé qu’un pays qui néglige ce secteur veut la faillite de l’État. « S’ils (Abdoulaye Wade et son gouvernement) partent au soir du 25 février, nous allons régler ce problème immédiatement », martèle M. Niasse. « Les élèves sont en grève la moitié de l’année. Il faut 34 semaines sur les 52 pour suivre un cours normal de formation dans le courant d’une année universitaire et scolaire. Or, si ces étudiants et élèves ont seulement 15 à 18 semaines, cela arrange Wade parce qu’il ne veut pas, demain, qu’il y ait des élites qui puissent analyser l’histoire, le cursus, le processus de la dégradation de l’État qu’il a organisés et tenus entre ses mains pendant sept ans », dit-il.

L’immigration a été aussi abordée par Niasse qui a promis de régler définitivement ce problème. La Coalition Alternative 2007 a une solution.

« Nous allons demander à l’Espagne, l’Italie, à la Grèce, au Portugal, à la France, à l’Angleterre, à l’Allemagne, le nombre de Sénégalais dont ils ont besoin pour une période de 6 à 7 mois comme le font les pays d’Afrique du Nord. Et après expression de leurs besoins, la répartition se fera entre les onze régions avec des contrats légalement signés, avec le montant de leur salaire, leurs conditions de vie, leur protection morale et sociale. Quand ils reviendront au bout de 6 à 7 mois avec 10 à 15 millions de francs Cfa, il n’y aura pas d’impôts sur cet argent », assure-t-il.

L’urbanisme a été aussi évoqué par le leader de l’Afp. Et dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire qu’il compte mettre en œuvre, Niasse annonce un fonds pour aider les villes comme Nioro, Kédougou, Kaolack, Touba, Tivaouane, Médina Gounass, Yoff Layène… L’État, révèle-t-il, a un budget de 1500 milliards en plus des 300 milliards de la Coopération internationale, 300 milliards des transferts des Sénégalais de l’extérieur et 300 milliards directs. « Si tous ces fonds sont mis à la disposition d’hommes intègres, compétents, qui ne sont pas affamés, le pays sera mieux gouverné, au profit des populations », a-t-il conclu.

Scènes de violence à Nioro

La violence a fait irruption dans le jeu politique, hier à Nioro. Le climat électoral jusqu’ici calme a été émaillé de scènes de violence, le tout alimenté par des rumeurs de vendetta de part et d’autre, plongeant la commune dans un climat électrique. Tout serait parti de frictions qui ont eu lieu, au niveau de la station d’essence de la ville, entre les partisans de Baïdy Souleymane Ndiaye, directeur du Pcrpe, et ceux de la Coalition Alternative 2007. C’était vers 11 heures. À la suite de ces accrochages, les partisans de M. Ndiaye, selon les témoignages, sont allés saccager les installations du camp adverse, à savoir les bâches, tentes et chaises. La porte du domicile du député de l’Alliance des forces de progrès (Afp), Abdoulaye Bâ, a même été défoncée. À notre arrivée sur les lieux, des pierres jonchaient encore la route et la cour de la maison. « La Bms (police) est venue me voir et a constaté les faits », dit-il. M. Bâ déplore toutefois la lenteur avec laquelle les forces de l’ordre ont réagi. Alertées dès le début des échauffourées, elles ne sont intervenues que tardivement. C’est alors que ses partisans, pris au dépourvu dans un premier temps, ont organisé la riposte par des descentes dans les domiciles de certains responsables ou membres du Parti démocratique sénégalais (Pds). Et il y a eu des casses et des blessures légères dans les deux camps. Une personne serait grièvement blessée.

Outré par ce qui s’est passé, le député nous a confié avoir déposé une plainte. Il faut que « force reste à la loi », martèle-t-il, même si Baïdy Souleymane Ndiaye l’a contacté pour un retour au calme. Selon lui, il serait très facile que cette affaire soit classée sans suite. Quant à Moustapha Niasse, il déclare que la Coalition Alternative 2007 ne répondra pas à la violence par la violence, mais si une personne vous gifle sur la joue droite, giflez-la dix fois sur la même joue et vingt fois sur la joue gauche. Un de ses partisans, en l’occurrence, Adama Dème, affirme que cette violence est une culture au Pds. Et il en veut pour preuve ce qui s’était récemment passé à Diourbel. Il n’a pas eu de mots tendres à l’endroit du candidat Abdoulaye Wade qu’il a traité de tous les noms d’oiseaux.