Le président Macky Sall s'est engagé à observer une rupture dans la gouvernance avec la promotion de la vertu, du mérite, la lutte contre l'impunité, la corruption, le gaspillage des ressources et le vol à col blanc. Une volonté qui s'est traduite par l'exhumation de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, le traitement judiciaire d'audits classés depuis 2008 dans les tiroirs et la création de nouvelles structures comme, l'Office national anti-corruption (Ofnac) et la Commission de restitution des biens et de recouvrement des avoirs mal-acquis. Va-t-on assister à une rupture dans la façon du pouvoir politique de fonctionner avec les organisations syndicales? Une question qui mérite d'être posée, au regard des rapports que Senghor, Diouf et Wade ont tous entretenus avec les syndicats, quand ils étaient aux affaires.
La stratégie du premier Président du Sénégal, Senghor, c'était tout simplement de réduire la capacité des syndicats et de les mettre dans sa poche. Tout ce qui pouvait l'aider à atteindre son objectif de «domestication des syndicats», Senghor n'hésitait pas à le faire. Sa principale préoccupation, c'était de regrouper les syndicats autour d'une centrale syndicale, régie par la doctrine de la participation responsable et affiliée au parti dominant. S'affilier au parti au pouvoir et collaborer avec lui, était l'attitude attendue de Senghor des syndicats. Une manière de fonctionner qui faisait les affaires du régime de Senghor qui avait, ainsi, une mainmise sur l'unique centrale syndicale, tenaillée entre le devoir de coopération et la défense des intérêts de ses membres. Une option qui a été continuée par son successeur, Abdou Diouf. Les organisations syndicales étaient ainsi organisées en deux, celles qui se reconnaissaient dans la participation responsable et qui étaient sous la bannière de la Cnts et celles qui prônaient l'indépendance et la liberté et qui étaient victimes de toutes sortes de misères et d'ostracisme. Le refus des syndicats à accepter cette façon de faire, les amenait à fragiliser le front social et mener la vie dure au régime d'Abdou Diouf avec des grèves cycliques, jusqu'à sa perte du pouvoir. Ayant promis de supprimer la participation responsable, Me Wade l'a effectivement fait disparaître, une fois au pouvoir en 2000, comme elle était appliquée sous les précédents régimes, pour la recréer sous une autre forme. Il va favoriser l'éclatement de la Cnts et parrainer l'aile dissidente dirigée par Cheikh Diop et ses amis. Ce qui va donner la Cnts/fc. Une scission qui va se faire, mais à feu et à sang, avec l'incendie de la Bourse du travail et mort d'homme. Une scission tragique de la Cnts qui sera le point de départ de la naissance en cascades des syndicats Fc, avec les dissidences qui vont être constatées dans beaucoup de secteurs. Leur dénominateur commun étant, leur proximité avec le régime libéral. C'est le cas de la Confédération démocratique des travailleurs du Sénégal (Cdts) et de l’Alliance démocratique des enseignants du Sénégal, dirigés tous deux par le député libéral Ibra Diouf Niokhobaye, le syndicat national des enseignants de l'élémentaire du Sénégal /force du changement (Sneel/fc) dirigé en son temps par Bakhao Diongue et leader de la tendance de la Cnts/Fc contestant Cheikh Diop. Elle est député libérale et épouse de l'ancien ministre Mame Birame Diouf. Il y a le syndicat démocratique des enseignants libres du Sénégal (Sydels) de Pape Mamadou Kane et la Confédération démocratique des syndicats libres (Cdsl) de Ibrahima Sarr.
S'il n'y a pas encore de syndicats ou de centrales à la solde de Macky Sall, il existe des organisations qui ont en leurs têtes des responsables membres de l'Apr. C'est le cas de Youssou Touré, Secrétaire général de la Confédération des forces sociales (Cfs), investi sur la liste «Benno Bokk Yakaar», Amath Suzanne Kamara, Secrétaire général du syndicat des enseignants du préscolaire de l'élémentaire (Sepe). Ces organisations, resteront-elles libres et équidistantes du pouvoir ? Pour combien de temps le seront-elles? Résisteront-elles aux crises de positionnements par rapport au nouveau régime ? Macky ne s'en appuiera t- il pas pour se constituer une base syndicale à sa merci? L'avenir et les prochains réchauffements du mouvement social quand l'état de grâce sera révolu nous édifieront.
CHEIKH DIOP (CNTS/FC), MAMADOU DIOUF (CSA), YOUSSOU TOURE (CFS) ET MODY GUIRO (CNTS) : Pour le bannissement de ces manières de faire
Des organisations syndicales, qui flirtent avec le pouvoir politique, qui se comportent comme si leur mission était plus de défendre le régime que le pouvoir d'achat des travailleurs, des leaders syndicaux ne veulent plus en voir. Ce à quoi ils exhorte Macky Sall, c'est plutôt d'instaurer des relations qui renforcent l'indépendance et la liberté des syndicats. C'est le cas de Cheikh Diop, Secrétaire général de la confédération nationale des travailleurs du Sénégal force du changement, (Cnts/Fc). «Ces genres de situations doivent cesser», lui dont la centrale entretenait des rapports privilégiés avec le régime libéral jusqu'à la veille de la présidentielle de 2012, qui l'a vu mise en marge au profit de sa rivale, Bakhao Diongue. Pour lui, «l’Etat doit normalement traiter toutes les organisations syndicales sur le même pied ». Mieux indique Cheikh Diop, le Président Macky Sall a l’avantage de «trouver les élections de représentativité qui placent 4 centrales en tête, et avec ces 4 centrales, il a l’obligation de discuter du dialogue social». Du côté de Mamadou Diouf, Secrétaire général de la confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa), il appelle à une collaboration franche. «En 2000, nous étions la seule centrale qui a appelé à voter pour Wade. Et cette fois-ci nous sommes la seule centrale qui a appelé à voter pour Macky Sall», assume-t-il, non sans préciser clairement : «cela ne signifie pas que nous nous situons dans une logique de participation responsable». Mamadou Diouf de marteler : «ce que nous voulons, c’est une collaboration franche. De pouvoir dire la vérité et de pouvoir porter la voix du travailleur auprès du gouvernement. Et quand le gouvernement fait une bonne chose, on approuve, quand il fait une chose qui n’est pas bonne pour les travailleurs on le combat». Ce qui ne peut se faire que, selon lui, dans «un partenariat critique dans le respect mutuel et surtout dans le respect des engagements». Tout en étant membre du parti du président de la République (Apr), Youssou Touré patron de la coordination des forces sociales (Cfs) et investi sur la liste Benno Bokk Yakaar pour les législatives d'emboucher la même trompette que ses camarades secrétaires généraux. Il invite ainsi les autorités, «à développer avec les centrales des rapports de vérité et de transparence». «Je vais vous donner des exemples. Il y a eu des centrales syndicales que le président de la République a financé pour dédommager un soi-disant siège. Aucun siège n’appartient à aucune centrale syndicale. C’est de la discrimination », dénonce-t-il. De l'avis de M. Touré, «les centrales syndicales, leur représentativité leur sert à faire chanter le pouvoir, alors qu’on doit faire peser cette représentativité au bénéfice exclusif des travailleurs». Et selon lui, «ces genres de rapports doivent cesser. Il faut qu’il y ait une autre forme de gouvernance dans ce pays». Secrétaire général de la centrale la plus représentative du pays, Secrétaire général de la confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mody Guiro affirme que son organisation a décidé «d’être libre, démocratique, indépendante et autonome», non sans concéder aux autres, la liberté de fonctionner comme bon leur semble. Il précise en tout cas que, les organisations syndicales doivent tout faire pour n'être ni à la solde des pouvoirs publics, ni d'aucune autre organisation. «Vous avez un mandat qui vous est donné par les travailleurs, par votre organisation, vous avez des revendications sur lesquelles vous discutez, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas de manipulations aussi bien du côté de l’Etat, des employeurs et même d’autres groupes de pression», martèle-t-il.
8 Commentaires
Dia
En Juin, 2012 (19:11 PM)Afriq
En Juin, 2012 (19:27 PM)Bira
En Juin, 2012 (20:00 PM)Senegal Plus Fort
En Juin, 2012 (20:09 PM)Vous aimez écrire et vous voulez que les choses bougent , rejoignez-nous sur senegalplusfort .com !
Robert Fall
En Juin, 2012 (21:23 PM)Sow-poulo
En Juin, 2012 (21:23 PM)El Hadji Mansour Ndir Cnts/fc
En Juin, 2012 (22:03 PM)Je tiens aussi à rappeler que c’est ce même Gora Khouma qui lors de la campagne présidentielle avait demandé aux chauffeurs de ne pas voter pour Macky SALL. Il disait je cite «Pas de vote pour Macky : tolérance zéro aux chauffeurs. C’est pourquoi j’ai demandé à tous les chauffeurs de ne pas voter pour Macky SALL»
Pour ma part, nous El Hadji Mansour NDIR Secrétaire général chargé des revendications au niveau National du Syndicat du Transport Routier affilié CNTS/FC Nous ne sommes pas une marchandise à vendre au premier venu.
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Lion Fall
En Juin, 2012 (23:00 PM)Participer à la Discussion