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Politique

Ousmane Badiane (Chargé des élections de la Ld) l'assure : Niasse et Tanor veulent cheminer ensemble jusqu’en 2012

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Ousmane Badiane (Chargé des élections de la Ld) l'assure : Niasse et Tanor veulent cheminer ensemble jusqu’en 2012
En dépit des craintes que nombre de Sénégalais ont de voir leur vote dévoyé par les calculs politiques au moment de l’installation des organes de direction des collectivités locales, du côté de Benno Siggil Senegaal, l’on est d’avis qu’il n’y a pas péril en la demeure. Ousmane Badiane, membre de la nouvelle équipe du Conseil régional de Dakar de Bss, rassure en soutenant que le consensus a été trouvé à ce niveau. Sur une éventuelle querelle de leadership de l’opposition en 2012, le “jallarbiste” confie, également, que Niasse et Tanor, soupçonnés d’être les probables obstacles à la dynamique unitaire, n’auront aucun problème pour s’entendre. Entretien.

Wal Fadjri : L’heure est à l’installation des bureaux des collectivités locales et vous n’arrivez pas à accorder vos violons. Cela ne risque-t-il pas de vous discréditer ?

Ousmane Badiane : Du tout ! Ce qui se passe à Benno est normal parce que c’est une coalition dans laquelle, il y a 34 partis. C’est la plus grande coalition qu’on ait connue dans l’histoire politique du Sénégal. Au début, les gens disaient qu’on n’allait pas réussir les investitures dans les 541 collectivités locales. Pourtant, nous l’avons réussi en arrivant à avoir partout un leadership local. Le plus difficile a été donc fait. Les leaders se sont réunis et nous ont donné des directives, à savoir que dans toutes les collectivités locales où nous étions ensemble, les élus doivent discuter pour parvenir à des consensus. C’est par la seule discussion qu’on peut surmonter les difficultés. Et à ce niveau, il n’y a pas de souci à se faire, nous y parviendrons. On va poursuivre la dynamique unitaire parce que c’est ça qui nous a valu le succès au soir du 22 mars. Les Sénégalais ne comprendraient pas qu’on se sépare à cause des postes. Si c’est le cas, en 2012, ils ne nous écouteront pas.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous des coups bas de la part de vos propres conseillers ?

Ousmane Badiane : Même si cela arrive, ça sera marginal. Toute personne élue et qui trahit pour n’importe quelle raison que ce soit, aura trahi le peuple et répondra devant l’histoire. Je ne peux pas dire que cela n’arrivera pas, mais, auquel cas, cela sera marginal eu égard à la dynamique d’ensemble qui est enclenchée. Si je vois ce qui se passe au niveau de la réunion des leaders, je ne peux que me réjouir. Après le scrutin, lors de la dernière réunion, tous sont venus : Macky Sall, Moustapha Niasse, Talla Sylla…, et tous ont tenu le même langage. Ils tiennent à l’unité et ils veulent que cette unité soit renforcée pour qu’on aille le plus loin possible dans la bataille. C’est cela que les Sénégalais veulent et on peut pas ramer à contre courant de son peuple, sinon on périt. Cependant, je suis sûr que le président Wade déploiera beaucoup de moyens pour corrompre les gens, mais qu’il sache que c’est peine perdue.

Wal Fadjri : D’aucuns sont d’avis que vous avez le profil pour diriger le Conseil régional pour en avoir assuré l’intérim, mais vous ne semblez pas être intéressé. Pourquoi ?

Ousmane Badiane : Les gens me posent toujours la question de savoir pourquoi je ne me suis pas présenté, ayant été déjà premier vice-président et ayant eu la chance d’assurer l’intérim pendant quatre mois. Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous luttons pour des idéaux, pour des intérêts communs au peuple sénégalais, pour une recherche commune à des solutions. C’est pourquoi, dès le début, je n’ai pas dit que j’étais candidat. Pour moi, ce n’était pas important parce que même si je ne suis pas membre du bureau, je vais bien travailler pour l’équipe qui sera investie. Aujourd’hui, chacun des membres du nouveau Conseil régional a les compétences pour diriger l’institution et c’est cela qui est extraordinaire. C’est dire que nous avons une équipe de qualité, capable de relever les défis. C’est cela qui est important et non qui doit diriger.

Wal Fadjri : Pendant que dans votre coalition, l’on jubile après le dernier scrutin, du côté de la mouvance présidentielle, on crie victoire. Alors, de quel côté se situe la vérité ?

Ousmane Badiane : J’ai suivi les déclarations de la Cap 21. Mais les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, ont rejeté le Sopi lors de ces élections locales en portant massivement leur suffrage sur la coalition Benno Siggil Senegaal. Avant les élections, le camp du Sopi disait qu’il allait rafler toutes les collectivités locales. Aujourd’hui, on constate que dans les principales grandes villes, c’est la coalition Benno qui a triomphé. Même si c’était seulement à Dakar où la victoire a été remportée, c’est déjà une défaite pour le pouvoir, compte tenu de ce que la capitale symbolise. Mais ce n’est pas seulement Dakar, il y a les autres villes du Sénégal qui ont été conquises de haute lutte et où Sopi 2009 a été laminée. Aujourd’hui, dire que la victoire leur revient puisqu’ils ont fait un décompte arithmétique, ça ne tient pas la route.

Wal Fadjri : Si vous avez gagné certaines villes, le camp présidentiel se targue d’avoir fait de même dans le monde rural, ce qui est aussi symbolique…

Ousmane Badiane : Le problème est que, dans le monde rural, le contrôle du scrutin a été très difficile. On a tous vu ce qui s’est passé à Ndindy et Ndoulo (deux arrondissements où la Cena avait déclaré les listes de Sopi 2009 forcloses, mais les autorités sont passées outre : Ndlr). La fraude est plus facile à organiser là-bas parce qu’il y avait l’ensemble des cadres politiques capables de mettre sur pied les dispositifs qui permettaient cela et, avec leur influence, ils ont pu jouer auprès des populations. C’est cela qui est à l’origine des résultats obtenus par la Cap 21. Ce qui est différent dans le cas des villes où les militants sont aguerris, informés du processus électoral et maîtrisent les dispositions du Code électoral. Ainsi, on a mis en place un puissant dispositif anti-fraude, ce qui a fait que dans l’ensemble des bureaux de vote, les militants se sont mobilisés de 8 h du matin jusqu’à la fermeture. Et ils ont refusé que le scrutin soit prolongé au-delà de 18 h. Ils se sont, également, opposés au transfert d’électeurs parce que le pouvoir avait mis sur pied un puissant dispositif pour faire le transfert d’électeurs. On a vu le cas à Linguère, à Ziguinchor où des dizaines de cars provenaient d’autres localités. C’est ce qui a fait que, dans le monde rural, ils ont obtenu des voix de fraude.

Wal Fadjri : En insistant sur leur majorité numérique, les alliés de Wade se projettent, déjà, sur la prochaine présidentielle. Est-ce votre cas ?

Ousmane Badiane : C’est sûr que tous ces calculs-là, c’est dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Nous allons d’abord vider les locales, régler les problèmes et tourner la page. Je suis convaincu que tout sera réglé dans dix jours. Puisqu’une fois les nouveaux conseils locaux installés, les leaders feront l’évaluation de ce scrutin et dégageront une stratégie pour 2012. Le temps est court, mais vu les capacités intellectuelles de nos leaders, leur façon d’analyser les choses et la situation actuelle du pays, je suis sûr qu’ils parviendront à des consensus qui vont agréer le peuple sénégalais et qui leur permettront de sortir victorieux de ces élections de 2012. Mais je peux, d’ores et déjà, vous signifier que la victoire sera dans le camp de l’opposition. Trois ans, ce n’est pas beaucoup d’autant plus que le président Wade avait un projet qui est tombé parce qu’il ne pourra pas se présenter en 2012. Mais ne va-t-il pas modifier la constitution s’il n’a pas de candidat dans son camp ? D’autant qu’il n’y a pas d’autre constante que lui dans ce parti où personne n’est derrière personne. Ce sont des choses à intégrer dans l’analyse, mais je peux vous dire que l’opposition est prête et a déjà tracé la bonne voie qui permettra d’avoir une alternative à l’alternance pour l’émergence du Sénégal.

Wal Fadjri : Au regard des tiraillements au sein de votre coalition pour le partage ‘du gâteau’, êtes-vous sûr de pouvoir transcender la bataille du leadership, en amenant notamment Moustapna Niasse et Ousmane Tanor Dieng à trouver un consensus ?

Ousmane Badiane : Bien sûr. Parce que tous les deux sont sincères dans leur volonté de faire triompher notre coalition en février 2012. Tous deux sont mus par une volonté d’aller ensemble puisque conscients qu’aucun d’entre eux, individuellement pris, ne peut venir à bout de ce régime. Il faut la synergie des forces et c’est ce qu’ils nous ont montré. Lors de notre congrès, vous les avez entendus, ils ont délivré des messages forts. Ils ont montré leur volonté de cheminer ensemble. Tous les deux sont sincères et, croyez-moi, personne d’entre eux n’a une dent contre l’autre puisque ce sont des hommes d’Etat. Nous sommes à un tournant historique de notre combat pour un idéal : restituer au peuple sénégalais sa dignité, en mettant à sa tête des fils et filles du pays mus par la seule volonté de le servir et le hisser au rang des nations émergentes et des plus respectées.

Pour autant, je ne peux pas dire ce qui va se passer en 2012 puisqu’on n’a encore rien arrêté sur ce point. Les leaders vont réfléchir ensemble pour voir quel stratégie utiliser. Aurons-nous un seul candidat ou des candidatures multiples face au pouvoir ? Seule une réflexion ultérieure de nos leaders sur la question permettra de prendre la meilleure décision.

‘Si l’opposition a remporté les élections locales, ce n’est pas parce que le fichier est devenu transparent. Le fichier issu de la refonte totale avec les élections de 2007 demeure plus que jamais miné, piégé’

Wal Fadjri : Après l’installation des bureaux des collectivités, Benno va-t-elle entrer en hibernation jusqu’à la prochaine élection ou a-t-elle un plan de bataille en instance ?

Ousmane Badiane : Evidemment, nous allons maintenir la pression. D’abord, il y a lieu de souligner que la bataille du fichier n’est pas derrière nous. Si l’opposition a remporté les élections, ce n’est pas parce que le fichier est devenu transparent. Le fichier issu de la refonte totale avec les élections de 2007 demeure plus que jamais miné, piégé. Il y a l’absence de biométrie et cela, on l’a prouvé. En effet, il n’y a pas la possibilité de faire la traçabilité de l’électeur, il n’y a pas d’unicité du vote. C’est, donc, un fichier qui permet des inscriptions multiples. C’est la raison pour laquelle nous avions proposé, avant les élections, le Spray qui est de l’encre invisible et incolore. Une fois qu’on vous l’asperge sur les doigts, il y a une machine qui sonne et qui indique que cette personne a déjà voté. Pourquoi le pouvoir a-t-il refusé cette proposition ? Ce n’est pas un problème de délais, mais c’est parce qu’ils savent qu’il serait impossible de faire le transfert d’électeurs et des votes multiples.

Nous allons mener une bataille pour aller beaucoup plus loin que l’audit qui a été fait. Car nous ne comprenons pas qu’on organise trois élections sans la moindre évaluation. Constatez les manquements graves notés pendant le dernier scrutin ! Ils ne se seraient, certainement, pas passés si l’évaluation des dernières élections avait été faite de manière exhaustive. On a noté l’absence d’isoloirs, la confusion et le mélange des bulletins de vote, l’acheminement tardif du matériel. Vous vous rendez compte, à Kolda, on a repris le vote le samedi 28, en violation flagrante de la loi qui dit que l’élection a lieu un seul jour.

Wal Fadjri : N’est-il pas ridicule de continuer à parler de la non-fiabilité du fichier alors que celui-ci vous a valu votre victoire ?

Ousmane Badiane : Ce n’est pas sur la base du fichier que nous avons gagné les élections. Le fichier était le même en 2007. Nous avons gagné sur la base d’une mobilisation exceptionnelle du peuple sénégalais avec un développement renforcé d’une conscience citoyenne. Et le dispositif anti-fraude qui a été mis sur pied nous a aussi permis de tirer notre épingle du jeu. Le fichier, ils l’ont utilisé dans le monde rural où les gens ne sont pas bien informés.

Wal Fadjri : Si vous n’aviez pas gagné, vous n’auriez pas été si muets sur le fichier au lendemain du scrutin ?

Ousmane Badiane : L’opposition est conséquente sur le problème du fichier. Depuis 2007, nous disons que ce fichier n’est pas fiable. Le pouvoir avait dit que c’était une révolution dans notre pays avec l’introduction de la biométrie. Et le pouvoir était parti de deux hypothèses pour montrer qu’il y avait la biométrie. Autrement dit, celui qui s’inscrit sur des listes électorales, 72 heures après, il reçoit sa carte d’identité nationale et sa carte d’électeur et ce n’est possible que s’il y a la biométrie. Et le pouvoir avait ajouté que n’importe quel Sénégalais pouvait, à partir de n’importe quel centre d’inscriptions, dire qu’il veut voter dans tel centre sans pour autant avoir à se déplacer selon les dispositions du Code électoral antérieurement. Mais dans la pratique, si la biométrie avait fonctionné, on n’aurait pas assisté aux dysfonctionnements auxquels nous avons eu droit. L’ingénieur de la Cena a été le premier à tirer la sonnette d’alarme.

Au niveau des centres d’inscriptions, il y a deux étapes. On passe d’abord par une commission d’administration classique où on prend des informations contenues dans la pièce d’identité. Ensuite, on se présente devant l’autre partie de la commission où il y a la capture des informations biométriques, la photo, la capture des signatures et le tableau de lecture des empreintes. Selon eux, les éléments seront digitalisés dans un disque dur de l’ordinateur et acheminés électroniquement dans les serveurs de la Daf. Ce qui fait que quand quelqu’un s’inscrit, il va dans un autre centre pour s’inscrire, immédiatement le serveur central de la Daf rejette son inscription. Mais on a vu que cela ne s’est pas passé comme ça. C’est pourquoi tout ce qu’ils avaient dit, s’est avéré faux dans la pratique. Les gens n’ont pas reçu leurs cartes dans les 72 heures, certains sont restés pendant plus d’un an sans recevoir leurs cartes.

Wal Fadjri : Vos adversaires voient, à travers les résultats du dernier scrutin, moins votre victoire que des votes sanction. Partagez-vous cet avis ?

Ousmane Badiane : C’est pour se donner bonne conscience. Même si ce sont des votes sanction, cela est plus grave. Tous ceux qui ont voté pour Benno Siggil Senegaal ne sont pas du Pds. Certainement, il y a eu des votes sanction puisqu’ils ont eu des règlements de comptes à l’interne. Ce qui est le plus important, c’est que les Sénégalais se sont levés pour dire non au pouvoir de Wade, non à la manière dont il a géré le pays. Même si c’est le cas, nous sommes parvenus à amener ceux qui étaient dans le pôle du président à voter pour nous, malgré les milliards qu’ils ont déversés partout dans le pays. Il faut qu’ils soient objectifs et qu’ils reconnaissent qu’ils ont été laminés. S’ils n’arrivent pas à décrypter le message, le réveil sera plus brutal en 2012 parce que le processus enclenché est irréversible.



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