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Politique

Pape Mody Sow (Un des porte-parole de la Cap 21) : ‘Samuel Sarr et les responsables de l’Anoci doivent être mis en examen’

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Pape Mody Sow (Un des porte-parole de la Cap 21) : ‘Samuel Sarr et les responsables de l’Anoci doivent être mis en examen’
Véritable chauve-souris politique, Pape Mody Sow aura été de tous les combats depuis plusieurs décennies. Secrétaire général du Parti de l’espoir et du progrès, membre de la mouvance présidentielle et l’un des porte-parole de Cap 21, il épluche ici, sans complaisance aucune, les principaux dossiers brûlants de l’heure : dialogue politique, coupures d’électricité, gestion de l’Anoci, etc. Entretien.

Wal Fadjri : Vous êtes le Secrétaire général du Parti de l’espoir et du progrès (Pep). Vous avez été, tour à tour, Secrétaire permanent du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit), allié de Djibo Kâ lors de l’élection présidentielle de 2000 et actuellement, l’un des porte-parole de la Cap 21. Qu’est-ce qui vous fait courir ?

Pape Mody Sow : Je fais toujours la différence entre transhumant et parvenu. Parmi ceux qu’on appelle les transhumants, il y a des grands patriotes qui ont fait leur preuve dans la vie politique nationale et qui ont changé d’idéologie et de camp, comme la vie elle-même change, mais qui aiment leur pays et qui travaillent pour lui. Le parvenu, pour moi, c’est un individu qui se colle à un pouvoir comme la mouche à un chiffon imbibé de miel. Quant à moi, c’est vrai que je suis le Secrétaire général du Parti de l’espoir et du progrès (Pep). C’est aussi vrai qu’auparavant, j’étais membre actif du Pit et en même temps le directeur de l’école du parti, chargé de l’éducation, de la formation et de la culture. J’avais un important département à gérer puisque c’est cette école-là qui avait en charge la gestion et la formation politique des cadres du parti. Je profite de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à Amath Dansokho et à feu Sémou Pathé Guèye, lui qui me coiffait directement, au niveau du bureau politique. J’ai aussi fréquenté Maguette Thiam et Sadio Camara, entre autres, qui sont très connus sur le plan politique. J’ai eu l’occasion de participer, auprès de ces éminentes personnalités, au combat épique qu’elles menaient à l’époque, contre le pouvoir socialiste. C’est cette forte pression qui avait contraint l’ancien régime à accepter la mort dans l’âme, l’instauration du multipartisme, bien avant l’avènement du Pds en 1974. Et c’est en 1998 que nous avons créé le Pep en compagnie d‘un groupe d’amis. En 2000, nous avons décidé de soutenir la candidature de Djibo Kâ à l’élection présidentielle, tout simplement parce qu’à l’exception du Parti socialiste, l’Urd était la seule formation politique avec laquelle nous avions des atomes crochus. Le Ps avait d’énormes problèmes internes mais aussi avec les populations, de sorte que tout le monde savait qu’il allait perdre le pouvoir. C’est pourquoi nous avons soutenu la candidature de Djibo Kâ au premier tour. Mais, après le virement à 180 degrés de ce dernier suite à sa décision de soutenir Abdou Diouf, nous avons opté pour le candidat de l’opposition le mieux placé au second tour (…).

Wal Fadjri : Pourquoi l’opposition et le pouvoir ne parviennent, jusqu’ici, toujours pas à amorcer le dialogue national maintes fois annoncé, alors que tout le monde reconnait que le pays traverse une grave crise ?

Pape Mody Sow : C’est aujourd’hui, une question d’éthique et de responsabilité. Cela dépasse les clivages politiques, parce que la crise n’a pas de frontières. Elle est vécue de la même manière par tous les Sénégalais. Peut-être y a-t-il des dirigeants qui échappent à certaines contraintes de la crise, mais au regard des systèmes de distribution des revenus au Sénégal, les sollicitations sont telles que même si vous êtes ministre, député ou homme d’affaires, vous êtes obligé de faire face à cette situation sociale. Ce qui réduit du coup les possibilités économiques des uns et des autres. Je pense, très sincèrement, que ce qui a fait foirer le dialogue national c’est qu’il y a eu plusieurs sons de cloches, tant du côté de l’opposition que du pouvoir. Le fait que le président ait donné plus de responsabilités à la fois au ministre chargé des affaires politiques et au Premier ministre, avait amoindri la portée de son appel. C’était au président de prendre directement en charge cet appel et de considérer que ce dialogue concerne tout d’abord ses alter ego, secrétaires généraux des partis. Mais le fait d’avoir transféré une partie de son pouvoir à des gens qui ne sont pas aussi représentatifs que certains leaders de l’opposition, a été l’une des causes de l’échec de ce dialogue tant espéré, mais maintes fois annoncés et toujours reporté.

Wal Fadjri : Tout récemment, le Président Wade a déclaré vouloir mettre sur pied un grand parti politique. Ne craignez-vous pas qu’il cherche par ce biais, le moyen le plus sûr de phagocyter les partis alliés comme le vôtre ?

Pape Mody Sow : L’idée de la refondation du Pds n’est pas nouvelle. Depuis les élections de 2007 et même bien avant, avec la crise de leadership et de dauphinat que ce parti a connue, il fallait procéder à la refondation des structures du Pds ainsi que de la manière dont le Secrétaire national devait gérer le parti. A mon sens, la manière la plus légitime d’avoir un dauphin est de laisser ce dernier être consacré par des élections. Le dauphin légitime de Me Wade au Pds, c’est incontestablement Idrissa Seck, lui qui était second à la dernière élection présidentielle de 2007. C’est cela la réalité et quand ce dernier déclare qu’il est le second bailleur de ce parti, c’est la vérité. A un moment donné, on a voulu supprimer le poste de numéro 2 avec l’affaire de Macky Sall. Or, aucun parti politique ne peut se passer du numéro 2. Car, c’est par ce bon procédé de renouvellement des structures dirigeantes, qu’on prépare sagement l’alternance générationnelle. Là-dessus, notre position est très claire. La refondation ne concerne que le Pds et lui tout seul. Une fois cette lancinante question du leadership réglée, il sera plus facile d’articuler la mouvance présidentielle autour de ce parti leader. Or, ce n’est pas encore tout à fait le cas, en ce moment. Nous sommes dans une mouvance présidentielle. Tous les partis membres de la Cap 21 sont souverains et, en ce qui concerne mon parti, il est régi par des statuts et un règlement intérieur. C’est le congrès qui peut décider de la dissolution du parti ou du transfert de tout ou partie de ses compétences vers un autre. Alors, tant que le congrès ne se sera pas prononcé sur cette question, nous nous abstiendrons d’aller vers une quelconque fusion. Par contre, nous sommes pour la création d’un grand pôle de la mouvance présidentielle, qui engloberait la Cap 21 et d’autres partis alliés, non membres de la Cap 21. C’est d’ailleurs l’idée du président de la République lui-même. Compte tenu des limites et contraintes que nous imposent les règlements intérieurs de nos partis respectifs, c’est dans ce seul cadre que nous pouvons un jour, jouer notre partition aux côtés du président de la République.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas cependant, que ce qui est arrivé à Macky Sall, Idrissa Seck, Jean Paul Dias vous arrive un jour, si jamais vous vous engagiez à fusionner avec le grand parti que compte créer le président Wade ?

Pape Mody Sow : De toutes les façons, en politique la compétition est rude. Si vous êtes dans un corps que vous avez fabriqué, que vous avez mis en forme, vous êtes mieux accepté. Un autre corps vous imposera une adaptation de votre part. Est-ce que la greffe va prendre ou pas ? C’est là toute la question. Le Pds est-il un cadre assez réceptif pour accepter la présence des personnalités aussi fortes que celles de certains leaders des partis membres de la Cap 21, par exemple ? Je pense que le Pds n’est pas tout-à-fait préparé à cela. Qu’il règle d’abord les questions de leadership en son sein et alors, il sera possible de se retrouver, dans le cadre d’une compétition plus large de renouvellement des structures, d’instances, où les alliés organiseront des élections primaires telle que cela se pratique dans mon propre parti à chaque fois que c’est nécessaire. Tans qu’il n’y aura pas des élections primaires au niveau national impliquant des leaders du Pds et ceux des partis alliés, je vois très mal comment le Pds pourrait empêcher l’émergence des nouveaux leaders. C’est Me Wade qui impose les leaders de sa convenance alors que c’est le contraire qui devait se faire.

Pape Mody Sow : Ces émeutes populaires viennent à un moment crucial, où l’économie du pays est complètement plombée. Il y a eu des périodes fastes où l’administration fiscale avait très bien travaillé. Le Trésor public avait aussi bien fonctionné, en respectant scrupuleusement l’orthodoxie en la matière et nous avons eu un budget qui nous a autorisé les rêves les plus fous. Mais, certains ont profité de cette manne financière pour détourner les deniers publics des objectifs de développement véritables. Il y a eu certes des investissements importants dans des domaines variés, mais ce cadrage macro-économique n’a pas été suivi d’une gestion rigoureuse, pour soutenir la croissance. Les investissements qui ont été faits n’étaient pas productifs mais ont mobilisé des milliards, empêchant ainsi la véritable relance de l’économie. Des milliards ont ainsi été mobilisés, dans certains investissements inutiles ayant coûté très cher au contribuable. La question de l’énergie, de mon point de vue, aurait dû être réglée depuis longtemps. Le premier montage avec Hydro-Québec a échoué, pour une fausse question de souveraineté qui a été mise en avant au détriment de la production. Aujourd’hui, nous avons les infrastructures mais pas la souveraineté, parce que la production n’a pas suivi. Or dans un tel cas de figure, c’est toujours la production qu’on privilégie pour créer les conditions de la productivité. Les centrales sont là mais manquent de fuel, pour fonctionner correctement. Et comble de malheur, nous n’avons pas les 18 milliards requis pour assurer l’approvisionnement mensuel en fuel. De tout l’argent investi dans les centrales, n’aurait-on pas pu développer des énergies renouvelables du genre solaire, éolien et hydraulique ? Nous aurions également, pu mettre à contributions les centrales de la Sonacos (actuelle Suneor, Ndlr) et de la Compagnie sucrière sénégalaise, entre autres. Et puis, pourquoi assurer à la Senelec un monopole absolu ? Je suis contre toute forme de monopole.

Wal Fadjri : Que faire donc, des cas comme celui de la Senelec et croyez-vous très sincèrement, que la très probable démission du ministre Samuel Sarr réglerait ce crucial problème de fourniture de l’électricité dans Dakar ?

Pape Mody Sow : Le fait qu’un ministre ait échoué dans sa mission pour se voir obligé de présenter sa démission, est pour moi trop simple comme solution. Il faut mettre en examen tout ministre qui aurait englouti des milliards dans des projets sans résultat. Cette mise en examen doit être obligatoire, pour quiconque a exercé un pouvoir et n’a pas réussi. Je demande, par conséquent, la mise en examen de Samuel Sarr, mais aussi celle des gestionnaires de l’Anoci, car les Sénégalais ont le droit d’exiger des résultats, pour toute mission du peuple confiée à un individu.

Wal Fadjri : Est-ce à dire, qu’il faut absolument auditer tous ceux qui ont eu à gérer des deniers publics, comme Samuel Sarr, Karim Wade, Abdoulaye Baldé etc. ?

Pape Mody Sow : Non, Il ne s’agit pas d’un audit, car les Sénégalais ont déjà galvaudé ce terme, au point où il ne sert plus à rien. C’est comme une épée de Damoclès sur nos têtes. Je voudrais parler de la mise en examen. Quand quelqu’un exerce le pouvoir, il devra en rendre compte, pour qu’on sache dans quel état étaient les lieux à son arrivée dans tel ou tel service ? Qu’est-ce qu’il en est advenu à son départ ? Dans le cas de Karim Wade et Abdoulaye Baldé, disons que s’ils avaient pris le soin de rendre public le rapport sur la gestion de l’Anoci, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Les gens devraient prendre l’habitude de rendre compte de leur gestion devant la représentation parlementaire de notre pays. C’est dommage que la convocation des responsables de l’Anoci pour cet exercice du reste vulgaire, a provoqué l’éviction de Macky Sall du perchoir. Et pour ce qui est du livre de Latif Coulibaly sur la gestion de l’Anoci, ce dernier n’a fait que son travail de journaliste professionnel, dont le métier est d’informer. Maintenant, chacun est libre d’avoir l’opinion qu’il veut, sur cette publication. Et comme Latif a puisé ses informations dans le rapport des commissaires aux comptes, qu’on publie intégralement ce fameux rapport, afin que tous les Sénégalais soient au même niveau d’information.



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