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Politique

PARTI DEMOCRATIQUE SENEGALAIS : LA REVOLTE DES « FAUCONS »

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PARTI DEMOCRATIQUE SENEGALAIS : LA REVOLTE DES « FAUCONS »

De la rebuffade d’Idrissa Seck à la fronde de Samuel Sarr et de Pape Samba Mboup, la paranoïa qui a fini de s’installer dans la sphère de l’appareil d’Etat et du Parti démocratique sénégalais renseigne au moins sur un fait. Le système Wade, matérialisé par son fils, a fini d’atteindre ses limites objectives. Alors qu’aucune autre perspective politique claire ne semble se dessiner à l’horizon ?

Le dernier signe (ou signal) est donné par le chef de cabinet du président Wade, Pape Samba Mboup qui n’hésite pas à attaquer « une  organisation qui veut placer ses hommes » et qui est « en train de foutre en l’air le Pds ». L’allusion est claire et nette. Mais comme l’écume et la vague, ce qui se passe de façon souterraine est encore beaucoup plus dense que ce qui se donne à voir. En effet, de plus en plus, une fronde contre le système Wade est organisée de l’intérieur du Pds. Les responsables libéraux se passent le mot. Ils organisent une sorte de rébellion discrète qui transparaît dans les commentaires de bouche-à-oreille. Les peaux de bananes et les attaques au-dessus de la ceinture font légion.

Guerre de tranchées

Un autre révélateur de cette crise a été le dernier passage du ministre de l’Energie à l’Assemblée nationale. Les députés libéraux, généralement très soft avec les ministres du gouvernement, ont chargé avec une violence inouïe le ministre Samuel Sarr. Le président Wade n’a pas aimé cela, mais est resté impuissant devant la charge bleue. Il ignore sans doute que la tonalité de certaines sorties de députés était déjà fixée et arrangée en amont. En vérité, ce genre de cérémonial n’est pas si nouveau. La famille libérale n’a jamais été une entité homogène. Des clans s’y expriment depuis 2000. Et chaque fois que cela atteint certaines proportions, c’est le chef de l’Etat lui-même qui monte au créneau pour trancher. Cela s’est manifesté par exemple avec l’éviction d’Idrissa Seck en 2003, la défenestration de Macky Sall en 2007 et celle de Cheikh Tidiane Gadio en 2009. Pour liquider ces hommes, Me Abdoulaye Wade s’est toujours appuyé sur un « noyau dur », appelé communément « faucons ». Et voilà la nouveauté, c’est justement dans ce « noyau dur » que les lignes de faille se dessinent. Pape Samba Mboup  ne parle plus le même langage que Karim Wade qu’il attaque régulièrement, alors qu’il est censé être le porte-parole officieux de Me Wade. Samuel Sarr engage une fronde visible contre Karim Wade avec qui il entretenait il n’y a  guère longtemps des relations apaisées. Le directeur de cabinet du président Wade, supposé être la « taupe » de Karim au palais, se fait tancer devant le président par Idrissa Seck qui lui refuse la légitimité de parler (il aurait presque transhumé en 2000), lors de la dernière audience du maire de Thiès. Pape Diop lui-même ne pardonne toujours pas à Karim Wade de lui avoir fait perdre Dakar, même s’il ne le clame pas sur tous les toits. Que dire de la posture du ministre de Justice, dont le fils Thierno Ousmane Sy est lié à Karim Wade, mais qui n’est pas souvent d’accord avec la façon dont le fils du président gère le pays ? Aujourd’hui au Pds, beaucoup pensent que Karim Wade doit s’effacer, sans oser toutefois le dire ouvertement.

Entre le marteau et l’enclume

Sans doute, le président Wade est bien informé de cette situation, complexifiée par l’approche de l’échéance 2012. Wade, qui est déjà au pied du mur, doit aussi faire face aux manœuvres à venir sur la légalité d’un troisième mandat, au vu de la loi fondamentale. Les premières salves, déroulées par le mouvement Terminus 2012 et les sorties des universitaires, ne sont en vérité qu’un avant-goût de la bataille d’opinion qui se prépare. Sa seule baraka réside dans le fait que l’opposition, réunie au sein de Benno Siggil Senegaal, n’est pas tout à fait en ordre de bataille. Elle est également traversée par « le syndrome de l’armée mexicaine », qui exerce un effet totalement anesthésiant sur ses capacités de mobilisation et de déstabilisation du régime en place. Et dans ce contexte de confusion généralisée, qui empêche d’ailleurs une bonne lecture de la situation politique, la nomination de Cheikh Tidiane Diakhaté à la tête du Conseil constitutionnel apparaît comme une façon pour Me Abdoulaye Wade d’assurer ses arrières. Dans un autre contexte, si Benno et la société civile étaient assez forts, Me Wade n’aurait jamais osé nommer au Conseil constitutionnel ce magistrat. Cheikh Tidiane Diakhaté, qui avait fait inculper Me Wade dans l’affaire Me Babacar Sèye et qui était dans le dispositif de neutralisation politique d’Idrissa Seck, a-t-il été chargé  d’une mission secrète ? Son atterrissage à la tête de la juridiction la plus importante de l’architecture judiciaire est en tout cas un signal très fort. À décrypter…



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