PLUS LOIN AVEC… Pape Sow, président de Convergence socialiste : «Le Ps n’est pas un parti yobalema»

Le successeur de Malick Noël Seck à la tête de Convergence socialiste dit à qui veut l’entendre que le Ps n’est pas une formation politique à remorquer (yobalema en wolof). Mieux, Pape Sow a estimé, samedi dernier, en marge de la journée d’échanges de la structure qu’il dirige, que le Ps «ne peut pas se contenter d’accompagner Macky Sall».

Qu’est-ce qui a motivé cette journée d’échanges sur la marche de votre parti ?

Nous avons organisé cette journée d’échanges pour amener les camarades et nous-mêmes à nous adapter au nouveau contexte. On a connu Convergence socialiste dans la rue. Aujourd’hui, nous sommes en partenariat avec Macky Sall dans le cadre de Bennoo bokk yaakaar pour apporter une contribution de qualité. Pour cela, nous allons mettre à niveau tous les camarades avant de redescendre sur le terrain. Depuis notre Assemblée générale du 12 janvier, nous avons entrepris une tournée de consultation auprès de nos camarades jeunes et adultes pour échanger avec eux sur les questions politiques de l’heure. A l’issue de cette tournée, nous avons jugé nécessaire de faire converger toutes ces opinions pour avoir de nouvelles orientations, compte tenu du nouveau contexte. Cela ne veut pas dire que le Parti socialiste ou la Convergence socialiste compte renoncer à ses ambitions.

Est-ce que la coalition Bennoo bokk yaakaar, à laquelle vous appartenez, ne compromet pas les chances du Ps pour 2017 ?

 Nous ne pensons pas que cela puisse être le cas dans la mesure où, à l’image des deux ministres socialistes qui sont dans le gouvernement,  notamment Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mben­gue Ndiaye, le Ps est en train de faire bonne figure. Maintenant, il faut que les Socialistes comprennent qu’ils ont un travail politique à faire à la base. C’est pourquoi nous avons lancé un appel pour que les Socialistes travaillent à la base afin de massifier le parti.

Quand vous dites que le Ps aura forcément un candidat en 2017 et, au même moment, que vous accompagnez le Président Macky Sall, est-ce que vous pouvez tenir une communication cohérente qui peut bénéficier à votre parti ?

Nous ne le voyons pas sous cet angle dans la mesure où nous avons commencé la reconquête du pouvoir depuis que nous l’avons perdu.  Macky Sall le comprend bien. Donc, on ne peut pas se contenter d’accompagner Macky Sall. Le Ps est un parti de pouvoir. C’est un parti d’expertise dont la vocation est de gouverner. Alors, si Macky Sall a été élu, il faut reconnaître, tout de même, que c’est notre combat qui a triomphé depuis les Assises nationales, Ben­no siggil senegaal. Le Ps a toujours joué un rôle leader. Maintenant, nous avons pour ambition de reconquérir le pouvoir tout comme Macky Sall veut le conserver. C’est tout à fait normal. Nous sommes dans une construction évolutive. Nous ne souhaiterions pas arriver en 2017, et dire que Macky Sall n’a rien fait.

Votre camarade Youssou Mbow disait tout à l’heure qu’il faut qu’il y ait une rupture ou une révision du partenariat au lendemain de 2014. Est-ce votre avis ?

Il y aura un nouveau contexte au lendemain des élections locales de 2014. C’est pourquoi, nous exhortons la direction du parti à faire preuve de fermeté dans les négociations dans le cadre de Benno bokk yaakaar. Les élections locales sont dédiées aux populations. Nous savons tous que le Ps est plus représentatif au niveau des institutions locales. Nous avons pour ambition de consolider nos acquis et pourquoi pas de conquérir de nouvelles villes. Il faut que nos alliés comprennent qu’il faut aller à la base de façon solitaire. Au niveau supérieur, il peut y avoir un consensus, mais qu’il faut laisser la priorité à la base pour que les populations choisissent leurs dirigeants  qu’elles pensent aptes à résoudre leurs problèmes.

Qu’est-ce que ça vous fait de succéder à votre camarade Malick Noël Seck à la tête de Convergence socialiste dans des circonstances assez particulières ?

Rien de spécial ! Par contre, ce qui me touche, c’est la confiance que des camarades de Conver­gence socialiste ont portée sur ma modeste personne. Ce n’est pas par rapport à mon prédécesseur. Malick Noël Seck et moi avons cheminé ensemble. Nous avons été à tous les coups, à tous les combats. Ce n’est pas pour rien que j’ai été placé à la tête de cette structure.

Mais vous regrettez quand même d’avoir perdu un camarade ?

Ce qu’il faut regretter, c’est son comportement incorrect dont il a fait preuve. Sinon, il n’y a pas de péril en la demeure. Les camarades sont remobilisés davantage pour relever le défi.

Pourtant, aujourd’hui, vous semblez faire dans le radicalisme au même titre que Malick Noël Seck. Est-ce que vous ne risquez pas le même sort ?

Ce n’est pas du radicalisme. Nous voulons dire aux camarades et à nos alliés que nous voulons une communication objective, courageuse. C’est-à-dire que nous voulons nous rapprocher davantage des populations. Nous avons défendu les intérêts du Peuple pendant douze ans. Ce n’est pas le fait d’entrer dans le gouvernement qui doit nous pousser à rompre avec ce principe. Si les choses ne marchent pas, nous ne manquerons pas de les dénoncer. Nous appelons le Président Macky Sall à faire preuve de solidarité et de respect à l’endroit des formations alliées, dans la mesure où il n’y a pas de direction politique unifiée à un certain niveau, où les différents partis concernés peuvent discuter des questions majeures avant que le président de la République ne prenne ses responsabilités. Nous ne disons pas qu’il ne doit pas prendre ses responsabilités, mais nous pensons que, dans le cadre de ce partenariat, la concertation doit être mise en avant. Sinon, nous serons obligés de dire ce que nous pensons à travers la presse ou nos instances. Cela peut être évité. Toutefois, il faut garder une chose à l’œil. Le Ps n’est pas un parti coxeur. Le Ps n’est pas un parti yobalema. Tout à l’heure, nous avons dit que nous avons commencé à reconquérir le pouvoir depuis que nous l’avons perdu.