La polémique enfle à propos de la visite de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck à Touba. Entre démenti et mise au point, voire chassé-croisé d’émissaires, force est de dire que le déplacement, vendredi dernier, du maire déchu de Thiès, à Touba, aura été la goutte d’eau de trop. Tellement certains observateurs n’ont pas tardé à percevoir cette visite, «sur invitation du Khalife général, Serigne Bara Mbacké», une manière d’afficher une neutralité sans équivoque dans la guerre d’usure, sur fond de bataille de succession larvée, qui se mène au sommet de l’État. Une tragi-comédie dont les principaux rôles sont tenus par Me Abdoulaye Wade et son (ex ?) fils putatif Idrissa Seck. Qui, dans l’enceinte sacrée de la maison de celui qui veille, désormais, sur l’héritage et le temple de Serigne Touba, prédit «la chute imminente du grand arbre qui fait autant de bruit». L’allusion à son «père spirituel et Maître en politique» ne fait l’objet d’aucun doute. Curieusement, selon des sources concordantes, Idy a demandé, en privé, à Serigne Bara de prier «pour le raffermissement de ses relations avec Gorgui». Double langage ? Comme tout homme blessé dans son amour-propre, Me Wade, décidé à laver l’affront, envoie Me Madické Niang en mission commando. Histoire de marquer à la culotte Idrissa Seck et «contenir ses capacités de nuisance». Mais, il ressort des informations, glanées ici et là, que Serigne Bara, fort de son statut de Khalife de Serigne Touba, a été inflexible. Une sorte de pied de nez au «Talibé-Président» qui croyait, peut-être, que Touba était sa chasse gardée.
Quand feu Serigne Saliou était tête de liste …
En somme, la visite d’Idrissa Seck n’a fait qu’en rajouter à une «situation déjà fort explosive qu’il faudrait prendre à bras le corps pendant qu’il est encore temps». En effet, les «disciples sans calcul» sont, de plus en plus, nombreux à «prier intensément» pour «le retour à la Fatwa» de feu Serigne Saliou qui interdisait la politique à Touba». Pourtant, insiste un Mbacké-Mbacké établi à Touba, afin certainement que nul n’en ignore, «les hommes politiques ont toujours fréquenté Touba, mais jamais le ridicule n’a aussi été poussé et les marabouts autant exposés à la critique de leurs disciples». Le point culminant a d’ailleurs été atteint, selon notre interlocuteur, lors des dernières élections locales, quand «le Pds a commis le péché de faire de feu Serigne Saliou Mbacké la tête de liste de la Coalition Sopi». Sans parler du duel à fleurets mouchetés ayant opposé, en son temps, l’actuel Khalife au nommé Baye Sy à propos d’une visite de Karim Wade, à Touba, où il était le parrain de «Journées de propreté». Quid, maintenant, du Pds qui a fini de transposer, au niveau local, les querelles qui le minent l’échelle nationale ? Là, tranche sur le vif notre interlocuteur, «la coupe est pleine et Touba en a, aujourd’hui, assez des intrigues des hommes politiques qui polluent et souillent notre ville sainte». Quant aux «Grands Projets» de Me Wade pour la ville sainte, notre interlocuteur martèle : «Les Mourides ont prouvé, depuis longtemps, leurs capacités à prendre en charge leurs problèmes». Il n’en dira pas plus. Alors, demain la «renégociation des termes du contrat» entre l’Alternance et Touba ?
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