Il y a deux ans, un jeune Sénégalais, étudiant à Strasbourg, avait réussi à mettre la République sens dessus dessous. Pape Malick Ndiaye que la presse surnomma ‘le corbeau’, en référence à l’affaire Clearstream qui avait cours en France avait, en effet, jeté un gros pavé dans la mare en faisant des révélations à forte odeur de soufre sur des versements réels ou supposés de pots-de-vin à Abdoulaye Baldé, Secrétaire général de la Présidence de la République et, par ailleurs, Directeur exécutif de l’Anoci. Après un détour en prison, Pape Malick Ndiaye qui avait, entre-temps, bénéficié d’une liberté provisoire a pris le large pour se retrouver en Europe. Hier, en marge d’une visite qu’il effectuait à la Direction des passeports, le Président de la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion et (Cnlcc) a révélé que le rapport a été déposé sur la table du chef de l’Etat. ‘Nous avons fait un rapport sur ce dossier et celui de Baïla Wane de la Lonase. Les conclusions ont été transmises au président de la République. C'est à lui d'en décider.Actuellement, nous ne pouvons pas dévoiler à travers la presse ce que nous avons retenu mais sachez que les dossiers ont été bien traités’, a dit sommairement Abdoul Aziz Bâ. Comme pour se désoler des bornes de son périmètre de compétence, l’ancien juge déclare que ‘malheureusement, notre pouvoir est très limité, nous ne pouvons pas dire que telle personne est corrompue. Notre rôle est de faire une enquête et d'envoyer le rapport au président de la République. Nous avons demandé, en vain, qu'on nous donne des pouvoirs pour mieux prendre les choses en main’.
Pour ce qui est de la corruption, selon l'ex-président du Conseil d’Etat, le marché public constitue le point saillant de ce dernier phénomène et de la non-transparence dans notre pays. Autrement dit, la commande publique constitue la gangrène du système. Pour Abdoul Aziz Bâ, il y a beaucoup de manquements dans ce secteur. Il en constitue même ‘le centre de gravité’. Mais, promet-il, ‘nous allons lutter contre les pots-de-vin versés par les grandes entreprises de construction afin de gagner des marchés de travaux’.
Sur l’opportunité d’une visite des services de la direction des passeports, le président de la Cnlcc se veut sans ambages. ‘Nous avons été saisis par des Sénégalais qui nous ont dit qu'il y a une non-transparence sur le travail qu'effectue ce service. C'est pourquoi, nous avons jugé nécessaire de descendre sur le terrain pour constater les faits’, explique-t-il. Mais, renseigne l'ancien président du Conseil d'Etat, ‘cette visite sur le terrain nous a permis de constater que ces informations sont totalement fausses. Parce que l'entretien que j'ai eu avec le commissaire Codé Mbengue (Directeur des passeports et titres de voyage, Ndlr) m'a permis de mieux comprendre le fonctionnement de cette administration que nous jugeons très positif’.
Du côté du bureau des passeports, l’on s’étonne de ces accusations qui ont motivé le déplacement des ‘gendarmes’ anti-corruption. Codé Mbengue, ancien directeur de la Police judiciaire et patron de cette administration se dit très surpris de ces dénonciations. ‘Il ne peut pas y avoir de corruption dans notre travail puisque tout est numérisé ici. On ne reçoit pas de l'argent au bureau des passeports, les demandeurs payent le timbre à partir des domaines. On se charge seulement de la production’, se défend le Commissaire Mbengue.
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