Les faits sont suffisamment nombreux et graves qui édifient sur la volonté manifeste de Me Abdoulaye Wade de remporter, de manière irrégulière, l’élection présidentielle de 2012. Cette assertion est du Comité électoral de Benno Siggil Senegaal (Bss) qui a tenu une conférence de presse hier, au siège de la Ligue démocratique (Ld), pour sonner l’alerte face à ce qu’il considère comme une menace contre la prochaine présidentielle au Sénégal. Mais, Niasse, Tanor, Bathily et Cie n’entendent pas se laisser faire, avertit-on du côté de la plus grande coalition de l’opposition.
Selon le président du comité électoral de Bss, les dysfonctionnements, irrégularités et incongruités constatés lors de la dernière révision ordinaire des listes électorales, du 1Er février au 31 juillet 2010, sont notoires et lourds de conséquences. ‘La période de six mois fixée par le ministère de l’Intérieur pour la révision des listes électorales est une violation flagrante de la loi en ce qu’elle est contraire aux dispositions du Code électoral, en ses articles L.35, R.17, R.21, R.29, et R.30 ’, corrobore Ousmane Badiane.
Lequel soutient que la raison invoquée par le ministère en charge des élections pour justifier le bien fondé de cette durée relative à la révision des listes, était de permettre à un maximum de Sénégalais de s’inscrire pour qu’il y ait un vote massif en 2012. Or, au final, le constat, selon lui, jure d’avec cette volonté exprimée par les autorités d’amener massivement nos compatriotes à s’acquitter, le moment venu, de leur droit civique.
En effet, soutient le ‘Monsieur Elections de Benno’, les inscriptions enregistrées sur l’étendue du territoire, durant cette période de révision, sont les plus faibles de l’histoire politique du Sénégal. Chiffres à l’appui, Ousmane Badiane brandit les statistiques fournies par la Commission électorale nationale autonome (Cena). Celles-ci renseignent qu’il y a eu, au total, 18 921 nouveaux inscrits. Ce qui donne, à l’échelle locale, 35 inscrits par collectivité locale. ‘Cela est absolument ridicule !’, ironise le 1er adjoint au président du Conseil régional de Dakar. Et d’en conclure que l’objectif de l’Etat n’est donc pas atteint, non sans dénoncer une clôture anticipée de la révision des listes électorales puisque les nouvelles inscriptions ont pris fin le 10 juillet dernier au lieu du 31 juillet, date initialement arrêtée.
‘Les Sénégalais ont été surpris de constater que la durée de la période des révisions des listes électorale a été écourtée (…). Cette situation est d’autant plus incompréhensible que c’est précisément au moment où l’on a annoncé le déblocage de la production des cartes nationales d’identité, que l’arrêt des inscriptions est intervenu brutalement, pour empêcher les populations de s’inscrire massivement’, se désole le président du comité électoral de Benno.
Sur ce point précis de la délivrance des cartes nationales d’identité, la coalition de l’opposition est d’avis que le régime en place a bien ourdi son plan dans la perspective d’un hold-up électoral qu’il veut perpétrer pour le compte de son futur candidat. Benno justifie son accusation par le fait qu’au moment où démarraient les inscriptions sur les listes électorales, les Sénégalais avaient toutes les peines du monde à obtenir leur carte d’identité nationale numérisée. Ce qui est plus grave, soutiennent les adversaires politiques de Wade, c’est le fait que jusque-là, le ministère de l’Intérieur n’a daigné donner aucune explication sur les raisons du blocage de la production des cartes d’identité numérisées.
Autre grief porté contre le pouvoir par la coalition de Benno, ce sont ‘les nombreuses audiences foraines qui ont été organisées bien avant le démarrage des inscriptions sur les listes électorales sans aucune publicité’. A en croire Ousmane Badiane, cela n’a profité qu’au régime libéral puisque celui-ci en aurait profité pour faire le plein dans son camp grâce à une stratégie consistant à octroyer à ‘des non-Sénégalais la nationalité sénégalaise’.
Last but not least, la nomination de Cheikh Tidiane Diakhaté à la tête du Conseil constitutionnel et le retour d’Ousmane Ngom au ministère de l’Intérieur ne sont rien d’autre pour Bss qu’une provocation de plus puisque, selon Ousmane Badiane, ‘Wade sait en âme et conscience que l’opposition les récuse et n’acceptera pas le fait accompli’.
Eu égard à tout cela, les partis membres de Bss préparent activement leur stratégie pour contrecarrer le plan de Wade. Ousmane Badiane en a, en tout cas, fait la révélation pour dire que rien ne sera ménagé et que le peuple sera mobilisé autour d’une telle ’action citoyenne’. Mais que l’on ne compte pas sur lui pour dévoiler leur plan de bataille. Pour des raisons de stratégie, l’opinion en sera édifiée ultérieurement.
LE JEU FLOU DE BATHILY ET CIE : Les contradictions de Benno
Le jeu de questions-réponses, hier, entre la presse et le Comité électoral de Benno a révélé bien des contradictions chez les adversaires politiques de Me Wade. Tout en récusant de manière péremptoire Ousmane Ngom comme ministre de l’Intérieur, Benno n’en soutient pas moins qu’elle est prête à rencontrer ce dernier si celui-ci en prenait l’initiative. ‘Nous le récusons, il est vrai, mais s’il nous appelle pour discuter du processus électoral, nous irons l’écouter et nous verrons’, précise le conférencier.
Concernant la Commission électorale nationale autonome, le Comité électoral de Benno Siggil Senegaal est d’avis que celle-ci peine à jouer son rôle de supervision et de contrôle des élections. Selon Ousmane Badiane et ses camarades, ‘la Cena a tous les pouvoirs, est autonome, mais elle se heurte au refus du pouvoir de jouer franc jeu’. Malgré tout, la structure de supervision des élection doit continuer, selon Benno, à exister.
Enfin, c’est sur un peuple dont ils se désolent de la passivité devant plusieurs affronts, que les responsables de Benno comptent pour faire reculer Wade dans son projet de faire un ‘hold-up électoral’.
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