Walf Grand-place - A 23 semaines des élections présidentielles et législatives de 2007, les déclarations de candidature fusent d’un peu partout. Et la dernière en date est celle du marabout Serigne Modou Kara Mbacké. Pourtant, si l’on se fie à l’esprit de la Constitution de janvier 2001 notamment en ses articles 4 et 28, cette candidature pourrait soulever moult interrogations. En fait, la candidature de Kara est-elle recevable ?
Serigne Modou Kara Mbacké veut être président de la République du Sénégal. C’est pourquoi il a décidé d’officialiser sa candidature à la présidentielle du 25 février 2007. C’est en tout cas ce qu’affirment ses proches (voir Walf Grand-place n°243 du lundi 18 septembre 2006). Et personne ne peut dénier au président du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) de briguer les suffrages des Sénégalais. C’est d’ailleurs son droit le plus absolu. Toutefois, à y regarder de plus près, l’on peut bien se poser des questions sur la recevabilité de la candidature de Serigne Modou Kara. En réalité, la grande question qui risque de se poser d’ici les prochaines semaines, c’est celle de savoir si la candidature du président du Pvd respecte les exigences fixées par la Constitution du 7 janvier 2001, notamment en ses articles 4 et 28. En effet, l’article 28 de la Constitution votée en janvier 2001 souligne que « tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civiques et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin et savoir lire et écrire couramment dans la langue officielle ». Si le président du Parti de la vérité remplit les conditions liées à la nationalité, aux droits civiques et politiques, à l’âge, il reste qu’il y a des questions à se poser sur la dernière exigence de l’article 28. La grande question est en effet celle de savoir si Kara sait « lire et écrire couramment dans la langue officielle ».
En tout cas, ceux qui connaissent le président du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) savent qu’il est très loin d’être un as du français, la langue officielle du pays. Toutefois, même s’il reconnaît qu’il s’agit là de « vraies questions » à se poser, le Constitutionnaliste Abdoulaye Dièye tient à préciser que l’on ne demande pas au candidat de parler un français académique. « Et même s’il fait des fautes, l’essentiel, c’est qu’il puisse faire lire et écrire la langue officielle », tient à préciser Abdoulaye Dièye. Mais ce qui semble le plus intriguer Abdoulaye Dièye, c’est de savoir qui va vérifier qu’un candidat sait lire et écrire. Car, dit-il, le Conseil constitutionnel ne fait que recevoir des dossiers de candidature. « Il (Ndlr : le Conseil constitutionnel) ne fait pas d’audition », souligne le constitutionnaliste. En outre, l’article 4 de la Constitution souligne que « les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils sont tenus de respecter la Constitution ainsi que les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Il leur est interdit de s’identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion, à une secte, à une langue ou à une région... ». Or, il est connu de tous que Serigne Modou Kara et son parti s’identifie à la confrérie mouride. Même si le Pvd reste un parti ouvert à tous les Sénégalais.
0 Commentaires
Participer à la Discussion