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Politique

PRIVATISATION DES FORAGES RURAUX : Mansour Ndiaye cogne Lansana Gagny Sakho

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PRIVATISATION DES FORAGES RURAUX : Mansour Ndiaye cogne Lansana Gagny Sakho

« Dans une démocratie, la fonction la plus importante est celle du citoyen », disait le juge Louis BRANDEIS. 
Je demande solennellement aux honorables députés, de nous éclairer sur les modalités de cette privatisation et sur ces piètres résultats. 

En effet, il est temps d’observer que le Sénégal est à la croisée des chemins et la deuxième alternance n’a pas fini de brouiller les pistes du nouvel « espoir » au lendemain du 26 mars 2012. Après quatre ans de pouvoir, l’horizon s’assombrit et les options sont brouillées par des actes qui rappellent d’autres époques. L’âpreté des batailles électorales et la persistance du combat pour le développement, nous indiquent plus de responsabilité dans les véritables choix de l’avenir pour dépouiller toute absurdité à la vie politique nationale, économique, culturelle et sociale. 

L’économie et ses perspectives ne sauraient ne pas être au service de l’homme. Ce qui nous amène aujourd’hui à dire que la croissance n’est pas une fin en soi. Une croissance gagne toujours en légitimité si elle se fige dans les vertus de la « justice distributive ». 

On se le rappelle, « Madame moulin » et « Monsieur forage » ! 

Tellement la question de l’hydraulique rurale était lancinante et avait fini de trouver des voies de solutions sous les magistères des Présidents Abdou Diouf et ensuite, Abdoulaye Wade. Le gouvernement de la première alternance trouva tout un dispositif porté par les ASUFORS (en charge de la gestion des forages ruraux). La gestion de l’hydraulique rurale a fini de convaincre les populations que la gestion communautaire avait ses limites mais également ses avantages.

Les populations se sont exercées à la gestion avec la mise en place des ASUFORS qui ont pu gérer l’entretien et les affaires courantes des forages ruraux. Avec la création de l’OFOR, par la loi 2014-13 du 28 février 2014, l’idée de la privatisation fût lancée et par la suite une société de droit privé se voit attribuée la gestion des forages ruraux au Sénégal. La société devait investir afin de stabiliser la gestion des infrastructures et rendre meilleur la qualité de l’eau, récupérer les sommes colossales gérées jadis par les ASUFORS, et professionnaliser le dispositif. Ainsi, un protocole fut signé le 24 mars 2016 avec l’Association des Maires du Sénégal (AMS), déterminant les mesures transitoires « pour impliquer l’AMS dans le processus de gestion  actuelle des ouvrages hydrauliques à travers les ASUFORS »[[1]]url:#_ftn1 . 

En réalité, privatiser n’est pas mauvais en soi ! Mais quand la privatisation n’a aucune plus value sur la gestion et les investissements, il est loisible de se demander si c’est la peine de la consacrer. Il est clair que cette privatisation rampante de l’eau rurale a des conséquences drastiques sur le panier de la ménagère. On peut citer entre autre questions posées par les populations qui se préparent dans bien des localités à la résurrection rurale autour de l’eau, la flambée des prix. Les prix sont passés du simple au double. Les populations méconnaissent les modalités de facturation car elle n’est guère transparente. Mais elles peuvent constater toute augmentation. Les comités d’initiative qui se mettent en place sur l’ensemble du territoire proteste contre des factures qui sont passée de 5000 F à 15 000 F devenant 3 fois plus chère qu’à la période faste de la gestion communautaire malgré la baisse du mètre cube de 300 F à 275 F CFA[[2]]url:#_ftn2 . 

Déjà dans la vallée du fleuve Sénégal, où comme le dit le célèbre chanteur « l’eau coule à flot », un walo-walo ne peut pas comprendre devoir payer une facture d’eau plus chère que celle des habitants de Dakar qu’il alimente en eau à partir du Lac de Guiers. De même, il est difficile de comprendre que les villages tout autour de l’usine des eaux n’aient pas accès à une eau potable alors que l’eau coule orgueilleusement vers Dakar. C’est un des paradoxes de l’iniquité des politiques publiques et également de la privatisation en cours. 

Le Directeur de OFOR est monté récemment au créneau dans le magazine Nouvel Horizon du mois de novembre 2016 pour sermonner TOUBA, la sainte et se rebeller contre le refus du paiement de l’eau à Touba.  

Touba a toutes les raisons de résister à la privatisation galopante, perçue comme une démission de l’Etat face à ses devoirs de services publics, tant qu’elle n’a pas accès à une eau de qualité et qu’elle n’a pas d’assurance que les privés ne vont pas devenir les MANITOU d’une denrée aussi essentielle que l’eau pour les prendre en otage. 

Sa requête, celle du DG de l’OFOR, peut s’avérer légitime mais la privatisation qui exclue les populations et les met en état de subir le diktat des entreprises privées, soucieuses que de leur profit, ne rime pas avec cette exigence. Touba a raison de se constituer en bouclier, pour les intérêts des autres populations des collectivités locales pour mettre la pression sur le délégataire et l’OFOR afin d’exiger : 


-une tarification responsable et transparente ; 
-une gestion de l’eau qui associe les citoyens du fait que les populations ont eu à participer à l’élan des investissements pour l’accès à l’eau dans leur terroir ; 
-la réalisation des investissements promis par le délégataire et aux fins d’amélioration de la qualité de l’eau ; 
-la stabilisation des branchements à un niveau socialement acceptable ; 
-la formation et qualification des jeunes des localités pour une préférence locale en matière de recrutement ; 
-la mise en place d’une structure autonome de suivi des engagements liés à la privatisation. 
Sans cela, il sera difficile de contenir la grande colère rampante des populations qui rappellent le cauchemar des politiques de privatisations des années 90. Abdou DIOUF l’a appris à ses dépens ! 
Il est essentiel de rappeler que notre économie n’est la résultante ni d’une loi naturelle, encore moins d’une fatalité. La marche a été le fruit d’essais et d’échecs mais en aucun moment le dialogue avec les citoyens n’a cessé. On ne peut se permettre dans une économie de rompre le contrat ou d’exclure le citoyen. Ce dernier est au centre des actions et c’est parce qu’il est au centre, que toute approche novatrice doit être inclusive et transparente. 

Mansour NDIAYE 
Président Union pour la Démocratie et la Réforme 
(URD) Dooley Yaakaar

 
[[1]]url:#_ftnref1 Protocole entre AMS et OFOR en date du 24 mars 2016.
[[2]]url:#_ftnref2 Cas des communes de Ross-Béthio,  de Mbakhana (dans le Diama)



5 Commentaires

  1. Auteur

    President Asufor

    En Novembre, 2016 (16:46 PM)
    Merci Mr NDIAYE,

    la reforme sur l'eau est une véritable arnaque orchestré par l'ofor et les privés.

    Dans ce projet, l'état cherche des impôts, les mairies des redevances et les privés des marges bénéficiaires.

    Les populations auront :

    - Une eau plus chére

    - la même qualité de l'eau.



    Pour moi, la reforme peut résoudre dans certains cas les problèmes d'eau .

    Mais la gestion des forages doit resté aux populations et l'état devrait former les asufors dans la gestion des AEP.

    Par exemple, l'asufor que je dire a réussit de 2013 à 2016 de passer de 350 par mètre cube à 200 pour les ménages , 150 pour l'agriculture et une bonne assise financière avec une équipe jeune mais rigoureuse et transparente.

    Nous attendons, comme presque partout dans le monde rurale, l'ofor et nous allons lutter contre ce projet.



     :emoshoot:  :emoshoot: 
  2. Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2016 (17:54 PM)
    Laisser la gestion de l'eau dans le monde rural à des privés me paraît surréaliste. Cette perspective est en contradiction avec le PSE, le PUDC et l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire, Cette privatisation est plus une malediction que le pétrole. Elle justifie plus une projet d'appauvrissement des paysans et du monde rural. Un monde rural qui perd de plus en plus l'emprise sur le foncier arable et qui doit payer l'eau. Les forages étaient au départ et toujours un moyen d'améliorer les conditions de vie des ruraux surtout des femmes et de permettre après la satisfaction des besoins en eau potable une agriculture abondante en toute saison en fixant les jeunes ruraux dans leur terroir. Avec cette privatisation, on crée une autre caste de riche dont l'enrichissement peut bien être qualifié d'illicite. Qu'est-ce qu'ils font ces privés sinon maquiller une nouvelle forme de métayage. Ils n'ont pas construits des forages. Ils ont juste sauter sur une opportunité où les risques sont moindres avec une possibilité d'engranger plus de benefices non pas au profit des communes rurales mais des villes. Ces privés n'accepteront jamais de se tourner vers les comités de santé dont la gestion est assimilables aux gestions antérieures des forages. Ces privés vont-ils construire des écoles dans le monde rural et amenuiser les abris provisoires? Ces privés vont-ils soutenir l'éducation des enfants de paysans qui font souvent quotidiennement des kilométres pour parvenir à leur école? Ces privés vont-ils soutenir l'alphabétisation? Ces privés vont-ils soutenir la santé notamment des femmes rurales? Il est plus sur de les voir se constituer à des "hydrodollars" à côté de leurs cousins pétrodollars. En réalité, ils font la même chose

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    Auteur

    Malosn

    En Novembre, 2016 (22:23 PM)
    Son papier est bourré de parti pris, de conclusions non étayées et d'accusations gratuites.... le tout enveloppé dans un manteau de populisme politique. :on aurait offert l'eau qu'il aurait demandé à ce qu'on fasse boire les populations.

    C'est tromper les populations que de leur faire croire qu'ils peuvent et doivent disposer d'eau sans bourse délier. :la vérité des coûts est bien réelle et doit être appliquée si nous voulons une eau de qualité et de manière pérenne.

    Si maintenant il a des cas précis il n'a qu'à les détailler nous les condamner ont volontiers avec lui.
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    Auteur

    Joox

    En Novembre, 2016 (23:52 PM)
    à Malosn :

    Notre forage a été réalisé en 1994 par World Vision International pour le GPF des femmes du village qui y avaient investi toutes leurs économies.

    C'est en 2002 que le Luxembourg a construit le château-d'eau branché sur le forage qui alimente aujourd'hui 34 villages et le m3 est vendu à 200 F CFA par l'Asufor.

    La privatisation aura pour nous 3 effets néfastes :

    - une spoliation du bien des femmes ;

    - une hausse des tarifs (200 F actuellement) qui vont osciller entre 300 F et 450 F CFA selon les tranches ;

    - un appauvrissement accentué du monde rural.

    Une telle privatisation ne vise pas l'intérêt des populations rurales mais plutôt celui du privé et peut-être du ...

    Dans ce dossier, je pense que le Président de la République n'a pas été correctement informé ou a été très mal conseillé ou même abusé.
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    Auteur

    Facts Only

    En Novembre, 2016 (09:20 AM)
    Je sens effectivement des relents de populisme dans cet article.

    Pour moi la question qui mérite d'être posée est la suivante : est-ce qu'avant la privatisation, les populations avaient accès en continu à une eau de qualité, en payant des factures de 5000 FCFA.

    Si la réponse est affirmative, alors effectivement, la privatisation vient apporter une solution là où il n'y a pas de problème, par conséquent elle crée un problème.

    Si en revanche, la privatisation est motivée par le fait que les populations en question avaient un problème d'accès à l'eau potable et productive (en payant des factures de 5000 FCFA), alors la privatisation vient régler un problème, et cela implique un coût si les populations ont envie d'accéder en continu à l'eau potable et productive.

    Tout le reste n'est que verbiage et ressemble plus à une tentative de récupération politique.

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