Proche de Khalifa Sall ces dernières années : Alioune Ndoye roule désormais pour Tanor

Lieutenant du maire de Dakar hier, Alioune Ndoye a reconsidéré sa position vis-à-vis de Khalifa Sall depuis le dernier référendum. Dans le duel à distance que se mènent Tanor et Khalifa, le maire de Plateau semble rouler désormais pour le premier.    

 «Tanor n’est ni le candidat naturel ni le candidat surnaturel du Ps»

Dans son duel à distance face à Ousmane Tanor Dieng, Khalifa Sall semble avoir perdu un de ses plus fidèles lieutenants, en la personne de Alioune Ndoye. L’édile de Dakar-Plateau a finalement semble-t-il choisi le camp du secrétaire général du Parti socialiste, partisan du maintien du parti de la coalition Benno bokk yaakaar. Aujourd’hui, le Lébou au teint clair se permet même de lâcher quelques piques au maire de Dakar. «Le Ps ne gère pas des individualités», glisse-t-il, faisant allusion à Khalifa Sall, lors d’un meeting, samedi à Plateau, sous le regard de celui qui est considéré par certains comme l’«ennemi» du maire de Dakar en l’occurrence le ministre de la Gouvernance locale Abdoulaye Diouf Sarr. Pourtant, entre Alioune Ndoye et Khalifa Sall, le rapprochement s’est effectué en 2009 dans le cadre de la coalition Benno Siggil Sénégal (opposition). Ils réussissent à prendre des galons en politique. Le premier devient le maire de Dakar-Plateau tandis que le second s’empare de la stratégique fonction de maire de Dakar. Petit à petit, Khalifa Sall tente d’imprimer sa marque au sein du Ps et s’entoure des maires socialistes de la capitale. Alioune Ndoye et Bamba Fall plus tard seront ses lieutenants de choix.   

Il fait de l’ombre au patron du Ps. Au moment où il s’apprêtait à être investi comme candidat du parti à la Présidentielle de 2012, Ousmane Tanor Dieng reçoit un coup du clan de Khalifa. Dans sa stratégie de politique du silence, c’est un des proches qui se charge d’affaiblir le futur candidat du Ps. «Tanor n’est ni le candidat naturel ni le candidat surnaturel du Ps», rappelle Alioune Ndoye, dans le quotidien Walfadrjri le 15 avril 2010. Cette sortie qui semblait faire croire à l’opinion que Ousmane Tanor Dieng ne fait plus l’unanimité au sein du Ps, va beaucoup affaiblir le candidat de Benno ak Tanor.

Pro-Khalifa invétéré

Après la défaite de Tanor en 2012 classé quatrième, l’entourage du secrétaire général du Ps reprochait aux proches de Khalifa Sall comme Alioune Ndoye de ne pas avoir mouillé le maillot. Au sein du régime de Macky Sall, on prête à Khalifa Sall des ambitions présidentielles. Après les échecs de Tanor en 2007 et 2012, le maire de Dakar est poussé par certains militants à aller défier l’actuel chef de l’Etat en 2019. La question de la candidature agite le Ps. Alioune Ndoye met la pression sur Tanor : «Il est de l’intérêt du Ps de vider cette question. Si nous devons avoir un candidat, il faut que cela soit acté maintenant parce que le temps sera contre nous», déclarait-il à l’émission Sortie de Walf Tv, le 5 juillet dernier. Il est accusé par le député Cheikh Seck, proche de Tanor, de jouer en faveur de Khalifa Sall. «Ces gens visent le calendrier de quelqu’un. Ils veulent coûte que coûte nous imposer ce quelqu’un. Mais personne ne peut mettre la pression sur le parti», répondait le maire de Ndindy. Alioune Ndoye en remettait une couche en soutenant que la modification du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale entérinée en juin 2015, ciblait le Ps. Une loi qui a semé une division au sein du parti car si la plupart des parlementaires socialistes l’ont adoptée, des proches du maire de Dakar comme Idrissa Diallo et Aminata Diallo ont voté contre. À coup sûr, Alioune Ndoye était du camp du maire de Dakar. Après les Locales de 2014 gagnées avec brio, Khalifa Sall fait de Alioune Ndoye, son candidat à l’élection du président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), contrairement à la ligne du Ps, qui à travers son porte-parole, Abdoulaye Vilane a décidé de porter son choix sur Aliou Sall de l’Apr. En contrepartie, Alioune Ndoye exprime sa loyauté à Khalifa Sall en s’investissant dans les combats du maire de Dakar contre le gouvernement (Emprunt obligataire, aménagement de la place de l’indépendance…)          
   
Référendum, il tacle Khalifa et tresse des lauriers à Tanor  

Cependant, il a fallu l’organisation du référendum du 20 mars dernier pour assister à la détérioration des relations Sall-Ndoye. Après avoir appelé à boycotter le scrutin sur sa page Facebook, le directeur de l’École du Parti socialiste rejoint finalement le camp de Tanor du «Oui» snobant le «Non» du maire de Dakar. Ce retournement spectaculaire lui vaudra d’être traité de «traitre» par des militants socialistes favorables au «Non» lors du Bureau politique mouvementé du 5 mars dernier. Il se défend : «Khalifa a ses opinions et j’ai les miennes.» En marge de son dernier meeting Alioune Ndoye rappelait le fossé qui le sépare aujourd’hui du secrétaire à la Vie politique du Ps : «Nous travaillons pour l’intérêt général et l’intérêt du Sénégal est au-dessus de tout. Nous ne pouvons pas gérer des questions individuelles.» Alioune Ndoye en a profité pour tresser des lauriers à Tanor. Il dira à Aida Sow Diawara :«Au Sg, vous lui direz la confiance que nous plaçons en lui. Si j’ai une immense estime pour lui, c’est parce qu’il dit toujours : « Nous ne travaillons pas pour des individualités, nous travaillons pour le Parti socialiste.» C’est pourquoi, nous l’estimons et le soutenons.» Et surtout, il sent le besoin de se débarrasser de l’expression pro-Khalifa qu’on lui colle : «Je ne suis pro de personne. Je suis pro du Ps.» Aujourd’hui, il est même accusé par un autre proche du maire de Dakar de vouloir semer la division au sein du Ps en tentant de vouloir écarter les maires qui ont voté «Non». «Je déplore aussi que des maires aient pu se débarrasser d’autres camarades socialistes parce qu’ils ont voté «Non.» «C’est inadmissible !», pestait Barthélémy Dias, non convaincu des arguments brandis par Alioune Ndoye pour justifier l’absence de Khalifa Sall et de ses proches lors du dernier séminaire de l’École du parti du 16 avril dernier.