Selon le directeur de la section sénégalaise d’Amnesty international qui a présenté le rapport à la presse sénégalaise, la preuve la plus éloquente de ce recul, c’est « la limitation du droit à la manifestation ». D’après lui, cette limitation qui doit être une exception est en train de devenir une règle au Sénégal.
De citer la manifestation pacifique organisée par des partis d’opposition et interdite par les pouvoirs publics avant d’être dispersée par les forces de l’ordre. Pis, note le rapport, « certains responsables politiques ont été frappés et placés en détention pour une courte durée. »
Le rapport d’Amnesty évoque également le cas d’Alioune Tine de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’hommes (Raddho). Au mois de juillet, Alioune Tine avait été détenu puis mis en liberté. Ce, sans être inculpé. Il s’agissait en fait d’une affaire d’armes déclassées découvertes dans les locaux du siège de la Raddho et qui avaient été remises à l’organisation de défense des droits de l’homme par la police dans le cadre d’une campagne contre la prolifération des armes. Est également noté dans le rapport les restriction à la liberté d’expression avec des arrestations et actes de harcèlement de journalistes.
Mais ce qui attire le plus l’attention dans le rapport d’Amnesty international, ce sont les mauvais traitements subis par certaines populations. Sont ainsi épinglés les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) dont les affrontements avec les soldats sénégalais sont à l’origine de la fuite de plusieurs civils vers des pays voisins. Pis, en Casamance, plus de 700 personnes sont tuées ou mutilées par des mines.
Et malgré les engagements pris par les autorités, aucun progrès n’a été observé, regrette le président de la section sénégalaise d’Amnesty international. « Des tortures et des morts en détention cette année encore, des cas de suspects torturés et soumis à d’autres formes de mauvais traitements dans les postes de police ont été signalés. Au moins une personne est morte en garde-à-vue. En avril dernier, Dominique Lopy, 23 ans, a été arrêté à Kolda par des policiers qui le soupçonnaient d’avoir volé un téléviseur. Lorsqu’il a été ramené chez lui pour une perquisition, sa famille a constaté qu’il portait des traces de coups. Il est mort en garde-à-vue le lendemain », rappelle Dr Lopy.
Il est urgent que les États agissent pour combler le gouffre béant qui sépare les promesses de leur réalisation, lance Seydi Gassama, directeur de la section sénégalaise d’Amnesty International. Le rapport 2008 d’Amnesty International montre « qu’aujourd’hui, 60 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme par les Nations Unies en 1948, il existe encore 81 pays au moins où des hommes et des femmes subissent des actes de torture ou d’autres mauvais traitements. 54 pays au moins où les procès ne sont pas conformes aux normes d’équité et 77 pays au moins où il est impossible de s’exprimer librement ».
0 Commentaires
Participer à la Discussion