Réseau de transfert d'électeurs Dakar- Matam : Les aveux circonstanciés d'un convoyeur

A Matam, une entreprise de fraude, sous la forme de transfert d’électeurs de Dakar, a été découverte par la Coalition Siggil Senegaal. L’un des convoyeurs de «bétail électoral» est passé aux aveux et a même accepté que notre correspondant écoute sa conversation téléphonique avec son complice dakarois.

Son nom de code est Ousseynou Diaz, domicilié à Yeumbeul. Un homme ordinaire, comme tant d’autres, à la seule différence près qu’il loue ses services aux politiques à la veille de chaque élection. C’est ainsi qu’un politicien de la région de Matam a fait appel à ses services pour une mission bien périlleuse : faire inscrire des Dakarois sur les listes de électorales de Matam et de Podor et les faire voter dans certaines localités de ces départements, plus précisément à Ourossogui et à Galoya. Malheureusement, un de ses proches le «vendra» aux éléments de la Coalition Siggil Senegaal. S.K, ayant la langue pendue, a fait part de son entreprise à un camarade d’école coranique qui se trouve être un leader du Parti socialiste (Ps). Celui-ci, usant des sentiments et de persuasion réussit à le convaincre à renoncer à son projet et même à retourner sa veste et servir, par ricochet, leur cause. Cuisiné devant votre fidèle serviteur, il a laissé entendre qu’ils en sont à leur deuxième opération. La première ayant eu lieu aux dernières législatives, malgré le boycott de l’opposition, mais a juste concerné la localité de Galoya dans le département de Podor. Venu en éclaireur s’enquérir de l’état du terrain, il révèle devant ses nouveaux amis que «pour la présente opération, la destination est Ourossogui et Galoya». En échange de cette sale besogne, «chacun de nous recevra 20 000 francs», explique-t-il. Ils auraient même reçu une avance de 10 000 francs chacun; le reste, ils le recevront après les élections, une fois la mission bien accomplie.
Pour prouver sa bonne foi aux membres de la Coalition Benno Siggil Senegaal, S.K a même accepté de se faire enregistrer. Poussant la «collaboration» jusqu’à son paroxysme, il appellera le nommé Diaz basé à Yeumbeul. Ce dernier l’informe au téléphone que leur départ est prévu dans la nuit du vendredi au samedi. Mais, l’enthousiasme de M. Diaz sera de courte durée, après que sa «seconde main» lui a fait part de la situation et de son inquiétude, à savoir que «les jeunes de la localité de Ourossogui se sont mobilisés pour torpiller leur entreprise et que le mieux, c’est de renoncer à venir». L’homme à l’autre bout du fil ne se l’est pas fait répéter deux fois. Il répondra ainsi : «Puisque qu’il en est ainsi, nous gelons l’étape de Matam pour nous limiter à Galoya.»

Correspondant