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Politique

Résultats provisoires des législatives : Le raz-de-marée de la honte

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Résultats provisoires des législatives : Le raz-de-marée de la honte
Ce n'est pas le titre d'une fiction politique. Mais bien une réalité vécue après la proclamation, par la Commission nationale de recensement des votes, des résultats provisoires issus du scrutin législatif du 3 juin dernier et qui créditent la Coalition Sopi de 131 sur les 150 sièges de députés à pourvoir dans la future chambre.

Les résultats provisoires du scrutin du 3 juin dernier rendus publics hier par la Commission nationale de recensement des votes ont dû donner la chair de poule à tout Sénégalais encore épris de quelque scrupule démocratique. Cent trente-et-un députés sur les 150 sièges de l'Assemblée nationale à pouvoir : ces résultats auront le don de nous ramener des décennies en arrière. C'est-à-dire au moment où l'encombrante Ups/Ps se taillait la part du lion dans une Assemblée nationale où l'opposition de l'époque (Pds, Rnd) se contentait de la portion congrue. On devrait être dans les années 1978.

Cent trente-et-un députés sur une Assemblée qui devra en compter 150, le Sénégal de 2007 méritait mieux. Surtout après une alternance réussie et chantée partout à travers le monde comme une rupture avec les pratiques des Républiques bananières nées des indépendances. Après un taux de participation qui s'est finalement avéré être le plus bas de l'histoire politique (34,75 %, contrairement à ce qui pourrait être un mensonge d'Etat et qui tablait sur 38% ), après un raz-de-marée bleu qui devrait plus faire rougir que pavoiser, l'écrasante majorité des Sénégalais sont, aujourd'hui, dans leurs petits souliers en se demandant quelle gueule ils devraient avoir avec ces résultats qui nous rappellent la préhistoire de la démocratie.

Tout cela, par la faute d'une classe politique moyenâgeuse qui résiste à opérer sa catharsis. Une nomenklatura politique qui refuse d'opérer les mutations nécessaires en regardant moins son nombril que l'intérêt général.

Résultat des courses : aujourd'hui, dans la sous-région, nous sommes devenus les derniers de la classe, la lanterne rouge des systèmes démocratiques. Si on en est arrivé à ce résultat de la honte, c'est bien à cause de ce dialogue de sourds dans lequel pouvoir et opposition représentative se sont emmurés au nom d'enjeux auxquels les citoyens sont, totalement, étrangers.

Et au niveau de l'échelle des responsabilités, le pouvoir devrait se tailler une bonne place. Ce pouvoir qui a refusé, obstinément, d'ouvrir des passerelles de dialogue pour permettre de discuter, entre responsables, de tous les sujets contentieux et de dépasser des futilités dont le Sénégal d'après 2000 aurait bien pu faire l'économie. En 2007, être là à discuter de la fiabilité du fichier électoral, de la distribution tendancieuse des cartes d'électeurs, de la composition partisane des bureaux de vote, de la neutralité de l'administration..., c'est insulter l'histoire. Le refus du pouvoir de s'asseoir avec l'opposition autour d'une même table pour vider les questions en litige est une faute lourde. Le jusqu'au boutisme de l'opposition tendant à dire ‘tout ou rien’ est une erreur politique qu'elle paiera cash. Et de ces deux extrêmes est née une Assemblée nationale, véritable monstre institutionnel : un seul groupe parlementaire qui distribue postes et privilèges, une majorité mécanique et à la solde de l'Exécutif qui aura tout loisir de faire passer les lois les plus ignominieuses et les plus impopulaires. Parce que, même si Fada, Robert Sagna et Landing Savané décidaient d'unir leurs forces pour constituer un groupe politique, le règlement intérieur de l'Assemblée nationale constituerait un blocage. Cette loi organique fixe, en effet, à un dixième le nombre de députés requis pour constituer un groupe parlementaire. Le calcul donne 15 députés. Et vu les sensibilités et origines politiques des 19 députés dits de l'opposition parlementaire, il serait illusoire de penser qu'ils pourraient constituer un groupe homogène pour faire contrepoids aux velléités hégémoniques de la majorité.

Et que dire du contrôle du gouvernement par l'Assemblée nationale dont les commissions d'enquête parlementaire constituent les corollaires ? Ce contrôle sera, simplement, inexistant. Parce qu'il serait, tout de même absurde, d'imaginer, un seul instant, une Assemblée, bleue dans sa quasi-totalité, se tirer une balle dans les pattes au nom d'une prétendue obligation de transparence ou de bonne gouvernance.

Maintenant, le vin est tiré ; il faut le boire. Et jusqu'à la lie ! Dites, donc, qui pourrait faire la Perestroïka au Sénégal ?



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