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Politique

RAPPORT A LA VERTU - Djibo Kâ, Iba Der Thiam et Ousmane Ngom : Les visages de la déliquescence morale

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RAPPORT A LA VERTU - Djibo Kâ, Iba Der Thiam et Ousmane Ngom : Les visages de la déliquescence morale

C’est en dehors de toute morale ou éthique que se déroule, ce que Latif Coulibaly désigne comme une prise d’otage organisée du projet démocratique national, confisqué par une classe politique qui use de la supercherie pour jeter un voile opaque sur la tortuosité dans les comportements. Pour le journaliste-écrivain, des hommes politiques, aux «parcours tortueux», symbolisent plus que d’autres le niveau de la perversion morale en politique. Ces visages hideux sont incarnés par Djibo Kâ, Iba Der Thiam et Ousmane Ngom, trois personnages assez symboliques de la déliquescence éthique et morale.

LA TROMPETTE DE LA FLAGORNERIE

«Face à cette sentence, prononcée dans le passé contre Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye (…) Quel Djibo Kâ faut-il recommander à nos enfants d’écouter les propos ? Ou bien celui qui fait ces procès lamentables à Senghor et à Wade, en portant au pinacle Abdou Diouf, ou le politicien qui embouche une nouvelle fois la trompette de la flagornerie pour faire croire que le Sénégal n’a jamais été aussi bien gouverné et dirigé que sous le régime du nouveau maître, en l’occurrence ? Sûrement, ni l’un, ni l’autre. On note une constante chez la personne : un manque d’épaisseur morale et d’éthique dans la construction de son discours politique. L’attitude de ce dirigeant et celle de beaucoup de femmes et d’hommes faisant partie de l’élite dirigeante de ce pays éloignent de plus en plus les citoyens de la politique, considérée dans le sens noble du terme.

Djibo Leïty Kâ est loin d’être le seul sur qui pèse la grave responsabilité de s’employer à travestir la politique en la pratiquant avec la conviction qu’elle n’a besoin ni de morale, ni de vertu. Rien n’est moins faux qu’une telle prétention. (…)

Le drame chez nous, c’est que beaucoup d’hommes et de femmes engagés en politique ne donnent presque pas de place à l’éthique dans la conduite de leur projet. Ceux-là n’en jouent pas moins d’importants rôles dans la gestion de la nation ou auprès de ceux qui ont la responsabilité de conduire le destin du pays. Certains professionnels de la flatterie font naturellement partie du lot. Ces derniers ressemblent d’ailleurs beaucoup, au plan éthique et moral, aux dirigeants dont ils chantent les louanges -ressemblance absolue à la fois dans le caractère, dans l’être et dans la façon de se conduire- et font preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation à toutes les situations. Ces flagorneurs sont de véritables virtuoses de la séduction, sachant cultiver un art consommé du dithyrambe intéressé qui épate les potentats tropicaux qui en ont souvent besoin dans leur cour».

HISTORIEN, OUBLIEUX DE L’HISTOIRE

«Un exemple parfait : écoutons à cet égard Iba Der Thiam parler, hier, de l’opposant Wade et ce qu’il en dit aujourd’hui, alors que ce dernier est devenu, par la grâce du suffrage universel, le nouveau maître infaillible. Il expliquait à l’époque aux citoyens sénégalais pourquoi, selon lui, et selon le point de vue de l’association qu’il dirigeait pour faire réélire Abdou Diouf, il ne pouvait pas appeler à voter pour Me Wade.

Les propos sont renversants. Iba Der Thiam, suprême paradoxe, oublie l’histoire. Il peut me croire, quand j’affirme que l’ouvrage Wade, un opposant au pouvoir, l’Alternance piégée ? a été, en partie, inspiré par les avertissements qu’il adressait solennellement aux Sénégalais, le 13 décembre 1987. Il les invitait à ne pas commettre l’irréparable en votant pour «le candidat de l’aventure». Il s’était donné des mots forts et a usé à satiété du sens de la formule, pour dénoncer le candidat Wade. «Ne votons pas pour un candidat ayant la promesse facile et qui déclare à la Nation : Je peux amener cinq cent milliards dans le pays, sans jamais révéler la nature et la dimension des contreparties, engagements, renoncements secrets auxquels il a dû souscrire, pour mériter la confiance que serait insuffisante à lui conférer la vertu de sa seule personne ou la force de ses seules idées.»

Me souvenant alors de cette mise en garde, qui paraît, aujourd’hui, dix-sept ans après, plus pertinente que jamais, j’ai alors décidé, en mars 2002, de rédiger un ouvrage paru en juillet 2003, pour vérifier la mise en garde servie une dizaine d’années plus tôt par l’historien. Le professeur Thiam a ainsi guidé, par son inspiration prémonitoire, les pas d’un citoyen qui, au nom de sa liberté de critique, à questionner ce qui hier constituait, pour cet éminent intellectuel, de sérieuses et graves réserves sur la candidature, à l’époque, de l’homme Abdoulaye Wade». (…)

OUSMANE NGOM, PERSONNAGE ATYPIQUE DU THEATRE POLITIQUE

«Les deux hommes politiques que sont Djibo Leyti Kâ et Iba Der Thiam partagent ce handicap moral avec Ousmane Ngom, autre personnage atypique du théâtre politique national. Quand nous avons vu le ministre de l’Intérieur défendre le projet de loi qui a décidé du couplage des élections et de la prorogation du mandat des députés de l’Assemblée nationale, nous n’avons pu manquer de nous rappeler certains propos qu’il tenait hier, quand le défunt régime socialiste avait décidé, en août 1995, de proroger le mandat des conseillers ruraux et municipaux.

Interrogé par un journaliste de Sud Quotidien qui lui demandait de fournir les arguments du Pds qui avait introduit une requête aux fins d’annulation par le Conseil constitutionnel de la nouvelle loi qui prorogeait les mandats des élus, Ousmane Ngom eut cette réponse : « (…) Nos parlementaires ont estimé en âme et conscience que ce projet de loi violait la règle et l’esprit de la Constitution. Ils ont également estimé qu’il y avait une inexistence de motifs sérieux pour proroger le mandat des conseillers ruraux et municipaux, parce que le gouvernement a mis en avant des motifs économiques et financiers pour dire qu’il n’y avait pas suffisamment d’argent pour organiser à la bonne date les élections locales (…) Et ensuite, le gouvernement a dit qu’il fallait combiner les élections (…) Qui plus est, l’Assemblée nationale ne peut pas avoir ce pouvoir de prorogation du mandat des élus ruraux et municipaux qui relève du suffrage universel. Si l’Assemblée nationale pouvait le faire, pourquoi ne pourrait-elle pas alors proroger son propre mandat et dire que, par exemple, le gouvernement n’a pas d’argent et proroger de quatre ans le mandat des députés qui ne finirait pas en 1998, mais en l’an 2000.»

Le responsable du Pds, à l’époque ministre de la Santé dans le gouvernement de l’ancien Premier ministre Habib Thiam, poursuit son raisonnement qui est d’une extrême actualité, en soutenant : «Pourquoi même l’Assemblée nationale ne prorogerait-elle pas le mandat du chef de l’Etat et dire que ça ne finirait pas en 2000, mais en 2010, parce que le gouvernement n’aura pas d’argent ou bien parce que le gouvernement aura décidé d’utiliser les ressources qu’il a pour faire face à la crise ou pour payer les salaires des travailleurs de la Sias.»

Interrogé par ailleurs pour dire les raisons qui on amené le régime socialiste à faire voter une telle loi, Ousmane Ngom déclare : «Franchement, les vraies raisons sont politiques. Et c’est cela qui est encore plus inadmissible. Pour cela seulement, l’Assemblée nationale devrait rejeter le projet de loi. J’espère aussi, que pour cela, le Conseil constitutionnel se prononcera en faveur de cette requête. L’Etat c’est l’Etat, le parti c’est le parti. C’est inadmissible que le gouvernement soit à la remorque d’un parti politique.»



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