Ancien militant de l'AFP, Raymond Diène, cadre supérieur en management, finances et comptabilité, a transhumé dans les riches prairies bleues ; et est présentement Président des Jeunesses Intellectuelles Wadistes, par ailleurs responsable politique libéral à Mbour. La situation nationale, le mouvement qu'il dirige, la politique du régime libéral, entre autres ont été revisités. Sur toutes ces questions, le transfuge du parti progressiste a donné son avis. Entretien.
Comment analysez-vous la situation nationale ?
Si j'avais à l'analyser, je crois que je l'éclaterais en trois grandes parties. La situation politique qui, quoi qu'on puisse dire, est caractérisée par une impasse, une situation sociale caractérisée par un réchauffement de ce front-là, et une situation économique qui est quelque part à l'image de la situation mondiale, d'un monde qui est traversé par des troubles dont nous ne maîtrisons pas les tenants mais dont nous subissons les aboutissants.
Peut-on dire que les Jeunesses de la mouvance présidentielle connaissent une faillite, vu leur incapacité à faire face aux jeunesses du Front Siggil Sénégal ?
Il faut avoir le courage de le noter. C'est qu'aujourd'hui, les jeunesses de l'opposition, spécifiquement les jeunesses du Front Siggil Sénégal, sont en train de jouer leur partition. C'est-à-dire celle d'une opposition qui commence vraiment à exister. C'est une bonne chose pour nous, car on commençait à se lasser d'une opposition qui n'existait que de nom. Mais à contrario, nous remarquons qu'au moment où ces jeunesses sont en train de jouer leur rôle, les jeunesses de la mouvance présidentielle ne font absolument rien pour contenir ce débordement-là, pour montrer à la face des Sénégalais les réalisations que le Président de la République est en train d'effectuer, qui sont largement suffisantes aujourd'hui pour satisfaire les Sénégalais, pour démontrer aux yeux des Sénégalais que le Président Abdoulaye Wade est le président qu'il nous faut.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Je regrette profondément une chose, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, après tout ce que Wade a fait pour cette jeunesse sénégalaise, particulièrement la jeunesse du Parti démocratique sénégalais, que ces gens ne soient pas capables aujourd'hui, n'aient pas le courage, encore moins l'intelligence de pouvoir présenter le président de la République sous un beau jour, et de le défendre… Je me dis qu'il est inconcevable aussi qu'un ministre de la République, jeune, avec tous les moyens dont il dispose, avec le nombre de directions qui sont sous son contrôle, qu'un Pca jeune… ne puisent pas défendre le président de la république. Nous dénonçons, et regrettons aussi la sortie malheureuse de Massaly sur les ondes de Walf Fm, c'est une sortie qui ne grandit pas le Pds, et qui n'est pas empreinte d'intelligence ; parce que quand il dit qu'il va les affronter dans la rue, c'est qu'il ne comprend pas que dans le désordre, c'est l'opposition qui gagne. La bataille qui doit être la nôtre, est une bataille d'idées, pour convaincre les Sénégalais, mais ce n'est pas une bataille à coups de pierre ou de cocktail Molotov contre les jeunesses de l'opposition. Mais je pense que cet épisode malheureux ouvrira les yeux à des gens qui sont tassés quelque part dans le pouvoir, et qui ne font que la promotion de jeunes médiocres parce qu'ils ont peur de ces jeunes capables, comme il en existe dans le Parti démocratique sénégalais… Nous pensons que cet épisode malheureux leur ouvrira les yeux, que ce ne sont pas ces jeunes-là qui le défendront, ce n'est pas sur ces jeunes-là qu'il doit compte.
Quelles sont les actions concrètes posées par la Jiw pour appuyer le Président ?
Nous nous lançons dans une série de conférences pour sensibiliser les Sénégalais. Sans aucune aide, sans aucun support de la part d'un quelconque responsable du Pds. Nous avons entamé une série de conférences pour expliquer aux Sénégalais que la crise est mondiale ; le prix du baril du pétrole, quand il quitte 30 dollars pour arriver à 112 dollars, tous les produits dérivés du pétrole verront leur prix augmenter, cela ne dépend pas de Abdoulaye Wade. C'est une crise que nous voyons dans tous les pays limitrophes du Sénégal.
Dans le champ politique, nous avons initié dimanche dernier un voyage sur Touba où nous avons convié les jeunesses de la Cap 21, les jeunesses du Front Siggil Sénégal à aller nous asseoir auprès du khalife général des mourides pour lui demander de formuler des prières quant à l'apaisement du climat social, nous avons aussi obtenu un oui de la part de certains partis du Front Siggil Sénégal, et aussi de certains partis de la mouvance présidentielle. Mais le plus important de notre action, c'est que nous sommes des intellectuels, nous voulons nous lancer dans la création de projets allant dans le sens de résoudre le problème-là, et de nous soustraire de la dépendance agricole. Mais aussi, de faire de sorte que nous ayons notre suffisance alimentaire, c'est dans ce cadre que le mouvement des jeunesses intellectuelles wadistes a mis sur pied trois projets : un projet de création de production de bio diesel à partir d'algues marines ; un projet de production d'énergie éolienne au Sénégal ; et un troisième projet de mise sur pied d'une cimenterie au Sénégal. Pour tous ces trois projets, nous avons réussi à décrocher les financements à partir du fonds d'investissement au Sénégal ; et aujourd'hui, nous n'attendons que l'aval de l'Etat du Sénégal pour que nos partenaires danois débarquent au Sénégal, réalisent ces projets clés en main et les remettent ensuite à l'Etat du Sénégal. Il faut le reconnaître, certains responsables de l'Etat du Sénégal, peut-être, vu notre position, ne nous ont pas encore remis cet agrément, nous sommes convaincus que le chef de l'Etat n'est au courant parce que lui-même exhorte les jeunes Sénégalais à trouver des sources de production d'énergie alternative. Et vous nous offrez l'occasion, pour lui dire qu'il y a de jeunes Sénégalais qui sont là, qui ont le financement, et qui, maintenant, n'attendent que la bénédiction du pouvoir pour leur réalisation.
Quelle est la lecture que vous faites du climat social ?
Le climat est tendu, même si au niveau de l'Université nous venons d'assister à une décrispation au niveau de la Faculté des Lettres. Mais il est temps que certains responsables syndicaux affiliés à des partis politiques, arrêtent de traduire des mots d'ordre politiques au niveau de leurs centrales syndicales, il est temps aussi que les jeunes enseignants qui n'ont pas les mêmes motivations, qui n'ont pas les mêmes plans de carrière que ces enseignants de la vieille école, créent leur propre structure syndicale, et veillent à leurs intérêts moraux.
Que pensez vous de l'impasse politique ?
La négociation, la reprise du dialogue entre le pouvoir et l'opposition est une chose inéluctable. Le dialogue est inéluctable, mais il ne peut pas y avoir de chantage, ce serait incorrect de vouloir amener le Chef de l'Etat à un dialogue, en passant par une formule, telle que de descendre dans la rue, ou une radicalisation. Il faut que, dans le respect mutuel, les gens puissent s'asseoir sans préalables, pour discuter autour des conditions de ce dialogue.
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