REMANIEMENT : Un Gouvernement politiquement et socialement déséquilibré

(BITIMREW.NET) : C’est en septembre 1999 (six mois avant la présidentielle de février 2000), que l’ancien Président de la République Abdou Diouf, candidat du Ps, avait effectué son ultime et dernier remaniement ministériel. L’économiste Mamadou Lamine Loum a été nommé premier Ministre du Sénégal avec l’appui d’Ousmane Tanor Dieng, Ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles. Avec ce dernier, Abdou Diouf avait formé un Gouvernement composé majoritairement de responsables socialistes proches de Tanor Dieng : Pape Babacar Mbaye (Grand Yoff), Khalifa Sall (Grand Yoff), Aminata Mbengue Ndiaye (Louga), Aïssata Tall (Podor), Moustapha El Bachir Diagne (Dakar), Sangué Mballo (Vélingara), Landing Sané (Ziguinchor), Robert Sagna (Ziguinchor) etc… Avec ces responsables, Tanor préparait «la refondation de la refondation du Ps». Cette équipe était celle de «OTD» qui voulait gagner la présidentielle avec Diouf, tout ayant l’ambition de lui succéder après 2000. Mais beaucoup de paramètres politiques et sociaux furent négligés. Ils perdront la présidentielle face au leader de l’Opposition Me Abdoulaye Wade qui a profité de la défection de Niass et de Djibo Kâ des rangs du Ps.

Douze ans (12 ans) après, le Pds commet les mêmes erreurs ou presque. Hier, le Chef de l’Etat et son premier Ministre ont apporté des changements dans le Gouvernement. Là, il ne s’agit pas d’une «refondation de la refondation» mais plutôt d’un pilotage à vue basé sur le tâtonnement. Jamais de mémoire d’un observateur politique, le Sénégal n’a eu un Gouvernement aussi déséquilibré à tout point de vue.

Selon des études faites en 2007 sur les localités et leur poids électoral. Il a été révélé que 60% des inscrits sur le fichier électoral, sont des jeunes et 70% de ces jeunes habitent Parcelles Assainies, Guédiawaye, Pikine, Grand Yoff, Rufisque et Touba. Partant de ce constat, on peut avancer que le candidat du Pds et son Directeur de campagne se sont lourdement trompés dans la composition du (dernier) Gouvernement avant la présidentielle prochaine. La banlieue est sous représentée dans cette équipe. Et là, c’est le parti au pouvoir qui perd.

Le département de Guédiawaye, ce grenier électoral laissé entre les mains du N°2 de l’Afp El Hadji Malick Gackou, n’a pas de Ministre dans ce Gouvernement. Aucun responsable du Pds ne s’active dans ce département. L’Afp y règne en maitre. Faute d’un bon management de la part des libéraux et d’une bonne distribution des tâches dans le Pds, Guédiawaye est devenu la chasse gardée de l’Opposition. Les seuls et uniques responsables de la Génération du concret qui se battaient à Guédiawaye, ont finalement abandonné le combat. Le Pds lui est mort à Sam Notaire, Wakhinane Nimzatt, Médina Gounass, Cheikh Wade, Cité Enseignant, Golf Sud etc…

Gackou symbolise maintenant la banlieue. Il est le président du Club de Football Guédiawaye Football Club (GFC). Il est le parrain des Ecuries de lutte qui demain, battront campagne aux côtés du leader de l’Afp, Moustapha Niasse. Tous les lutteurs célèbres : Gouy Gui, Balla Gaye2, Lac de Gueirs2, Elton sont des poulains du Président du Conseil Régional de Dakar qui prend en charge prés de 80% des frais de préparation de leurs combats de lutte. Et pourtant, il suffisait tout simplement que Wade nomme un fils de Guédiawaye dans le Gouvernement pour équilibrer les forces en présence sur le terrain dans cette partie de la banlieue. Le Pds connait les mêmes difficultés aux Parcelles Assainies qui n’a ni Ministre, ni Directeur Général.

A Pikine, Mme Aminata Lô (responsable libérale) est la seule Ministre dans le Gouvernement, chargée des relations avec les Institutions. Une coquille vide qui n’a même pas un budget de 900 millions FCFA. Pikine préside également l’Assemblée Nationale avec Mamadou Seck. Mais, ce qui était arrivé à l’ancien président de l’Assemblée        Nationale, Youssou Diagne de Ngaparou, en 2002, risque d’arriver à Mamadou Seck en 2012 à Pikine. Puisque, dans ce département, le Pds a des individualités éparses. En plus, le Parti de Wade est affaibli à Pikine. Modou Bousso Leye est écarté. Daour Niang Niang semble geler ses activités. Boubacar Bâ mène ses activités en solo.

A Grand Yoff, Babacar NDao est nommé Ministre. Mais il n’a pas les moyens de sa politique. Il n’est qu’un simple figurant dans l’équipe de Souleymane Ndéné Ndiaye. En plus, le premier Ministre oublie que Babacar Ndao milite dans la même localité (Grand Yoff) que Khalifa Sall Maire de Dakar avec ses 40 ou 50 milliards FCfa de budget.

Toutefois, la nomination de Ngoné Ndoye est un choix judicieux. Car, si Mbaye Jacques Diop réussissait à réunir Ngoné Ndoye, Alassane Djially Ndiaye et Awa Gueye Kébé, Rufisque et les Niayes pourraient basculer vers le camp libéral. Il est évident qu’un travail politique important devrait être abattu pour contrecarrer les assauts d’Omar Gueye Maire de Sangalkam.

L’erreur fatale vient du côté de Saint Louis. Quatre (04) Ministres pour une ville comme Saint Louis qui pèse moins que Pikine sur le plan électoral. Pikine se retrouve avec un «sous Ministère» confié à Mme Aminata Lô. A Saint-Louis, seule Mme Awa Ndiaye s’active sur le terrain politique. Me Madické Niang et Cheikh Tidiane Sy n’appartiennent à aucune structure du Pds. Ils gèrent leur relation avec le Président. On ne les sent pas à la base. Me Ousmane Ngom a suspendu ses activités à cause de son statut de Ministre chargé d’organiser les élections. Baïla Wane a été délesté. Le terrain est occupé par l’opposition représentée par Cheikh Bamba Diéye Maire de la ville et Alioune Badara Cissé membre de l’Apr. Toutes les villes contrôlées par Benno Siggil Sénégal sont abandonnées par le Pds. Aucune stratégie de reprise en main de ces villes n’est prévue.

La jeunesse ne se retrouve pas dans ce Gouvernement. Or, les aspirations de cette jeunesse qui a porté Wade au pouvoir devraient être prises en compte. Surtout quand on est convaincu que la présidentielle de 2012, sera le scrutin des jeunes âgés de 35 à 18 ans. Ce sont ces derniers qui descendront dans les rues et seront au devant de la bataille électorale du 26 février 2012, pour sécuriser les résultats. C’est l’explication qu’il faut donner à l’opposition qui tente de s’approprier de cette couche sensible. Du côté du pouvoir, aucune initiative n’est prise pour faire de la candidature de Wade, celle de la jeunesse.

Il est évident que ces changements n’ont pas été apportés dans le Gouvernement par souci de résultat positif. Le miracle est impossible d’ici le scrutin de 2012. Le seul signal que Wade devrait lancer pour convaincre cette jeunesse qui doute, c’est de réduire le nombre de Ministres, de renoncer à certaines taxes dans le but de baisser les prix des denrées, mais aussi tenir compte des préoccupations du Khalif Général des Mouride dans le secteur de l’agriculture.