Les citoyens inscrits sur les listes électorales sont généralement sceptiques par rapport au rythme constaté dans la livraison des cartes électorales et des nouvelles cartes d’identité numérisées. Si certains reçoivent les leurs, d’autres sont toujours en attente et considèrent que le processus se meut dans une volonté d’intrigue politique. Ce que le président de la commission fixe de Tivaouane/Diacksaw a réfuté, soutenant que "la lenteur est juste administrative et qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer".
« Le retard n’est pas à notre niveau, c’est au niveau du ministère de l’Intérieur. Nous ne faisons que des inscriptions, nous enregistrons des données que nous envoyons à la sous-préfecture qui fait suivre .» C’est l’explication donnée par Souleymane Camara, président de la commission fixe de Tivaouane/Diacksaw, sise dans les locaux de l’ex-Police Municipale de la même localité, pour calmer les esprits des citoyens sceptiques. « Il n’y a pas lieu de s’alarmer, tous les Sénégalais recevront leurs cartes avant les élections », a-t-il expliqué.
En effet, depuis septembre 2005, les inscriptions se poursuivent dans toutes les toutes les commissions établies. Mais le hic, généralement relevé par les populations, demeure le retard accusé dans la confection des cartes. Les citoyens qui sont lassés d’attendre leurs premières cartes numérisées, font état de leurs inquiétudes. Pour beaucoup, ce retard est synonyme de "manigance et de manipulation politiques".
Les inscriptions se déroulent normalement, mais le retrait des cartes se fait à un rythme qui, selon les concernés, s'apparente à celui de l’escargot. Ce qui les pousse à penser que le fichier électoral ne pourra pas recueillir l’inscription du maximum de la population de près de 11 millions d’habitants. C’est le cas pour Mamadou Niang, représentant de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) au niveau de cette commission, qui s’inquiète en ces termes : « Les commissions avaient démarré le 7 septembre 2005, et jusqu’ici certaines cartes inscrites à cette date ne sont pas sorties, pour dire que les premiers inscrits n’ont pas encore reçu leurs cartes .». Avant de renchérir, en soutenant qu’il ne peut pas admettre que "des cartes nouvellement enregistrées soient sorties un peu avant celles qui ont été déposées depuis le début".
Une vieille dame, sans doute sexagénaire, un panier en bandoulière, exprime son mécontentement pour être passé à plusieurs reprises sans rentrer avec sa carte. « Ce n’est pas normale, je m’étais fait inscrire depuis le mois d’octobre dernier, j’habite avec des gens qui ont reçu leurs cartes alors que j’étais venue m’inscrire bien avant eux, il y a quelque chose qui cloche », dit-elle. D’autres personnes venues voir si leurs cartes étaient arrivées sont rentrées avec le même sentiment. Un membre de la commission chargé du processus de retrait des cartes explique aux visiteurs que ce sont seulement les cartes déposées aux mois de septembre, octobre et novembre qui sont disponibles à leur niveau, les propriétaires des cartes déposées au mois de décembre au plus, devront attendre jusqu’au mois de juillet prochain.
Toutefois, Souleymane Camara, le président de la commission fixe de Tivaouane/Diacksaw, a révélé qu’il y a, jusque-là, 17 000 inscriptions au niveau de sa commission. Selon Souleymane Camara, parmi les 17 000 cartes inscrites, seulement 9 171 sont reçues au ministère de l’Intérieur. "Ce sont ces cartes que nous distribuons présentement", indique-t-il. En outre, les locaux de l’ex-Police Municipale de Diamaguène abritent une deuxième commission qui, de l’avis de Souleymane Camara, en est à quelque 14 000 inscrits. Toutefois, il s’est empressé de préciser que cette commission n’a pas encore distribué de cartes prêtes.
Par ailleurs, à Thiaroye Sur Mer, le retrait des cartes se fait aussi à un rythme très lent, si l'on en croit les uns et les autres. Les premiers sont les mieux servis du moment. Ce sont ceux qui avaient répondu au premier appel du mois de septembre, au début du processus. Les autres devront attendre encore le temps que le ministère envoie les leurs. Sur place, Hamidou Bâ s’inquiète : « Je ne sais pas ce que cela signifie, le processus est trop lent, ils devraient plutôt informer les citoyens par voie de presse pour dire que ceux qui avaient déposé dans la durée qui suit sont priés d’aller retirer leurs cartes. Mais on ne dit rien, il y a des gens dont les cartes sont sorties qui ne savent pas, ils attendent toujours, ce qui est un blocage », dit-il.
C’est la même situation qui est observée à la commission de Pikine Guinaw Rails.
En revanche à Golf Sud, dans le secteur de Guédiawaye, la commission a fait inscrire 16 168 personnes et reçu 10 368 cartes dont 3 171 sont retirées par leurs propriétaires. La lenteur des retraits serait par contre due à la coupe du monde de football ou par effet de saturation.
Pour ce qui concerne l’hivernage, les membres des commissions pensent qu’il ne peut pas être un facteur de blocage, dans la mesure où les commissions étaient lancées en pleine saison de pluies l’année dernière.
En définitive, il faut reconnaître que le processus se déroule normalement, en dépit du manque de communication décrié par les populations sur l’avancement des travaux des commissions. Néanmoins, certaines commissions éprouvent des difficultés pour mener à bien leur mission, ont indiqué certains présidents qui ont fait état du manque de fournitures de bureau.
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