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REUNION DU CONSEIL REGIONAL DE DAKAR : L’absence du gouverneur met le feu aux poudres

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REUNION DU CONSEIL REGIONAL DE DAKAR : L’absence du gouverneur met le feu aux poudres
La tension était hier, mercredi 26 mars, à son comble au siège du Conseil régional de Dakar. Les conseillers régionaux se sont chamaillés du début à la fin de la réunion. Deux camps se sont farouchement affrontés. Il s’agit : des partisans du report ou de la suspension de la rencontre parce que le gouverneur qui est chargé du contrôle de légalité des actes pris par l’instance est absent et des gens qui sont favorables au vote du budget et à l’élection du président du Conseil régional. 

La réunion du Conseil régional de Dakar d’hier, mercredi 26 mars était houleuse. La tension était déjà palpable dès l’ouverture de la session qui s’est finalement terminée en queue de poisson après neuf heures de discussions et de débats stériles. L’absence du gouverneur de Dakar a été l’une des principales causes des troubles ainsi que la bouderie de deux conseillers régionaux en l’occurrence Amadou Yoro Sy et Aliou Niang. C’est après avoir patienté pendant plus deux heures (de 10h à 12h 30 minutes) l’arrivée du représentant de l’Etat, que le président par intérim du Conseil régional de Dakar, Ousmane Badiane a décidé de commencer la réunion. Selon lui, il a été de 10h à 11h en contact avec lui et il lui disait qu’il était en route qu’il était passé à la présidence de la République pour des réglages et qu’il se rendait au ministère de la Décentralisation et des collectivités locales avant de venir assister à la réunion du Conseil.

Le président de séance a, ainsi, proposé un réaménagement de l’ordre du jour en passant d’abord au vote du budget en attendant l’arrivée du gouverneur pour passer à l’élection du président parce que selon lui, dans cinq jours si le budget n’est pas voté par le Conseil régional, cela ne sera plus possible. C’est le gouverneur qui sera l’ordonnateur du budget comme le stipule le code des collectivités locales. C’est à la suite de cette suggestion qu’Ousmane Badiane a ouvert les discussions pour que le conseil se détermine.

Mais c’était pour assister à une iquerelle de clocher qui s’est emparée de la salle. Le premier adjoint au maire des Parcelles assainies, Dame Niang et Djénaba Ly vont ouvrir les hostilités en s’attaquant à tout conseiller qui osait proposer le vote du budget. Dame Niang a purement et simplement demandé que le conseil diffère le vote du budget puisque le gouverneur n’est pas présent alors que sa sœur de parti va fustiger le démarrage tardif de la réunion et demander le renvoi. Modou Ndiaye de Pikine a pris la parole pour enfoncer le clou en déclarant qu’il y a « une sorte de complot ourdi contre les gens qui ont boudé parce que ces gens là ont insisté pour que l’on démarre la rencontre sans le gouverneur. On attend qu’il parte pour commencer. Il faut renvoyer la réunion ou je ne vais pas y assister », a-t-il martelé. Abdoulaye Kourouma a, ainsi, joué dans le même registre que ces prédécesseurs. Il dit ne pas pouvoir comprendre le réaménagement de l’ordre du jour qui a été décidé lors de l’ouverture de la session. « Il faut procéder à l’élection du président sinon surseoir à la rencontre et rester à l’écoute du gouverneur ».

Le président de la commission des finances, Babacar Gueye tente de tempérer les ardeurs et interpellent la responsabilité de ces collègues devant l’histoire. « On doit respecter le peuple pour qui nous sommes là aujourd’hui. Nous empochons des indemnités journalières et de session donc nous devons pouvoir attendre la fin de la rencontre pour partir ». Il a essayé de convaincre ces pairs pour le vote du budget mais ces devanciers à la parole ont dit niet et s’y ont opposé vaille que vaille.

Le challenger du candidat du Parti démocratique Sénégalais, Joseph Sarr qui est, par ailleurs le président de la commission des Technologies de l’information et de la communication (Tic) d’expliquer : « le gouverneur n’est pas là et on n’est pas son responsable pour le contraindre à venir. On ne le convoque pas à nos réunions mais on le prévient. Il n’est là que pour voir si cela marche bien. Si on annule ou on suspend la session d’aujourd’hui, on ne sait pas ce qui va se passer. Il faut qu’on continue les travaux le budget peut être voté sans problème ». Amadou Sène Niang a abondé dans le même sens mais son discours va se faire dans une ambiance électrique. Il sera entrecoupé par Dame Niang et Djénaba Ly qui sont déterminés à empêcher toute délibération de l’instance.

Pourtant à côté de Babacar Gueye, de Joseph Sarr et d’Amadou Sène Niang, la majeure partie des conseillers qui se sont exprimés ont plaidé en faveur du vote du budget et de l’élection du président de l’institution sous prétexte que la présence du gouverneur est de droit selon les textes de loi de la décentralisation mais pas obligatoire.

Des échauffourées ont failli éclater dans la salle quand Ibrahima Cissé a pris la parole. Bombant le torse, parlant plus fort que tout le monde et accusant une bonne partie des membres de la conférence des présidents, il a indiqué que cette réunion ne va pas aboutir et qu’il est là pour faire passer les décisions de son parti, le Pds qui soutient la candidature de Kader Sow. Ibrahima Cissé, Djenaba Ly, Dame Niang, Abdoulaye Kourouma ont tellement perturbé la rencontre que les autorités ont envoyé un camion rempli d’éléments de la gendarmerie pour veiller sur l’ordre public. Ne pouvant plus continuer dans cette ambiance, la rencontre a finalement été renvoyée à demain vendredi 28 mars.

REACTIONS.... REACTIONS... REACTIONS ...

OUSMANE BADIANE PRESIDENT INTERIMAIRE DU CONSEIL REGIONAL : « Nous avons assisté à des séances d’indiscipline extraordinaire »

« Je ne suis pas du tout conciliant. Le conseil est souverain. Il est composé de 62 conseillers qui sont tous responsables. Le président de séance ne peut rien imposer si le conseil ne le veut pas. Ce à quoi on a assisté aujourd’hui n’est pas digne du Conseil régional. Je ne reconnais pas ce Conseil régional, surtout celui dont j’ai vanté les qualités aujourd’hui. Il compte 62 membres qui peuvent tous être président. Nous avons assisté à des séances d’indiscipline extraordinaire. Je suis en dehors des querelles politiciennes et partisanes. J’avais présenté ma candidature la dernière fois parce que pour moi c’est une question de principe. Maintenant que c’est réglé, c’est fini. Aujourd’hui je ne suis candidat à rien du tout. Si ceux qui veulent être président du Conseil régional de Dakar sont mus par la volonté de servir l’institution uniquement, je crois que rien ne peut expliquer ce qui s’est passé. Le Conseil régional est une instance intermédiaire entre l’Etat et les autres niveaux de collectivités locales. Il joue un rôle extrêmement important dans la vie des collectivités locales. Je crois que ce Conseil doit donner l’exemple quelle que soit la portée des débats, quelle que soit l’ambition des uns et des autres. C’est légitime mais on doit le faire dans le cadre strict de la loi, dans la discipline et du respect de l’autre. C’est cela que nous avons toujours connu et nous avons toujours travaillé dans cet esprit là.

L’ordre du jour n’est pas entamé. On n’a pas engagé l’ordre du jour. On était sur des procédures pour voir par rapport à ce qui s’est passé la dernière fois qu’est-ce qu’il fallait faire par rapport à cette situation de tension. On n’a pas déterminé d’ordre du jour.

Je ne sais pas quelles sont les raisons de l’absence du gouvernement. En tout cas, il a été informé dès que la décision de tenir le conseil a été prise. On a régulièrement échangé jusqu’à ce matin (hier, mercredi) à 11h. Il disait qu’il allait venir, qu’il était en route. J’ai constaté que nous avons attendu jusqu’à midi, alors j’ai pensé qu’il fallait démarrer la rencontre puisque la présence du gouverneur est de droit mais ce n’est pas obligatoire même pour l’élection. Parmi les points de l’ordre du jour, il y avait l’élection du président du Conseil régional et l’examen du budget. Pour moi le budget est plus important que tout. Le budget ne dépend de personne. Il n’est pas lié à tel ou tel président. C’est le moteur de l’institution. Quelle que soit la situation, on doit d’abord voter le budget. Maintenant, s’il y a des problèmes internes aux conseillers, on peut rester en réunion jusqu’à une heure du matin pour régler leurs contradictions. C’est inadmissible, ce n’est pas digne du Conseil régional de Dakar. Je n’ai aucune responsabilité dans cette situation. Je n’ai aucune ambition, je ne me casse pas la tête. Je suis président intérimaire, la loi me donne le droit de diriger l’institution. Mais on dirige l’institution dans les règles de la courtoisie et du respect des autres. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Une partie des conseillers est partie, les autres sont là, on est en train d’échanger. C’est la même chose qui s’est passé la dernière fois. On était là de 11h jusqu’à 19h la réunion s’est terminée en queue de poisson. Les gens étaient obligés de lever la séance sans donner aucune suite à cette rencontre.

MAGUETTE THIAM PRESIDENT DU GROUPE CPC : « Mon constat est que nous sommes dans une impasse »

Notre réunion est arrivée à une situation où il nous faut une porte de sortie. La dernière fois j’ai demandé au gouverneur, ancien préfet de Dakar de dire à certaines personnes ici comment, en 1997, nous avons mené des batailles de ce genre pour comprendre vraiment la vanité de l’être humain. Si on doit écouter et prendre en considération chaque accent que quelqu’un a eu ici, je pense qu’il y a vraiment de quoi fourvoyer définitivement ce conseil. Parce que n’importe qui prend la parole, se lève et bombe le torse, en se mettant devant quelqu’un. On ne peut pas régler ce type de problème par sa force. Lorsqu’il y a une situation et qu’on dise il faut un consensus, il faut la légalité. Il faut simplement proposer ce qui simplement interpelle les uns et les autres pour cela. Mais on ne peut pas exprimer son opinion personnelle par sa fougue, sa force, la preuve de son érudition. Mon constat est que nous sommes dans une impasse. Plusieurs intervenants ont parlé des délais qui restent et dans lesquels nous pouvons nous inscrire pour en tout cas, pour ceux qui le veulent tenter de conclure cette session. Nous avons la possibilité d’ici le 31 mars sur la base de la proposition de la conférence des présidents de tenir des réunions pour à la fois voter le budget et élire un président.

KADER SOW, CONSEILLER ET CANDIDAT DU PDS : « Le gouverneur a été retenu pour des raisons d’Etat »

Il y a vraisemblablement blocage du conseil régional. Je crois qu’avec l’absence du gouverneur, ce débat ne devrait pas avoir lieu. Par élégance et par respect de l’institution et à l’endroit de mes collègues conseillers, je suis resté jusqu’à la fin. Il ne pouvait pas sortir au cours de ce débat aucune décision sérieuse. Alors quand je l’ai compris j’ai préféré me retirer pour ne pas cautionner ce simulacre qui est en train de se dérouler au niveau de l’institution.

De toutes les façons le gouverneur qui doit assurer le contrôle de légalité des actes pris par le Conseil régional n’est pas là. En son absence aucune délibération ne sera validée. C’est clair et j’en ai la conviction. Le gouverneur a été retenu pour des raisons d’Etat. Nous avons tous constaté son absence. Je pense qu’il faut le prendre comme tel et renvoyer le débat à un autre jour. Nous avons encore cinq jours pour voter le budget et éventuellement pour élire le nouveau président. Je maintiens ma candidature dans la mesure où elle est portée par un parti. Donc c’est ce parti qui va décider si je dois la maintenir ou non.

Le Pds n’est-il pas à l’origine du blocage de la réunion du Conseil régional ?

Comment voulez vous indexer le Pds par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Si le gouverneur était là, peut être que les décisions auraient pu être prises au cours de cette séance. Il ne faudrait pas dire que c’est mon parti qui a voulu cela. Je suis tout à fait contre cette conception des choses.



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