REVERS - En campagne dans la banlieue de Rufisque et dans le Djender ! : Wade englouti par le rouge et hué par les émigrés rapatriés

Les populations de la banlieue de Rufisque et de la contrée du Djender traditionnel ont soldé leurs comptes avec Me Wade, hier. Elles ont réservé au candidat de la coalition Sopi un accueil rouge accompagné d’un concert de huées copieux.

Un début timide a caractérisé la randonnée de la caravane de la coalition Sopi de Me Abdoulaye Wade. C’est dans le village de Tivaouane Peulh que l’ambiance commence à se manifester avec une foule venue acclamer leur candidat. Mais, la marche annoncée glorieuse dans la banlieue rufisquoise connaît des bouleversements. En effet, les étapes de Sangalkam et de Bambilor déjouent les pronostics d’un raz de marée humain. Dans ces localités, la ferveur est moins intense, voire inexistante. Les ardeurs sont tiédies par des populations pas très enthousiastes et presque inertes devant le passage du cortège imposant de Me Wade. Ni les puissantes décibels du tube de Pape et Cheikh, ni les pas des animateurs Ndèye Guèye et Serigne Ngagne ne semblent ameuter les habitants de Bambylor dont certains se contentent de regarder, de loin, le spectacle.

Cette ambiance sonore morose se transforme en spectacle visuel dans les village de Gorom 1 et 2 où des foulards et brassards rouges meublent et peuplent le décor. A cela, s’ajoute la mobilisation des partisans de Idrissa Seck qui ont brandi les posters de leur leader. Wade s’installe confortablement sur le siège de son véhicule, aux côtés de son épouse. Des habitants, massés le long de la route lui manifestent leur courroux. Mais, leurs doléances ne seront pas connues dans la mesure où le cortège les snobe pour rallier Bayakh. Là, le décor ne change pas. Le rouge devient plus présent. Même certains arbres sont décorés à la couleur de protestation. Le spectacle visuel est agrémenté par quelques huées. Des libéraux installés de l’autre côté atténuent le revers en brandissant le bleu. Wade se lève, ajuste son grand boubou bleu et salue ses militants. Avant que le cortège ne s’ébranle vers Kayar.

REVOLTE… ROUGE

Dans cette contrée du Djender, la seule couleur perceptible, même de loin, est le rouge. Du rouge partout. Et tout en rouge : drapeaux et banderoles pour les jeunes, draps de lit et pagnes chez les femmes. Le cortège est submergé par une foule en liesse qui réclame le départ de Wade de leur village. «Doy na !», «Na dem !», «Dioguéfi !». Tels sont, entre autres, les messages délivrés par les populations. Les conséquences du rapatriement des émigrés clandestins d’Espagne se manifestent. Des centaines de jeunes entonnent un concert de huées. Houspillé, Wade s’énerve et des membres de la garde rapprochée essaient de rétablir la situation. Mais, la détermination des jeunes et leur amertume sont plus fortes. «Wade nous a vendus à 13 milliards. Nous avons mobilisé nos économies pour aller en Europe et il nous fait rapatrier. Nous ne voulons pas le voir», s’écrie l’un d’entre eux. Les signes de protestations fusent de part et d’autre de la place publique du quai de pêche.

Me Wade tente de contenir les frustrés en demandant à un des jeunes d’expliquer les raisons de leur colère. La voix du porte-parole est noyée par le concert de huées. Mais, la réponse donnée par Wade ne semble pas convaincre les Kayarois qui continuent à manifester. Ainsi, le cortège quitte Kayar pour Keur Moussa où le même spectacle l’attend. Mais, les populations n’ont pas le privilège de se faire entendre car, la caravane traverse le village à vive allure.

RUFISQUE SAUVE LA FACE

Le revers de Wade dans le Djender est corrigé par les populations de Sébikotane, Bargny et Rufisque. D’ailleurs, c’est dans la vieille ville que Me Wade a renoué avec les bains de foule, comme du temps de l’opposition. Les indices d’un accueil royal sont dessinés par la forte mobilisation des militants libéraux tassés devant l’ex-usine Bata. Debout par le haut de son bolide, le candidat Wade distribue un sourire et brandit sa main en signe de V. Au fur et à mesure que le cortège avance, la foule grossit. Tel l’effet de l’aimant sur le fer. L’ambiance atteint son paroxysme devant le domicile de Mbaye Jacques Diop. Ce dernier trône sur son balcon pour saluer son leader. Stimulé par l’ambiance, il sort de la maison et Wade l’invite auprès de lui. La main dans la main, les deux hommes dopent la foule, avant que le président du Craes ne retourne chez lui. Visiblement ému. A ce moment, une foule immense avait barré la route à la hauteur de la mairie où le maître des lieux, Ndiawar Touré, attendait le cortège. Me Wade lui tend le micro et le maire de se fondre en remerciements, promettant ainsi une victoire, dès le premier tour. La foule suit le cortège jusqu’à la sortie de la ville. Sous une forte acclamation.