Qu’est-ce que ça vous a fait de perdre Ziguinchor ?
Ça m’a fait mal. Je contestais la manière dont le ficher est passé de 45.000 à 100.000 électeurs. Je trouvais cela bizarre. On a fait venir des gens de partout. L’argent a aussi beaucoup joué dans ma défaite. Le président Wade es venu deux fois à Ziguinchor pour des élections qui ne le concernaient pas. Son fils aussi, pour soit disant soutenir son ami (Abdoulaye Baldé, l’actuel maire de Ziguinchor, Ndlr).
Donc, ce n’est pas votre bilan qui a été sanctionné...
Je pense que le bilan n’est pas négatif à Ziguinchor. 45 kilomètres de route, 45 km de conduite d’eau et une usine de traitement des eaux ont été réalisés. On a doté la ville d’infrastructures économiques (quatre nouveaux marchés), de transport (une gare routière)…Nous avons aussi construit des infrastructures sociales comme les dispensaires et les foyers de jeunes. Ziguinchor est une ville marché qui capte les produits provenant des zones rurales. L’agriculture constitue un exutoire, c’est pour cette raison que nous avons établi une liaison ville-campagne. Dans le domaine des infrastructures routières, nous avions ficelé un programme avec des entreprises exécuté actuellement par l’actuelle équipe municipale. Je ne parle même pas des bourses et aides accordées aux étudiants.
Les Ziguinchorois ont longtemps été confrontés au problème des terres mal réparties qui sont au demeurant une des causes de la rébellion. Certaines terres ont été spoliées et cédées à d’autres personnes sans qu’on ne tienne compte de certaines réalités culturelles en pays diola. Certains n’étaient pas prêts à abandonner des terres où leur père est enterré. Pour revenir à nos réalisations, on a procédé au lotissement de certains quartiers et créé de nouvelles zones d’habitation où peuvent vivre 20.000 âmes. C’était un exutoire au problème des terres et un moyen de désamorcer la bombe. Bref, tout le monde a son lopin de terre. Les quartiers ont été mieux structurés. Nous avons été les premiers à créer des conseils de quartiers. On est arrivé à définir les priorités pour chaque quartier. Pendant notre passage à la mairie de Ziguinchor, nous n’avons véritablement jamais eu de grèves, de mouvements d’humeur, etc.
Sur le plan de la coopération décentralisée, Ziguinchor a eu des jumelages multiples avec des villes de la France, du Portugal…Sous ce chapitre, nous avons plusieurs fois reçu des dons de médicaments, de matériels de nos partenaires. Le bilan lui-même est positif. Nous n’avons pas à en rougir. La vie est une boule qui tourne. Il ne faut pas vouloir s’accrocher au pouvoir.
Quel est le défi politique que vous avez aujourd’hui à cœur de relever ?
Au plan politique, c’est de sortir le pays de la misère, pour qu’on amorce une croissance durable. Il n’y a pas de voie tracée pour l’avenir des jeunes. Toutes les valeurs sont en train d’être trainées dans la boue. Les enjeux pour demain, ça vaut le coup.
Au plan étatique, faire en sorte que le Judiciaire, l’Exécutif et le Législatif retrouvent chacun leur vrai rôle. Il faut que chacun sache que l’expression de la démocratie n’est possible sans une justice libre, sans une Assemblée nationale représentative libre sans être à la remorque de l’Exécutif. Je suis toujours actif. On ne peut pas diriger un pays et ignorer la majorité de la population ; vous ne pouvez pas développer le pays en laissant de côté les ¾ de la population, c’est-à-dire les ruraux. L’urgence, ce n’est pas de réduire la pauvreté, c’est de l’éradiquer.
Au lendemain de votre participation à la Présidentielle de 2007, vous avez reproché à vos militants, qui ont insisté pour que vous preniez part à ce scrutin, de n’avoir pas suffisamment mouillé le maillot à Ziguinchor…
C’est le correspondant d’un journal de la place qui a mal rapporté mes propos. Lors de cette rencontre avec mes militants, les populations d’Oussouye chantaient en diola pour dire « Robert ololi » (Robert est à nous). Je leur ai fait savoir ceci : « Je suis à vous mais je ne suis pas qu’à vous, j’ai eu le meilleur résultat ailleurs (au Nord) qu’au Sud ».
Pourquoi avez-vous refusé le poste de Vice-Président du Sénégal que Wade vous avait proposé ?
On pouvait penser que ce poste pouvait conduire à la paix en Casamance. Si ça doit me rapprocher des moyens pour la paix, d’accord. Si ce poste rend plus difficile la paix en Casamance, ça ne vaut pas la peine. Wade pensait faire plaisir à la région Sud. Quand les Assises Nationales lui ont fait des propositions pour la paix en Casamance, il s’est acharné sur Amadou Mahtar Mbow qu’il accusa de militer au Parti socialiste. On n’a pas besoin d’être au pouvoir pour travailler. Qu’est-ce que je vais faire avec un poste dont le contenu n’a pas été défini a priori. Ce ne sont pas des postes qui m’intéressent.
En évoquant le profil du candidat de Bennoo, on pense souvent à un leader de parti politique qui a sensiblement le même âge que vous. Seriez-vous prêt à lui laisser la voie ?
Je ne me présente pas si Bennoo présentait un candidat. Je ne veux pas gêner en tant que facilitateur. Je dois faire preuve de neutralité pour jouer un rôle positif. Le candidat de Bennoo doit se considérer comme un chef d’équipe. Il le faut pour effacer nos ambitions personnelles. Si je gagne, c’est pour gérer le pays et non pour accéder au pouvoir. J’ai toujours mis de côté mon manteau politique.
Trois ans, le délai n’est-il pas très court pour arriver à vos objectifs qui sont entre autres la réforme des institutions ?
La stratégie qui consiste à limiter le mandat, c’est pour faciliter la question de la candidature. Ne perdons pas de vue qu’il y a au sein de Bennoo des jeunes aux dents longues. La transition est le compromis qu’il fallait trouver. Entre les principaux leaders, il n’y a pas, contrairement à ce qu’on entend ça et là, de fixation sur Tanor et Niasse. Ce n’est pas le cas. Il fallait trouver un consensus pour que la transition soit la plus courte possible. Quand on sait que le Président de la transition ne va plus présenter, les jeunes loups vont dire « on peut attendre ». La transition de trois ans, ce n’est pas la voie la meilleure mais c’est le prix à payer pour avoir aussi le consensus.
Des infos en notre possession indiquent que vous avez proposé cinq au lieu de trois ans. Vous confirmez cela ?
Oui c’est vrai pour la raison que je viens de vous indiquer. Il n’y a pas que le problème des institutions à régler, il y a aussi la demande sociale, la lutte contre la pauvreté, les inondations…C’est le prix à payer pour un changement radical. Le régime actuel se cherche. Il a échoué. Et cela vient de son instabilité chronique. Les ministres n’ont pas le temps de réaliser des choses ; il y en a qui ne restent pas plus de six mois à leur poste. Si je prends mon cas, j’ai été ministre du Développement rural de 1993 à 2000. Pour des projets dépassant quatre à cinq milliards, entre la conception, les études techniques et la mise en œuvre, il ne s’écoule jamais moins de trois ans.
Voulez-vous nous parler des critères requis pour être le candidat de Bennoo ?
Nous cherchons un candidat qui croit à l’unité de Bennoo, qui ait un minimum d’expérience. Wade n’a jamais été gestionnaire de la chose publique. La gestion publique est à terre aujourd’hui. Les agences ont contribué à semer la confusion dans la fonction de l’Etat. Il faut qu’on ait quelqu’un qi ait une certaine expérience dans la gestion des affaires, quelqu’un suffisamment connu à l’extérieur, qui bénéficie d’une certaine crédibilité. Le candidat de Bennoo doit être irréprochable sur le plan de la moralité. Il faut quelqu’un qui symbolise ces valeurs. On ne veut pas d’un rapace qui veut l’argent. C’est Niasse qui disait qu’il faut quelqu’un qui n’ait pas faim. Il ne faut pas qu’il soit de l’âge de Wade. Nous sommes biologiquement limités. Lorsque vous êtes à soixante ans, vous avez atteint le sommet. Lorsqu’une courbe a atteint son maximum, elle ne peut être que décroitre. Vos facultés intellectuelles et physiques diminuent. Il faut en tenir compte. Jusqu’à soixante quinze ans, quatre-vingts ans maximum, on ne devrait pas continuer à gérer. Pour gérer le Sénégal, l’âge compte.
Comment comprenez-vous l’attitude de Macky Sall qui opte pour une pluralité de candidats ?
La position de Macky pouvait se comprendre si l’opposition avait opté pour une pluralité de candidats. Il tirera les conséquences quand Bennoo aura un candidat. S’il n’est pas choisi, il se trouverait en porte-à-faux. Il n’est pas seulement opposé à l’idée d’un candidat unique mais aussi la Constitution. C’est en contradiction avec les Assises Nationales.
Que voulez-vous dire par « tirer les conséquences » ?
Tout ce que je peux dire c’est qu’il est difficile de survivre à Bennoo en n’adhérant pas aux Conclusions des Assises Nationales.
8 Commentaires
Golo
En Juin, 2011 (16:14 PM)Hp
En Juin, 2011 (16:16 PM)Undefined
En Juin, 2011 (16:29 PM)Macky 2012
En Juin, 2011 (16:53 PM)RÉVOLUTION PULAAR EN FORCE AVEC MACKY SALL RÉVOLUTION PULAAR EN FORCE
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Y EN A MARRE DES WOLOFS, LEBOUS, SERERES ET DIOLAS
Reply_author
En Mars, 2022 (13:20 PM)Bb
En Juin, 2011 (21:13 PM)Lao Demba
En Juin, 2011 (12:03 PM)Mame
En Juin, 2011 (13:32 PM)Farba
En Juin, 2011 (14:21 PM)Participer à la Discussion