S’estimant snobée par le président de la république : Bennoo rejette la main tendue de Wade

Le vingtième appel au dialogue de Wade à l’opposition est, pour sûr, le dernier. Cette dernière préfère s’orienter vers les prochaines échéances électorales plutôt que de s’intéresser à ce qu’elle considère comme une mise en scène du pouvoir. La coalition de l’opposition l’a fait savoir au président Wade dans une déclaration rendue publique hier.

Entre le pouvoir et l’opposition, il n’y aura pas de dialogue politique d’ici 2012. En tout cas, c’est ce que laisse croire la déclaration rendue publique par la Conférence des leaders de Bennoo Siggil Senegaal. En effet, considérant que le président n’a nullement daigné faire suite aux préalables qu’elle avait posés à toute discussion avec le pouvoir, l’opposition la plus significative est d’avis que l’invitation de Me Wade au dialogue ne peut être que vaine. Et pour Tanor, Niasse et compagnie, les nombreux appels au dialogue du pouvoir relèvent plus de la mise en scène que d’une volonté réelle d’échanger de manière sincère sur les problèmes du pays. ‘Le caractère lapidaire de son contenu, la voie qu’il a empruntée n’ont pas pu infirmer les doutes qui étaient les nôtres sur votre véritable volonté de relancer les ouvertures pour un dialogue inclusif, sincère et fructueux’, soutient Bennoo Siggil Senegaal. Celle-ci de regretter que, ‘sur tous les points que nous avions soulevés dans nos correspondances à ce sujet, nos propositions et argumentaires n’aient été adéquatement recueillis et bien pris en considération’.
Pour Bss, les neuf points qu’elle avait consignés dans sa dernière lettre au président de la République et relatifs à la situation économique et politique de notre pays, qui devaient être le soubassement d’un échange direct, n’ont pas fait objet de réaction de la part de celui qui se targue d’avoir lancé vingt appels à l’opposition.

Et face au temps relativement court qui nous sépare des prochaines élections, la plus grande coalition de l’opposition soutient qu’il est illusoire de croire, suivant le schéma qu’elle voudrait, qu’un dialogue est possible entre elle et le camp adverse. ‘Vous conviendriez avec nous à présent, à cause du temps court qui nous sépare des prochaines élections, qu’il n’est plus possible d’ouvrir, suivant ce format, sur l’ensemble des 9 points, un dialogue large et profond suivi de la mise en oeuvre de ses conclusions’. La responsabilité d’une telle situation est imputée au pouvoir. ‘Votre gouvernement doit donc assumer l’entière responsabilité de l’échec du dialogue global car la plupart des questions qui devraient être inscrites à son ordre du jour ont plusieurs fois été soulevées et des formats de discussion proposés, tant par l’Opposition que par les Assises nationales, dés le lendemain de l’élection présidentielle de février 2007’, accuse Bss.

Cependant, évitant de faire le mélange de genre, Bathily et compagnie soutiennent que la question du dialogue politique est à dissocier de celle relative au processus électoral. ‘Elle ne peut non plus disqualifier à jamais la désignation d’un modérateur sur le processus électoral que nous proposions dans notre lettre en date du 26 janvier 2010 envoyée au ministre de l’Intérieur’, disent-ils. Sur cette dernière question, Bennoo rappelle ses recommandations qui consistaient en la désignation d’une personnalité indépendante, consensuelle, équidistante des partis politiques, jouissant en outre d’une expertise sur la matière électorale, pour conduire et présider les travaux d’une commission de révision de notre système électoral. Niasse et ses camardes de se désoler qu’au lieu de s’atteler à cet aménagement urgent dans le processus, Me Wade a plutôt préféré s’engager récemment dans la désignation d’un ministre de l’Intérieur au profil controversé. ‘Mais, en estimant que la responsabilité de désigner le ministre chargé de l’organisation des élections peut s’exercer sans avoir à tenir compte à la fois de l’opinion des différents protagonistes du jeu électoral, du contexte politique et des avancées enregistrées sur l’audit du processus électoral, vous venez par ce geste de manifester votre tentation à vous éloigner des acquis démocratiques depuis 2000 et des jalons que vous avez acceptés de poser sur le processus électoral sur la demande de nos partenaires économiques’, s’offusque la conférence des leaders de Bennoo Siggil Senegaal.