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Politique

[ Analyse ] Sénégal : la bonne gouvernance, seul gage de stabilité !

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[ Analyse ] Sénégal : la bonne gouvernance, seul gage de stabilité !

Notons que la première alternance survenue au Sénégal en 2OOO, au terme d’une élection présidentielle transparente, avait fini de susciter beaucoup d’espoir au niveau de la population qui considérait cet événement comme celui qui devait mettre un terme à leur souffrance. Seulement le constat amer aujourd’hui est que plus de 65% de la population continue à vivre au-dessus du seuil de pauvreté. La répartition du pouvoir politique s’est avérée généralement inégale et le mode de fonctionnement des institutions publiques continue à accentuer la fracture sociale en jouant, souvent, un rôle de toute évidence néfaste pour les pauvres. En effet, il faut nécessairement une justice dans la répartition des ressources nationales. A chacun selon ses mérites. Il n’est pas acceptable que l’essentiel des biens publics soit à la disposition d’une infime minorité. Toutes les autres recettes ne sont destinées qu’à distraire la galerie et à endormir notre peuple à travers de projets fantaisistes, inefficaces et budgétivores, destinés à enrichir de petits malins.

Qu’est ce que la bonne gouvernance ?

« Gérer les affaires économiques, publiques et privées grâce à des institutions, des mécanismes et des procédures connues, dans l’efficience et l’équité en vue d’un bien-être des individus et des collectivités. ». C’est là une définition de la bonne gouvernance. Contrairement à ce que certains ont tendance à penser, ces exigences ne devraient pas s’appliquer qu’à l’État. Tous les acteurs impliqués dans l’organisation et la gestion de la société sénégalaise que sont l’appareil étatique, la société civile et le secteur privé sont concernés, comme acteurs mais aussi comme instances de contrôle.

La corruption, une autre version de la solidarité africaine !

La corruption, définie comme « abus de pouvoir public » a toujours existé en Afrique. Actuellement, le vent du libéralisme économique a amplifié le mal. Certaines élites expliquent que la corruption est la version africaine de la solidarité. Mais si on prend connaissance des chiffres de détournements publics, on se rend compte que la corruption creuse le fossé entre riches et pauvres. Le capitalisme sauvage engendre une corruption africaine qui comporte deux visages : la grandeur (les fortunes des dictateurs africains sont immenses) et l'évasion (ces mêmes fortunes reposent dans des banques étrangères). Un fatalisme s'est installé dans les populations africaines, selon lequel la corruption ne peut être vaincue puisqu'elle fait partie de la culture. Cela s'explique par le fait qu'il n'existe pas toujours en Afrique des mécanismes de prévention et de lutte contre la corruption.

Un Etat fort n’est pas un Etat à grande bureaucratie !

En prônant un État fort, je ne suis pas favorable à une surcharge de l'État, ni un État avec une gigantesque bureaucratie. Plaider pour un État fort c’est plaider pour un Etat qui, entre autres, a le pouvoir d'agir au nom du peuple, conformément à leurs souhaits. Et dans une économie de marché, avec la loi de la jungle, nous avons besoin d'un État qui a la capacité d'intervenir au nom des plus faibles. Aucun Etat n'est vraiment fort que si son gouvernement a le plein consentement d'au moins la majorité de son peuple, et il est difficile d'envisager comment ce consentement peut être obtenu en dehors de la démocratie. Ainsi, un appel en faveur d'un Etat fort n'est pas un appel à la dictature.
En effet, toutes les dictatures sont fondamentalement faibles, parce que les moyens qu'ils appliquent en matière de gouvernance rendent intrinsèquement instable. La capacité d’un gouvernement à diriger la nation réside dans la combinaison de trois éléments : Tout d'abord sa proximité à son peuple, et sa réactivité face à leurs besoins et leurs exigences, en d'autres termes, la démocratie. Deuxièmement, sa capacité à coordonner les différentes actions des populations. Et, troisièmement, de l'efficacité des institutions (officielles et non officielles) par le biais de ses décisions qui sont rendues publiques et mises en œuvre à travers le pays.

Quel rôle doit jouer le parlement ?

Comment promouvoir des dispositions claires concernant la séparation des pouvoirs, et notamment des mécanismes constitutionnels, juridiques et institutionnels susceptibles d’assurer un meilleur équilibre entre la branche exécutive et le parlement ? Comment encourager les parlements à jouer leur rôle : c’est-à-dire faire contrepoids et demander des comptes à l’exécutif ? Voilà des questions auxquelles ceux qui président au destin de nos pays doivent répondre. Nous savons tous aujourd’hui que la façon dont les parlementaires s’acquittent de leurs responsabilités a une certaine influence sur le cours de la vie politique. Si dans certains pays les parlementaires affirment de plus en plus leur indépendance et font contrepoids au pouvoir exécutif, dans d’autres ils se heurtent à un certain nombre de contraintes telles que les structures politiques en place qui continuent à favoriser l’exécutif. Cependant, le bon fonctionnement des Parlements est très souvent compromis par une culture démocratique peu développée comme dans notre cher Sénégal où l’Assemblée Nationale continue d’être une simple chambre d’enregistrement ; les projets de lois y passent comme lettre à la poste.

Qu’entend-t-on par démocratie ?

La démocratie comme on dit souvent, est une expérience humaine, une exigence morale dont la nature et la portée varient avec le contexte historique. C’est aussi un moyen de liberté, un instrument de justice, une manière d’assurer le contrôle de la collectivité sur le pouvoir, d’assurer à chacun et à tous la liberté, l’égalité, la justice, le respect de la volonté populaire, la primauté de la loi, la promotion des droits de l’homme. La démocratie se définit aussi par la possibilité pour les populations de choisir librement leurs dirigeants, de participer à la gestion du pouvoir, de contrôler leurs représentants et de mettre fin à leurs mandats en cas de défaillances. Elle est enfin la possibilité pour les populations de participer au processus de conception, de décision, d’exécution et de contrôle des projets les concernant. En effet, cela nécessite des populations la capacité, mais aussi la clairvoyance à gérer ces atouts. Ce qui présuppose une éducation civique mais aussi des moyens d’exercer le droit d’expression et d’association.

Une urgence : l’instauration d’une culture du bien public, du civisme !

Il faut noter que la priorité des priorités réside donc dans l’instauration d’une culture du bien public, de l’esprit civique. Pour ce faire, naturellement l’éducation doit revenir à sa vocation de base : former, certes des compétences techniques, mais d’abord et avant tout des hommes équilibrés, consciencieux, moralement mûrs et motivés par l’amour de l’intérêt public.
La boulimie d’une catégorie de personnes peu scrupuleuses ayant accès aux structures de gestion des biens publics est effrayante. La banalisation d’une soif d’accaparement démesurée est l’une des causes principales de la paupérisation au Sénégal et ailleurs en Afrique. Force est de reconnaître que beaucoup ont déployé énergies et sacrifices remarquables pour mériter les positions qu’ils occupent. A cet égard, il est indispensable de revoir le système de traitement et de motivation des initiatives et des compétences. . Placé dans des conditions de traitement difficilement acceptables un fonctionnaire doit vraiment être un héro pour résister à la tentation de se servir. « Vous êtes pur, parce que vous n’avez pas eu l’occasion d’être impur », disait l’autre.
Il s’agit donc de revoir dans son intégralité l’organisation de l’administration pour asseoir les conditions de transparence dans la gestion, combattre les différents travers qui gangrènent le fonctionnement de l’Etat tels les trafics d’influence, les favoritismes, les inégalités de toutes sortes. Les dysfonctionnements de l’administration tirent leur origine dans beaucoup de situations beaucoup plus étendues que celles évoquées ici rapidement. Il urge d’en faire un diagnostic complet pour une thérapie conséquente. En tout état de cause l’instauration d’un code moral pour notre fonction publique est ressenti aujourd’hui comme un impératif incontournable. Le sommet de l’Etat est forcément le premier concerné. La pratique du clientélisme, la peur d’être impopulaire, toutes choses qui engendrent le laxisme et l’impunité, doit être dépassées pour laisser place à des comportements plus compatibles avec l’équité.

Quel comportement pour nos gouvernants ?

Nos gouvernants, en tant qu’être humains faillibles, doivent savoir être à l’écoute du peuple, avoir le sens de l’initiative, éviter l’immobilisme et avoir autant que faire se peut, un minimum de bon sens pour en toute circonstance, savoir et pouvoir réagir dans l’intérêt général et de la manière la plus efficiente. La remise en cause doit se faire aussi souvent que possible afin de ne pas se complaire dans une autosatisfaction de bon aloi. Cette question se pose quand on regarde comment le pouvoir est exercé dans nos pays africains. Il est quasiment impossible d’entendre les gens du pouvoir faire leur autocritique, se remettre en cause ou admettre leurs erreurs. On a l’impression que nous sommes gouvernés par des surhommes. Ceux qui ont la charge de diriger ce pays l’ont peut-être fait avec autant de patriotisme, d’honnêteté et d’intelligence qu’ils pouvaient et, il ne faudrait pas penser que tout ce qu’ils ont fait est mauvais, loin s’en faut. La volonté d’accéder au pouvoir ne doit nous dispenser d’une certaine objectivité.

Notons pour finir que le Gouvernement devra se départir des entraves que constituent les intérêts partisans ou des préoccupations électorales pour, qu’à chaque fois que le besoin se fera sentir, dire la vérité aux populations et, faire fi de toute pression autre que celle mue par l’intérêt général. Le Gouvernement n’aura comme préoccupation que celle de mener le pays vers un mieux être effectif. Il est inconcevable que les politiciens qui font espérer aux populations une amélioration de leur sort, restent dans les mêmes dispositions de mauvais comportement, d’imprévoyance, d’incivisme, d’insouciance et de paresse.

Serigne Samba Ndiaye : Enseignant, Chercheur, Phytothérapeute : Site web : www.sambamara.com



2 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2016 (13:13 PM)
     :emoshoot: 
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Août, 2016 (11:24 AM)
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