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SERIGNE MBACKÉ NDIAYE, PARTI DE LA RÉFORME : « Le pouvoir et l’opposition doivent discuter pour reporter les élections »

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SERIGNE MBACKÉ NDIAYE, PARTI DE LA RÉFORME : « Le pouvoir et l’opposition doivent discuter pour reporter les élections »

Membre du parti de la réforme (Pr) d’Abdourahim Agne qui fait partie des composantes de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa), Serigne Mbacké Ndiaye fait partie des protagonistes du dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Il estime dans l’entretien qu’il nous a accordé qu’il est impossible aujourd’hui d’organiser les élections le 25 février 2007. Selon lui, les deux camps doivent s’asseoir sur la table pour reporter ces échéances dans l’intérêt du pays.

La Coalition populaire pour l’alternative a décidé de répondre positivement à la lettre du président de la République l’invitant au dialogue politique. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?

La Coalition populaire pour l’alternative a dit, lors de sa dernière réunion, oui pour confirmer sa volonté de dialoguer avec le chef de l’État. La conférence des leaders va se pencher sur une lettre que nous allons adresser au président pour réaffirmer cette disponibilité au dialogue et rappeler les points sur lesquels nous pensons qu’il est possible de dialoguer et retrouver un consensus dans l’intérêt de notre pays. Nous osons espérer que cette rencontre donnera des résultats satisfaisants pour tous les Sénégalais.

Pourquoi l’opposition a-t-elle attendu ce moment pour répondre ?

L’opposition a confirmé l’acceptation qu’elle avait faite depuis le 1er janvier. Si vous vous souvenez, c’est le 31 décembre que le président de la République avait lancé un appel à l’opposition pour engager immédiatement, selon ses propres termes, le dialogue pour discuter des problèmes essentiels de notre pays. À l’époque, tous les leaders qui avaient été contactés avaient donné leur accord pour aller discuter. L’accord était total au niveau de la coalition que nous avions et qui était composée du Cpc, de la Ld/Mpt et du G10. C’est important dans la mesure où, souvent, les gens ont souvent tendance à dire que les problèmes politiques n’intéressent que les hommes politiques, alors que, de mon point de vue, c’est une erreur. Partout où nous avons des difficultés dans le monde, particulièrement en Afrique, celles-ci sont parties des questions électorales, de contestations après les élections. La question électorale intéresse tous les Sénégalais, quelles que soient leurs positions sociales. L’opposition avait donc accepté d’aller discuter avec le président de la République. Avant cela, il y a eu même une première tentative parce que Clarté avait également demandé une audience et obtenu que le président discute avec ses leaders. Malheureusement, pour une question de procédure, cela n’avait pas abouti. Aussi beaucoup d’affaires avaient vicié l’atmosphère. Notre camarade Ibrahima Séne avait été arrêté. Dansokho poursuivi. Jean-Paul Dias aussi. C’est tout un ensemble de problèmes qui faisait qu’on ne pouvait pas discuter. Ce qui me faisait dire à l’époque que quelque part, dans les rangs du pouvoir, il y a des gens qui ne veulent pas du dialogue politique et qui n’osent pas en parler au chef de l’État. Et ils profitent de la moindre occasion pour vicier l’atmosphère et pousser l’opposition à dire que l’environnement ne s’y prête pas. Nous avons tourné en rond pendant longtemps.

Mais il faut dire qu’il y a eu beaucoup de correspondances entre le président et nous. À un moment donné, le président avait écrit pour fixer la rencontre au 15 mars dernier. La Cpa a écrit au président pour lui demander de reporter la rencontre pour mieux préparer en donnant les points sur lesquels elle voudrait discuter avec le président. Et tout dernièrement, le 27 avril, le Premier ministre, au nom du président de la République, a écrit une lettre à la Cpa pour confirmer cette disponibilité du président à dialoguer sur toutes les questions. Et donner la liste des membres de la commission paritaire côté gouvernement. C’est dire que même si, apparemment, le dialogue n’avançait pas, je suis profondément convaincu que le dialogue n’était pas rompu, parce que non seulement il y avait ces correspondances, mais on continuait à discuter de tous les problèmes pour aboutir à une solution.

Parmi les problèmes autour desquels la Cpa souhaite débattre, figure la matière électorale. Pensez-vous que le consensus est possible ?

Il peut y avoir un consensus. L’essentiel est qu’il y ait une volonté d’avancer. Et je dois dire très honnêtement, pour avoir longuement et à plusieurs reprises discuté avec le président de la République, qu’il est dans d’excellentes dispositions pour faire avancer le processus. Je dis la même chose en ce qui concerne les leaders de l’opposition qui sont des patriotes, des hommes d’État conscients qu’aujourd’hui, sans le dialogue entre le pouvoir et l’opposition, nous allons droit vers des difficultés. Nous allons vers des élections et les contestations sont là avant même que le processus soit enclenché. La Cena a été l’objet de contestations. Le couplage des élections a également fait l’objet de contestations. Le fichier électoral pose problème. Au moment où le ministre de l’Intérieur nous annonce 4.500.000 Sénégalais inscrits sur une population de 10 millions, cela veut dire que pratiquement tous les Sénégalais en âge de voter se sont inscrits. Ceux qui sont en âge de voter ne font pas plus de 5.500.000, or dans les villages et dans certains bureaux de Dakar, les gens ne sont pas inscrits faute de trouver une commission pour le faire. Il y a un problème quelque part. Nous travaillons au niveau de l’opposition pour trouver le problème et nous avons des pistes.

Quelles sont ces pistes ?

Des indices nous montrent qu’il y a des gens qui se sont inscrits sur les listes électorales et qui n’avaient pas le droit de le faire. Nous sommes en train de travailler sur cette piste et, le moment venu, nous donnerons les résultats de ces investigations. À côté de cela, il y a des gens qui se sont inscrits, mais leurs photos sont floues. Le ministre de l’Intérieur avait dit que dès l’inscription, le citoyen reçoit ses cartes d’électeur et d’identité numérisées 72 heures après ; je me suis inscrit depuis deux mois, jusqu’à présent je n’ai pas reçu mes cartes. Et beaucoup de Sénégalais sont dans cette situation. Cela veut dire que nous nous acheminons vers des commissions de distributions des cartes d’électeur alors que cette phase n’était même pas prévue. Il y a énormément de problèmes sur lesquels on peut discuter et trouver des solutions parce qu’à l’état actuel des choses, je demeure convaincu qu’il est totalement impossible d’organiser des élections transparentes avec contestations-zéro en 2007. La transparence des élections suppose qu’il y ait un fichier électoral correct, mais également une carte électorale. On doit mettre le nom du bureau de vote sur la carte d’électeur. Or en tant que parti politique, nous n’avons pas jusqu’à présent la carte électorale. Jusqu’en 1988, il y avait 3336 bureaux de vote et les partis politiques avaient demandé que le nombre de bureaux soit augmenté pour permettre à l’électeur d’être très proche de son lieu de vote. Le nombre de bureaux a été multiplié par deux ou par trois, mais les lieux de vote n’ont pas changé. Il y a des difficultés à ce niveau. Nous devons être en possession de la carte électorale pour savoir les lieux exacts où seront les bureaux de vote. Il y a au moins deux millions de Sénégalais de l’extérieur qui n’ont pas la possibilité de s’inscrire. En France, les gens étaient même obligés d’aller en grève. D’autres localités n’ont pas encore reçu de commissions. Il ne sert à rien de dire que nous allons absolument organiser les élections en février 2007. Il faut réunir les conditions d’une élection transparente. Abdoulaye Wade a reçu un pouvoir de manière incontestable. Il est élu dans la transparence et la plus grande démocratie. Il est tout à fait normal qu’il puisse, au terme de son mandat, y avoir au Sénégal des élections plus transparences que celles qui l’ont porté au pouvoir.

À vous entendre parler, les conditions ne sont pas encore réunies pour des élections en février 2007. Quelles solutions préconisez-vous ?

Les conditions ne sont pas réunies. Et je l’ai toujours dit. Ce que je préconise, c’est que le corps politique sénégalais se mette autour d’une table, discute de la situation. Et nous constaterons ensemble qu’il est impossible d’organiser les élections. Et nous les reporterons. Maintenant, je peux me tromper. Si le ministère de l’Intérieur ou les autres donnent la preuve que ce que j’avance ne tient pas la route et qu’il est possible d’organiser les élections en 2007, j’applaudirais. Mais je suis convaincu que techniquement on n’est pas prêt pour organiser les élections en 2007. Je pense que le dialogue nous permettra de trouver une solution.

Les leaders de l’opposition trouvent impensable le report des élections. Ne pensez-vous pas que cela compromet les chances de réussite du dialogue ?

Non. Pas du tout. On dialogue parce qu’il y a des difficultés. On doit organiser les élections en 2007. C’est le souhait de toute l’opposition. Si nous constatons ensemble qu’il n’est pas possible de le faire, nous trouverons une autre solution. C’est ça être responsable. Nous avons la volonté d’organiser les élections en 2007, mais si nous constatons que ce n’est pas possible, mais à quoi ça va servir d’aller cogner la tête contre un mur et dire que nous allons les organiser comme le fait le ministre de l’Intérieur, étant convaincu que ce n’est pas possible. Nous devons discuter et trouver une solution. L’essentiel c’est l’intérêt de notre pays. Et j’insiste sur un point : nous avons l’habitude de dire que ce qui peut arriver aux autres pays n’arrivera jamais au Sénégal. On me dit parce qu’au Sénégal on a des chefs religieux. Je veux bien parce que je suis un religieux. Et j’adore les chefs religieux. Mais est-ce qu’il y a une terre plus sainte que La Mecque ? Et pourtant, le jour du pèlerinage, le sang a coulé sur cette terre. Des saints sont en Irak ou à Jérusalem, pourtant le sang y coule. Les Sénégalais doivent définitivement arrêter de parler de ça. La Casamance fait partie du Sénégal et, depuis plus de 20 ans, le sang coule. Les drames du Diola et de la Sonacos ont eu lieu au Sénégal. Pour éviter un drame au Sénégal, il faut que les fils du pays se parlent dans l’intérêt exclusif de la nation. Sinon toute autre considération ne fait que nous amener droit vers le mur et ce serait regrettable pour tous. Les chefs religieux, la société civile, tout le monde parle de dialogue. Cela veut dire qu’il faut discuter. Je veux bien que les élections se tiennent en 2007. Mon parti n’a pas de députés à l’Assemblée nationale et je suis persuadé que si les élections étaient organisées à date prévue, j’aurais des représentants au Parlement. Les partis avec qui nous sommes dans l’opposition ont des groupes parlementaires, le Parti de la réforme n’en a pas. Mais ce n’est parce que je veux être élu que je vais pousser mon pays à aller dans l’abîme. Je ne le ferai pas. Je suis responsable. Nous ne nageons pas à contre courant de la Cpa. L’essentiel pour nous, c’est de défendre nos convictions. Nous avons été en contradiction avec d’autres partis de l’opposition sur d’autres questions. Mais cela ne nous dérange pas. Nous estimons que si nous pouvons être d’accord sur tout, nous serions dans un même parti. Et même dans un parti, on ne peut pas être d’accord sur tout. Nous défendons nos positions avec convictions dans l’intérêt du pays.

Votre parti s’apprête à organiser les journées de la réforme et il sera question de son positionnement stratégique. Comment expliquez-vous le choix de ce thème ?

Nous sommes un parti politique. Nous avons participé à des élections locales au sortir desquelles nous avons de bons résultats. Et depuis lors, nous avons travaillé et le Parti de la réforme est présent dans tous les départements et les autres localités du Sénégal. Il est normal maintenant qu’à la veille des consultations électorales que le parti s’arrête pour évaluer son action. Et nous verrons par rapport aux élections législatives et à la présidentielle pour laquelle nous avons déjà un candidat depuis 2 ans, ce que nous allons décider. Il n’y a rien d’extraordinaire à cela.

Mais vous avez annoncé la candidature d’Abdourahim Agne alors que votre parti est membre de la Cpa qui n’a pas encore résolu la question de la candidature unique…

Nous avons annoncé la candidature de notre leader bien avant la création de la Cpa. Maintenant, un parti, ce sont des instances. Nous discuterons avec la Cpa comment aller aux élections. Certains pensent qu’il nous faut un candidat unique. D’autres voient le contraire. Je suis de ceux-là qui estiment qu’il ne faut pas un candidat unique de l’opposition. Je défends la candidature plurielle. Et chaque candidat sera bien soutenu par son parti. Il est clair qu’avec ce procédé nous irons au deuxième tour. Et toute l’opposition va se ranger derrière le candidat de son camp le mieux placé. Pour les législatives, nous voulons aller sur la base d’une candidature unique de la Cpa. Cela est difficile, mais c’est possible.

Quels commentaires faites-vous de l’article paru dans le dernier numéro de Jeune Afrique disant que le Pr serait en discussions secrètes avec le régime ?

Nous n’avons jamais fait quelque chose secrètement. J’en défie quiconque. S’il y a une personne qui rencontre assez souvent, pour ne pas dire tous les jours, le président de la République, c’est moi-même. J’ai été reçu à plusieurs reprises de novembre à nos jours par le chef de l’État. Le président de la République, en dehors de toute considération, est le président de tous les Sénégalais. Quand j’estime que je dois aller chez lui pour apaiser un climat, je le fais. Nous n’avons jamais parlé de problèmes du Pds. Il n’y a jamais eu de discussions entre le président de la République et le Parti de la réforme pour une alliance. C’est le dialogue politique qui existe parce que, sans le dialogue, les problèmes ne pourront pas être réglés.



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