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Politique

Serigne Mbaye Thiam (Parti socialiste) : “Nous prouverons que Wade a été illégalement élu”

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Serigne Mbaye Thiam (Parti socialiste) : “Nous prouverons que Wade a été illégalement élu”

Le Parti socialiste (Ps) est décidément engagé à révéler au grand jour les preuves que le dernier scrutin présidentiel a été tripatouillé à souhait par le Président Abdoulaye Wade et son gouvernement. Après la sortie de son Premier secrétaire Ousmane Tanor Dieng, Serigne Mbaye Thiam, un de ses hommes de confiance, sort de son silence habituel pour enfoncer le clou en promettant la divulgation toute prochaine d’éléments compromettants à la légitimité du Président nouvellement réélu. A travers cet entretien, ce membre du directoire de campagne socialiste revient sur les incongruités du scrutin du 25 février dernier et se projette sur les législatives pour lesquelles, il pose les exigences qui semblent être partagées au niveau de l’opposition.

A la veille du scrutin du 25 février dernier, bon nombre d’analystes politiques attendaient Ousmane Tanor Dieng au second tour contre Abdoulaye Wade. Au bout du compte, on s’est retrouvé avec un schéma selon lequel il n’y a pas eu de second tour, mais surtout, Ousmane Tanor Dieng est arrivé troisième, derrière le candidat Idrissa Seck. La déception doit être grande, n’est-ce pas ?

Ce qui est sûr, c’est que le directoire de campagne, les militants et tous ceux qui ont soutenu la candidature d’Ousmane Tanor Dieng ont senti une certaine déception au vu des résultats qui ont été publiés. Parce que, tout simplement, la plupart des analystes politiques, la constatation des rapports de forces sur le terrain durant la campagne électorale et surtout les études d’opinions et les sondages qui ont été effectués, mettaient au coude à coude Ousmane Tanor Dieng et Abdoulaye Wade, avec des scores qui tournaient autour de 30 % et qui les amenaient au second tour. Il y a même certaines études qui plaçaient Ousmane Tanor Dieng en tête. Donc, les résultats publiés ont surpris plus d’un, y compris le camp des vainqueurs. Pas seulement les militants du Ps et sympathisants, mais toute l’opinion nationale et internationale. C’est ce qui fait la bizarrerie de ces élections, ce qui fait qu’elles constituent un mystère qu’on est en train de percer. Comme le candidat Ousmane Tanor Dieng l’a indiqué, nous avons un certain nombre d’indices concordants. Nous avons demandé à la Commission nationale de recensement des votes de procéder à une confrontation des signatures qui figurent sur la liste d’émargement des bureaux de vote avec les signatures électroniques des électeurs figurant dans la base de données des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeurs, de le faire sur un échantillon de bureaux de vote pour lesquels on avait des informations précises ; ce que les magistrats de la commission ont refusé. Nous avons formulé la même demande au Conseil constitutionnel aussi qui a refusé de procéder à cette confrontation. Ces refus, face à une demande qui ferait éclater la vérité, prouvent que quelque chose s’est passé, parce que s’il n’y a pas eu substitution d’électeurs, je ne vois pas pourquoi ils refuseraient la confrontation de ces signatures. C’est ce qui nous conforte dans notre conviction qu’il y a eu effectivement une rétention volontaire de cartes d’électeur qui ont été utilisées par d’autres électeurs qui ont donc signé à la place d’autres. La seule façon de vérifier cela était la confrontation des signatures. Comme le Premier secrétaire (Ndlr : Ousmane Tanor Dieng, lors de sa dernière conférence de presse) l’a indiqué, le score qu’il a obtenu a été minoré parce qu’avec ce stratagème de rétention de cartes que certains ont utilisé, si c’est 100 mille cartes favorables à Ousmane Tanor Dieng qui ont été utilisées par 100 mille personnes d’Abdoulaye Wade, cela entraîne un écart de 200 mille voix. Parce que c’est 100 mille en moins pour l’un et 100 mille en plus pour l’autre. Malgré tout cela, la défaite enregistrée par notre candidat est une défaite d’avenir.

Pourquoi ?

Parce que pour nous, aujourd’hui, c’est une défaite que l’on constate sur le plan électoral, sur le plan formel, mais il y a un nouvel élan qui est né. Ousmane Tanor Dieng a placé sa campagne sous le signe d’un nouvel élan pour le Sénégal. A défaut d’impulser ce nouvel élan pour le Sénégal, la campagne a impulsé un nouvel élan pour le Parti socialiste (Ps). Il s’agira donc de travailler à consolider cet élan-là, en renforçant et en élargissant la base du parti.

Mais, le Ps s’est-il accommodé de son nouveau statut de second de l’opposition, si l’on sait que l’issue des votes a placé Idrissa Seck en tête ?

Même si Idrissa Seck et Rewmi viennent avant nous, cela nous place quand même parmi les principales forces politiques de ce pays. En plus, le Ps a confirmé qu’il est dans une phase de redressement, de reconstruction.

On ne peut pas comparer le mouvement qui a porté Idrissa Seck et le Ps. Le Ps est un parti organisé avec des structures formelles qui existent au niveau national, dans toutes les régions, les départements, les collectivités rurales et dans tous les villages. Donc, c’est une force politique organisée. C’est une force politique qui a subi une défaite en l’an 2000 et qui est en train de se reconstruire. Mais, le mouvement qui a porté Idrissa Seck est un mouvement nouveau, de la même manière qu’un mouvement né à quelques mois d’une échéance électorale avait porté l’Urd (Union pour le renouveau démocratique : Ndlr) en 1998 et Moustapha Niasse en 2000. Dans le contexte de notre pays, il y a la prime à la nouveauté. Maintenant, c’est dans la durée qu’on peut savoir si un mouvement est pérenne ou pas. Les expériences antérieures démontrent que la nouveauté ayant joué, il y a une percée qui est faite lors de la première participation à une élection, mais qui ne s’est pas confirmée par la suite. Mais, le Ps naturellement, joue un rôle de leader dans l’opposition, ici, au Sénégal parce que tout simplement le régime qui nous gouverne est un régime libéral ; le Ps est une formation politique socialiste. Donc naturellement, nous sommes les opposants à Abdoulaye Wade. Nous, au moins, on a prouvé notre ancrage politique et sociologique dans la durée. Il faut que les autres aussi prouvent la présence dans la durée pour démontrer qu’ils sont des forces politiques pérennes.

Certains présentent le départ de Robet Sagna comme l’une des causes principales de ce résultat décevant du Ps…

Les résultats sortis des urnes ont quand même l’avantage de clarifier un certain nombre de choses. Ousmane Tanor Dieng était le candidat légal du Ps, investi par les structures légales du parti et il était aussi le candidat légitime du Parti socialiste. J’ai entendu dire que ce n’est pas son coefficient personnel qui a joué, mais que c’est l’appareil du parti qui a joué. Ceux qui disent cela reconnaissent, en même temps, qu’Ousmane Tanor Dieng est un candidat légitime, supporté par la majorité des militants et responsables du Ps. Ça au moins, c’est un débat qui est derrière nous. Ce qui veut dire que, si toutes les personnes qui briguaient l’investiture du parti avaient accepté le jeu démocratique, c’est Ousmane Tanor Dieng qui aurait été choisi. Maintenant ce qui est sûr, c’est que tout départ entraîne des voix en moins, parce que la politique, c’est de l’addition et pas de la soustraction. Mais des départs, dans certaines conditions, aussi, permettent de clarifier les choses. Ce qui est à constater aussi, c’est qu’après 2001, on a eu de grands départs au niveau du Ps : Abdourahim Agne, Abdoulaye Mactar Diop et autres. Aussi, avant ces élections, on a eu le départ de Robert Sagna et d’autres responsables régionaux, mais cela n’a pas empêché le Ps d’augmenter notoirement son score en valeur absolue en passant de 326 mille à 464 mille voix.

Lors de sa dernière conférence de presse, le Premier secrétaire a parlé de la nécessité d’une forte alliance de la gauche en direction des législatives. N’est-ce pas là une main qu’il tend à Robert Sagna et certains autres ?

Ce n’est pas une première pour Ousmane Tanor Dieng. En 1999 déjà, à la veille de l’élection présidentielle, il avait sorti un texte, une contribution dans les journaux et avait dit que, quelle que soit l’issue du scrutin, lui, il pense que la gauche doit se retrouver. Pendant toute la période de 7 ans que nous avons passée dans l’opposition, le Ps a toujours été partie prenante des initiatives tendant à fédérer les forces de gauche, les forces démocratiques. C’est ce qui explique notre ancrage dans le Cpc, et après, dans la Cpa. C’est ce qui justifie que, dans la Cpa, nous ayons milité pour une liste commune pour aller aux législatives. C’est une attitude constante que nous avons eue.

Toujours par rapport à la sortie de votre candidat, il a fait état d’un certain nombre d’éléments que vous auriez en votre possession et qui prouvent que l’issue du vote a été dévoyé…

Bien sûr que nous avons des éléments et nous allons continuer à travailler à rassembler des éléments et à les valider. Nous allons continuer !

Est-ce qu’on peut en avoir une idée ?

Non ! Parce que, pour le moment, il ne faut pas fragiliser le travail qu’on est en train de faire. Ce sont des Sénégalais qui, eux-mêmes, viennent à nous spontanément pour nous donner des éléments.

Est-ce que ces éléments pourront être de taille à convaincre vraiment ?

Ce qui est sûr, c’est que ça ne va pas changer formellement les résultats du scrutin puisque le Conseil constitutionnel rend une décision en dernier ressort. Une fois rendue, la décision n’est susceptible d’aucun recours. Mais, cela permettrait de prouver qu’Abdoulaye Wade est un président illégitime, que c’est quelqu’un qui a usurpé le pouvoir.

Et vous avez mis la Cena dans le même sac…

En mettant en place la Cena, nous avions l’objectif de passer du statut d’arbitre de touche que jouait l’Onel au statut d’arbitre central qu’on voulait faire jouer à cette Cena. Malheureusement, nous nous sommes retrouvés avec un simple spectateur sur les gradins. Nous n’avons pas vu la Cena utiliser une seule fois les pouvoirs importants que lui confère la loi. Elle passe plutôt son temps à se lamenter derrière le ministère de l’Intérieur ou à courir derrière son budget, derrière le gouvernement. La Cena est inopérante par rapport aux pouvoirs renforcés qu’elle a eus, comparativement à ceux de l’Onel. Vraiment, nous avons été déçus par l’attitude de la Cena. Soit c’est de la complaisance, soit elle n’est pas à la hauteur des tâches qui lui ont été assignées.

La Cena a fait une sortie toute récente pour lever toute équivoque sur le fait que les partis d’oppositions se soient prononcés comme ça…

Cette sortie-là ne l’honore pas. La Cena devait s’interdire d’émettre un jugement de valeur sur certains partis politiques de l’opposition en disant: «Ils doivent faire preuve d’un minimum de bonne foi.»

Et à sa place, vous avez proposé la Ceni…

Vous savez, la Ceni c’est la première revendication du Cpc après les élections de 2001 et qui a permis d’aboutir à la Cena. Mais, on s’est rendu compte que la Cena n’a pas été à la hauteur de sa mission. La question de mettre sur pied un organe électoral indépendant s’est posée et se pose encore, quel que soit le nom qu’il portera. Cette revendication est renforcée par le fait que le président de la République a mis à la tête du ministère de l’Intérieur un responsable politique qui, pendant la campagne électorale, s’est affiché ouvertement.

Sur sa proposition de la Ceni, votre Premier secrétaire a posé la question de la refonte totale du fichier électoral comme l’une des exigences. Est-ce à dire que vous n’iriez pas aux législatives avec ce fichier ?

Ce que nous avons indiqué est très clair : on ne peut pas constater que l’élection présidentielle ne s’est pas bien passée du point de vue de l’organisation, de la transparence et de la régularité, et accepter d’aller aux législatives ou locales sur les mêmes bases. Parce que c’est les mêmes causes qui, en ce moment, vont causer les mêmes effets. Cette même opacité, les mêmes fraudes, vont occasionner donc les mêmes résultats. Nous avons donc posé des pré-requis qui doivent être examinés avant d’aller aux législatives. D’autres segments significatifs de l’opposition disent aussi qu’on ne peut pas aller à des élections dans les mêmes conditions. Au Parti socialiste, nous n’avons pas parlé de boycott, nous n’avons pas dit que sans ces pré-requis, nous ne participerons pas aux élections ; ce n’est pas une attitude responsable. Par contre, si certaines conditions ne sont pas remplies, la question de notre participation aux élections législatives se posera et nous nous prononcerons en temps opportun et au nombre des attitudes à envisager, figure, bien entendu, le boycott.



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