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Politique

SEYDOU GUEYE, PORTE-PAROLE DE L’APR : « La transition politique proposée à Bennoo n’est pas démocratique »

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SEYDOU GUEYE, PORTE-PAROLE DE L’APR : « La transition politique proposée à Bennoo n’est pas démocratique »

L’Alliance pour la République (Apr) estime que la transition politique proposée par des responsables de Bennoo siggil Senegaal « n’est pas démocratique ». Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le porte-parole de l’Apr, Seydou Guèye, réitère les réserves de son parti sur cette proposition. Il revient également sur les raisons qui ont poussé l’Apr à opter pour une candidature plurielle de l’opposition à la présidentielle de 2012.

Comment se porte l’Alliance pour la République dans l’échiquier politique sénégalais ?

L’Apr est aujourd’hui une réalité politique incontournable, et son président, Macky Sall, est un leader national incontestable. Après un an et demi d’existence, l’implantation et la massification du parti, deux axes stratégique et organisationnel autour desquels nous travaillons sans relâche, nous valent une présence significative dans toutes les communes et communautés rurales du pays. Au quotidien, les comités de base du parti sont montés dans ces zones. Cette dynamique de maillage et de présence forte est également en cours dans les pays d’accueil de la diaspora sénégalaise avec, naturellement, le même succès. Nous le constatons tous les jours, les Sénégalais accordent un intérêt de plus en plus croissant à notre plate-forme qui leur semble le siège d’une nouvelle offre politique crédible, d’une alternative porteuse d’espoir face à la gouvernance actuelle du pays. Sur un autre plan, l’Apr est une composante majeure de Bennoo siggil Senegaal, où nous tenons toute notre place et jouons pleinement notre rôle, avec le souci constant de nous ouvrir aux autres, sans perdre de vue notre identité. Sous ce rapport, nous n’avons jamais manqué d’énoncer avec force et conviction nos positions sur les différentes questions à enjeu dans le cours politique de notre pays. En un mot, au-delà de son apport dans le succès électoral de l’opposition lors des élections locales du 22 mars 2009, l’Apr qui a réussi son entrée dans l’échiquier politique national, confirme jour après jour son ancrage dans l’opposition et travaille résolument à la construction d’une alternative au régime en place.

Votre leader a entamé des tournées à l’intérieur du pays depuis un certain temps. Quel bilan tirez-vous de ces mobilisations ?

D’abord, un bilan extrêmement positif et encourageant. L’accueil des populations dans toutes les localités visitées est toujours très chaleureux. La liesse populaire qui rythme ces tournées est proportionnelle à l’espoir suscité par l’Apr et son leader. En vérité, en visitant le pays village par village, Macky Sall est en train de réussir la fusion avec les populations, qui le comptent incontestablement parmi les hommes politiques qui honorent les valeurs auxquelles elles croient, et avec lesquelles elles souhaiteraient construire un meilleur avenir pour le Sénégal.

Quel discours nouveau apportez-vous ?

Le parler qui réconcilie l’éthique et la politique. Une analyse politique qui refuse les idées simplistes et les idées venues d’ailleurs. Mais au-delà des discours, nous voulons faire advenir un autre mode de présence en politique, structuré autour d’une réconciliation entre politique et éthique, une pratique qui fait de la politique ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être dans notre pays, c’est-à-dire, un engagement au service de la collectivité et une recherche inlassable des meilleures solutions au profit de tous. Notre appel pour la République enjambe les considérations triviales et partisanes, très courantes dans notre pays, mais peu utiles à la prise en charge des préoccupations multiformes des citoyens sénégalais. Il ambitionne d’ouvrir des perspectives nouvelles en mobilisant toutes les compétences et toutes les expériences autour du projet Sénégal. Pour nous, il convient de doter notre pays d’institutions solides et crédibles pour assurer l’équilibre des pouvoirs, une fonction vitale dans une République qui se respecte, d’établir un nouvel ordre de priorité dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques afin que celles-ci résolvent les préoccupations des Sénégalais en promouvant un développement soutenable, plus riche en emplois et en contenu social. A l’heure où l’urgence est de résoudre les nécessités de premier ordre des populations, c’est une gageure que de se glorifier de travaux pour l’embellissement de Dakar au détriment du reste du pays. Même si quelque part, nous pouvons admettre leur utilité, les scandales qui les accompagnent en altèrent l’opportunité et l’acceptabilité sociale.

Pourquoi l’Apr choisit-elle de se démarquer des options politiques du gouvernement alors que votre leader était dans le camp présidentiel en 2007 ?

Pour une raison simple et évidente. L’Apr, en tant que réalité politique postérieure à l’élection présidentielle de février 2007, n’est en rien concernée par les options du candidat Abdoulaye Wade, encore moins par le bilan ou les orientations mises en œuvre par le Premier ministre choisi par le président de la République à l’issue de ces élections. Il est vrai, par ailleurs, que Macky Sall était un militant du Pds, mais l’Apr est composée pour l’essentiel, d’hommes et de femmes venus d’autres horizons et, pour les plus nombreux d’entre eux, ils se sont engagés en politique pour la première fois dans l’Apr, avec la détermination, d’une part, d’apporter une rupture qualitative dans la pratique politique en cours dans notre pays depuis fort longtemps et, d’autre part, faire advenir la transformation sociale qui redonnera au citoyen sénégalais toute sa dignité et à la politique ses lettres de noblesse dans notre pays. Quant au bilan du président Wade depuis 2000, Macky Sall a assumé très clairement sa part de responsabilité, dans le contexte précis de la distribution des pouvoirs telle que la Constitution l’organise au Sénégal, au niveau de l’Exécutif, notamment entre le président de la République et son Premier ministre.

Quel plus votre parti a-t-il apporté dans Bennoo siggil Senegaal ?

C’est peut-être à vous de le mesurer plus objectivement. Pour ce qui nous concerne, nous sommes une force majeure de Bennoo. Par notre contribution au succès du 22 mars 2009, l’Apr a été le catalyseur et l’artisan d’un nouvel ordre électoral. Nous travaillons inlassablement à renforcer l’unité de ce cadre, aujourd’hui incontestablement majoritaire dans le pays et préoccupé de construire une alternative historique au régime de Wade. Dans cette optique, nous sommes totalement engagés dans Bennoo, ne lésinant sur rien pour son renforcement, tant par notre contribution à l’élaboration de ses lignes d’intervention que pour leur mise en œuvre effective. L’Apr est un membre à part entière dans Bennoo, qui y occupe toute sa place et joue tout son rôle.

Pourquoi l’Apr émet-elle des réserves sur le mode de transition proposé par des partis de Bennoo en cas de victoire de l’opposition à la présidentielle ?

La transition nous semble une catégorie politique étrangère à notre expérience démocratique, même si sur la dernière période, notre démocratie a été soumise à rude épreuve. La problématique de la transition pose problème car, telle que présentée par ses promoteurs, elle n’est pas démocratique et il serait difficile également d’expliquer aux populations, seuls souverains en démocratie, qu’elles voteront pour un « Faux président de la République ». De notre point de vue, un président de la République démocratiquement et légitimement élu ne peut pas être transformé en organe de transition. Sur un autre plan, et nous pouvons tous en faire le constat, la transition politique a été expérimentée ailleurs qu’au Sénégal, avec toujours des résultats mitigés. Enfin, vouloir d’une transition, c’est organiser 4 à 5 élections dans un délai très court, ce qui serait ruineux pour les finances publiques et pour les populations fortement éprouvées, sauf si ce délai correspond à la durée du mandat. L’Apr a exprimé, au cours du dernier séminaire de Bennoo sur les orientations programmatiques, son option pour un mandat de rupture, avec l’adoption d’une nouvelle Constitution pour aller vers une nouvelle République, la mise en place de mécanismes de bonne gouvernance et de gestion concertée des affaires publiques, conçus sur la base d’une convergence programmatique au-delà des forces actuelles de Bennoo. Ce programme devra organiser un nouvel ordre de priorités, mettre en œuvre un programme d’urgence et une politique de réformes structurelles cohérentes et hardies. Pour l’Apr, il convient de prendre en charge les conclusions des Assises nationales et de les élargir dans le cadre d’un dialogue politique global. Ces concertations nationales inclusives serviront de cadre à la définition consensuelle des politiques sectorielles. C’est ainsi, de notre point de vue, que l’on tirera le meilleur profit des travaux des Assises nationales en leur donnant un statut institutionnel.

Mais à travers les réserves sur la transition, vous semblez vous mettre en marge de la charte de bonne gouvernance issue des assises nationales...

Au contraire nous voulons donner à la Charte de gouvernance démocratique un statut constitutionnel et trouver, dans le même temps, un débouché politique de portée nationale aux propositions issues des rencontres citoyennes inédites qu’ont été les assises nationales dans notre pays.

Pourquoi l’Apr opte-t-elle pour une candidature plurielle ?

Parce que nous pensons que c’est l’intelligence stratégique la plus efficace, pour battre Abdoulaye Wade, car cette option est plus mobilisatrice pour les acteurs politiques et les électeurs, donc plus à même de mettre notre camp en mouvement. L’Apr a très tôt énoncé son option irréversible pour les candidatures plurielles de l’unité. En effet, au sortir de notre analyse du cours politique, de la nature de Bennoo et de l’état d’affaissement du camp adverse, nous avons abouti à cette position que l’expérience récente de 2000 conforte du reste. L’approche intelligente et compréhensible par les populations consiste, selon nous, à énoncer clairement cette stratégie en deux temps, rassembler d’abord le plus largement possible le camp de chaque candidat, se regrouper ensuite tous autour du mieux placé des candidats de Bennoo, et consigner la démarche dans un pacte au niveau de Bennoo. De notre point de vue, la candidature unique, même si elle est souhaitable du point de vue de l’approche, séduisante au niveau du concept, n’en pose moins des problèmes de plusieurs types, liés pour les uns aux aspects pratiques de sa mise en œuvre, et pour les autres au risque de démobilisation de l’électorat de l’opposition, si une partie de celui-ci constatait que son propre candidat n’a pas été choisi. C’est ce que l’on appelle en science politique l’effet Condorcet. Mais pour l’heure, ce débat n’est pas encore ouvert dans Bennoo, notamment dans le cadre de la démarche et de la méthode retenues par Bennoo, à travers le prochain séminaire qui traitera du sujet et de la stratégie électorale qu’elle devra mettre en œuvre.

Plusieurs candidats de l’opposition en face d’un seul du camp présidentiel ne constitue-t-il pas un danger pour l’opposition ?

Abdoulaye Wade est largement minoritaire dans le pays. C’est définitif. Seule la fraude pourrait lui permettre d’arracher illégalement la victoire en 2012, ce que du reste nous n’accepterons guère. De mon point de vue, il n’y a aucun risque pour Bennoo, si nous nous donnons les moyens de la lutte pour conquérir la victoire par les urnes, en mettant dès maintenant un cadre de lutte pour la régularité et la transparence des élections. Ce qu’il faut dire, c’est Abdoulaye Wade qui risque de ne passer le premier tour, les Sénégalais lui ont définitivement tourné le dos et pour lui, ce sera un handicap insurmontable.

Pourquoi nombre de partis dans Bennoo veulent proposer des candidats, alors que les conclusions des assises proposent un régime parlementaire ?

Pour ce que j’en sais, les conclusions des assisses nationales ne recommandent pas un régime parlementaire, mais la refondation des Institutions de la République, l’équilibre entre les pouvoirs pour une gouvernance plus démocratique. Cela dit, je ne pense pas qu’il y ait antinomie entre une adhésion à l’esprit des assises nationales et la vocation d’un parti politique, qui est la conquête démocratique du pouvoir pour avoir une légitimité auprès des populations. Pour l’Apr, les assises nationales constituent une référence majeure dans l’élaboration du projet que nous voulons soumettre aux Sénégalais. Elles ne sauraient non plus disqualifier les différents projets portés par les partis membres de Bennoo. Temps citoyen inédit dans notre pays, il convient maintenant d’en assurer le portage politique. C’est ce que nous nous efforçons de faire avec méthode et détermination.

Cette situation ne présage-t-elle pas d’une non application des conclusions des assises nationales ?

Que non. Les conclusions des assises nationales nous permettent de construire des convergences programmatiques qui dépassent même le cadre de Bennoo. Par ailleurs, la perspective de l’Apr est d’institutionnaliser la Charte de la gouvernance démocratique en l’intégrant dans la future constitution et de trouver un débouché politique aux conclusions des assises nationales dans le cadre d’un dialogue politique global, qui sera l’instance ou seront définies de façon inclusive les politiques sectorielles du programme de gouvernement que nous souhaitons soumettre aux Sénégalais. Donc, loin de nous cette opposition factice entre Bennoo et les assises nationales.



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