SPONSORING - Les femmes libérales en démonstration à New York : La Banque de l’Habitat sous pression

Pour sponsoriser leur méga-meeting d’aujourd’hui, le Mouvement des femmes libérales de New York a trouvé l’appui de partenaires publics comme la Bhs et le Bureau sénégalais du tourisme de la même ville, dont les logos figurent sur les prospectus fabriqués en vue de la manifestation. Mais pour le Dg de la Banque, Souleymane Ly, c’est à Dakar et nulle part ailleurs que se font les validations relatives à la publicité.

Le Mouvement des femmes libérales du Parti démocratique sénégalais (Pds) de New York organise aujourd’hui un méga-meeting de «Deloo Njukel» (ndlr : reconnaissance) à l’endroit du président de la République. Cette mobilisation, annoncée, semble-t-il, à grand renfort de publicité pour atteindre le maximum de personnes à l’intérieur de la communauté sénégalaise de New York et d’autres villes des Etats-Unis, vise à préparer les conditions politiques et populaires afin de «réélire l’avocat des femmes, le président Abdoulaye Wade, au premier tour en février 2007…». Rien de gênant, jusqu’ici, dans la démarche des responsables politiques locales du Pds. Mais les incompréhensions commencent quand, sur les prospectus en circulation pour le marketing du méga-meeting, des organismes d’intérêt public sont associés à la manifestation en tant que «sponsors officiels». C’est ainsi que la Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) de New York et le Bureau sénégalais du tourisme de la même ville figurent comme partenaires du Pds local ce samedi.

Préoccupé par cette collusion entre une société publique et le parti au pouvoir, le représentant du Parti socialiste dans l’Etat de New York, Amadou Ndiaye, s’en est ouvert, dans une lettre de protestation adressée à Ibrahima Diène, responsable de la Banque de l’Habitat du Sénégal dans la capitale économique américaine. A partir du moment où «il est clair que c’est un parti politique, le Pds, qui est derrière ce meeting du 19 août 2006 à New York», lit-on dans la correspondance, «pourquoi alors votre service qui est, jusqu’à preuve du contraire, un démembrement de l’Etat du Sénégal, se permet de figurer parmi les sponsors» ? Poursuivant dans sa protestation, le socialiste new yorkais se demande si «l’Etat et ses démembrements ont (…) perdu la neutralité qui doit toujours être la leur vis-à-vis de toutes les formations politiques».

Dans l’impossibilité de joindre Ibrahima Diène à New-York, nous nous sommes adressé à la maison-mère, la Banque de l’Habitat du Sénégal à Dakar. Son directeur général, au téléphone, manifesta toute sa surprise à l’annonce du motif de notre curiosité. «Sincèrement, je viens de l’apprendre». Souleymane Ly, comme pris de haut, nous signifie que «ce n’est pas possible». En d’autres termes, il n’est pas imaginable que sa banque soutienne financièrement une manifestation politique d’un parti politique. Sur ce, il nous dit : «Je vais appeler New York (ndlr : un responsable de la Bhs) et je vous rappelle.» Un quart d’heure plus tard, des explications tombent. «La Bhs de New York n’a pas reçu officiellement une demande de sponsoring» de la part des organisateurs du méga-meeting. Selon M. Ly, il est possible que ceux-ci aient anticipé sur un soutien financier de l’institution bancaire, mais il n’y a pas de chance que cela se fasse. «Nous sommes à équidistance des partis politiques.»

En réalité, note le directeur général de la Bhs, les démembrements extérieurs de la banque ne disposent pas d’autonomie d’action en matière de publicité. «C’est ici à Dakar que nous validons toutes les demandes qui sont soumises aux agences extérieures de la banque», précise M. Ly.

Par ailleurs, le représentant du Parti socialiste indique être «préoccupé» par la présence de Ibrahima Diène, le responsable de la Bhs, à la tête de la Délégation extérieure de la Commission électorale nationale autonome (Decena) de New York. Et d’une manière générale, dans la lettre citée plus haut, il fustige toutes les sociétés nationales qui, selon lui, participent financièrement à l’émergence et à l’entretien de «La voix de l’Alternance», devenue «La voix des émigrés». Une radio «animée par des militants du Pds à New York et (par) des correspondants militants du Pds à Dakar.»