Tout est déjà pensé et même planifié pour préparer la défection des ministres Oumar Guèye et Pape Diouf à un départ presque imminent de Rewmi. L’Observateur déflore la stratégie mise en place par les acteurs de la bataille.

La rupture est consommée. Entre Idrissa Seck et ses deux ministres, Oumar Guèye et Pape Diouf, c’est la fin du compagnonnage politique de plusieurs années. A moins d’un miraculeux retournement de situation, Macky Sall a réussi son plan de débauchage des deux responsables de Rewmi. (Voir ci-contre). Non seulement Oumar Guèye et Pape Diouf sont très proches de rester avec le chef de l’Etat, en isolant Idrissa Seck, mais une stratégie souterraine est développée pour légitimer la «trahison». Des informations recueillies à différents niveaux, il ressort que le plan intègre la «création» d’une mini crise au sein de Rewmi. A ce sujet, la démarche qui serait initiée par Oumar Guèye vise à rassembler ses militants et ceux de Rewmi autour de sa personne pour s’écarter de la voie tracée par Idrissa Seck, dans sa position vis-à-vis du pouvoir qu’il a soutenu. L’occasion sera également saisie pour fustiger sa gestion solitaire du parti. Il devrait être reproché au maire de Thiès de prendre des décisions sans en référer aux instances du parti.

Déjà, au sein de Rewmi, l’on rit de cette campagne de dénigrement qui sera déroulée contre son Président. Certains responsables rétorquent que la désignation de Oumar Guèye et de Pape Diouf pour entrer dans le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye n’a jamais fait l’objet de concertation au sein des instances. C’est Idrissa Seck qui, souverainement et compte tenu de paramètres politiques, avait porté son choix sur Oumar Guèye et Pape Diouf. Donc, ce serait illogique que ces derniers veuillent, pour se donner bonne conscience, déplorer une démarche qui a fait leur promotion.

Ce plan a pour objet de fragiliser Idrissa Seck en organisant une saignée importante dans son parti. D’ailleurs, c’est ce qui explique l’annonce faite de promouvoir de hauts responsables du parti dans certaines stations, au nom du slogan «la patrie avant le parti». (Voir ci-contre) Seulement, cette option est très risquée, en ce qu’elle est source de tensions au sein de l’Alliance pour la République (Apr) dont certains responsables attendent toujours d’être servis. La promotion d’autres cadres sonnerait la révolte dans les rangs du parti de Macky Sall. D’ailleurs, les premiers signes d’hostilité se font jour. Des responsables de l’Apr n’approuvent pas la démarche de Macky Sall consistant à continuer de travailler avec les ministres de Rewmi, même s’ils arrivaient à intégrer les rangs du parti. Les plus irréductibles ont déjà planifié des sorties pour étaler les éventuelles fautes de gestion impardonnables commises par les concernés. Il ne serait pas surprenant que de vieux dossiers relatifs à la gestion foncière de la communauté rurale de Sangalkam dont il (Oumar Guèye) était président soient exhumés. Aussi, prépare-t-on un dossier sur certains marchés passés au ministère de l’Hydraulique. A Pape Diouf, il pourrait être opposé sa position sur les licences de pêche, en contradiction avec celles de Idrissa Seck et de Macky Sall.  Ces sorties annoncées contre les ministres peuvent faire reculer Macky Sall, chantre de «la gouvernance sobre et vertueuse». Le chef de l’Etat n’aurait aucune difficulté à trouver une excuse pour faire constater aux «traîtres» l’obligation de respecter le serment qu’il avait fait de ne protéger personne. Oumar Guèye et Pape Diouf font encore face à deux scenarii de catastrophe. Il s’agit pour eux de trouver le moindre mal.