Le lieutenant de Moustapha Niasse ne s’est pas représenté aux élections locales malgré son statut de maire sortant de la ville de Pikine. Néanmoins, Pape Sagna Mbaye s’oppose aux analyses selon lesquelles son mentor lui a demandé de faire de la place à l’Apr. Toutefois, il explique les résultats mitigés obtenus par l’absence de solidarité dans Benno bokk yaakaar, contrairement au Benno siggil senegaal de 2009.
Il se dit que vous ne vous êtes
pas re-présenté à Pikine pour défendre votre bilan à cause d’une
pression venant de votre chef de parti Moustapha Niasse. Qu’en est-il
réellement ?
Je suis formel. Ma non-candidature à la ville
de Pikine est une décision personnelle. Le président Moustapha Niasse ne
m’a ni intimé un ordre, ni une instruction, ni un conseil pour ne pas
être candidat. J’ai pris sur moi la décision et la hauteur de comparer
la situation de 2009 et celle de 2014. En 2009, il y avait cet élan de
solidarité, cette osmose, cet esprit d’équipe qui prévalaient. Les
partis qui composaient Benno siggil senegaal étaient d’horizons divers.
Il y avait même des partis confessionnels. Nous avions en bandoulière le
plaisir d’être ensemble et le fait de vouloir gagner ensemble. Cette
situation a été très différente de celle de 2014. Nos leaders nous ont
toujours invités à y aller ensemble pour gagner. Je me souviens avoir lu
le Président Macky Sall, au cours d’une réunion du Secrétariat
exécutif de son parti, demander à ses partisans de tout faire pour être
ensemble et même dans les communes où il y a certaines difficultés, de
tout faire pour les aplanir et aller ensemble. Ce qui n’a pas prévalu.
Dans ce charivari et le fait que j’aime ma ville qui m’a tout donné, qui
m’a donné ma première expérience politique la plus belle que j’ai eu à
vivre dans ma carrière d’homme politique, j’ai pris du recul. Ayant fait
le mouvement pionnier, ayant appartenu aux jeunesses socialistes et à
l’Amicale des étudiants socialistes de France, étant membre fondateur de
l’Afp il y a 15 ans, j’ai tiré un enseignement hors série. Il fallait
que je m’élève très loin au-dessus des intérêts personnels et égoïstes.
Donc, je ne peux pas y avoir une certaine responsabilité. En nous
neutralisant, on a ouvert le boulevard à l’opposition, au Parti
démocratique sénégalais notamment. Ce qui a été bien le cas.
En tant que maire sortant, ne devriez-vous pas défendre votre bilan au lieu de vous retirer ?
Le
bilan n’était pas à moi tout seul. C’était celui d’une équipe. Nous ne
pouvions pas avancer l’idée d’être maire tout de suite. Dans l’honnêteté
intellectuelle et la probité morale, nous devions être ensemble pour
défendre ce Benno bokk yaakaar qui est la seule chance et la seule
alternative crédible pour le pays. Aujourd’hui, nous sommes 8 contre 8.
Si je prends là où nous étions ensemble comme Pikine Ouest,
Diamaguène-Sicap-Mbao, Bby a gagné haut la main. A Mbao où il y avait le
candidat Abdou Karim Sall, Benno siggil senegaal et d’autres candidats
regroupés dans d’autres coalitions, le Pds a gagné avec moins de 300
voix. Or, le total des candidats qui partagent cette obédience de Benno
a fait plus de 4000 voix. Donc, nous n’aurions pas perdu cette commune.
Je ne pouvais pas participer à cela. J’ai pris du recul mais cela n’a
jamais été une intervention de Moustapha Niasse, ni dans le secret de
son cabinet ni dans son bureau à l’Assemblée nationale, encore moins de
son bureau à la maison ou d’une quelconque instance du parti. C’est moi
qui ai pris un recul personnel après en avoir partagé avec Bouna
Mouhamed Seck, son directeur de cabinet, et El hadji Malick Gackou qui
est le patron régional de Dakar.
Regrettez-vous donc la disparition de la dynamique Benno siggil senegaal de 2009 que Benno bokk yaakaar n’a pas pu poursuivre ?
Effectivement,
tout le monde le regrette. Nous avions la possibilité de faire le grand
chelem. Il y a 602 collectivités locales. Aujourd’hui, on aurait laissé
un maximum de 10% à l’opposition. C’est cela que je regrette. La
victoire était à portée de main. Nous n’avons pas pu l’exploiter et
retenir ce pouvoir-là dans le cadre de Benno bokk yaakaar.
Ne peut-on pas vous reprocher de rester à l’écart de ces joutes électorales en tant que maire sortant ?
Je
ne suis pas du tout resté à l’écart. J’ai mouillé le maillot en
participant à la campagne électorale physiquement, intellectuellement et
dans d’autres aspects, pour avoir ce que nous avons aujourd’hui. Force
est de constater que nous pouvions avoir plus. Nous aurions pu gagner
les 16 communes d’arrondissement. Nous en avons gagné la moitié.
Avec
les retraits des potentiels maires de l’Afp de la course, comment votre
parti comptera-t-il exister à la base sans grande responsabilité dans
la gestion des affaires locales, à part à Nioro et à Ngoundiane ?
Nous
étions dans la dynamique de rester dans Benno bokk yaakaar. C’était
l’idée générale qui a sous-tendu toute notre action politique, parce
qu’on a eu quelques maires avec Benno siggil senegaal, à part dans le
Nioro où l’Afp avait pu partir seul en 2009. Donc, les mairies que nous
avions engrangées l’étaient dans le cadre de cette dynamique. Nous
avions gagné ensemble. Une coalition, c’est une constellation des
minorités. C’est à partir d’un consensus profond et d’un esprit d’équipe
qu’on choisit un capitaine parce qu’aucun membre de la coalition
politique n’a la dynamique pour s’imposer. C’est en mutualisant les
forces qu’une coalition peut gagner. Dans les zones où Bby a été, elle a
gagné.
En tirant les leçons de ces élections, peut-on espérer que l’Afp puisse participer autrement aux prochaines Locales ?
On
ne peut pas faire de la politique-fiction. Les prochaines Locales
auront lieu en 2019. Si la situation de 2009 est différente de celle de
2014, comment peut-on penser à 2019 ? Certes, l’expérience sert à
beaucoup de choses. Nous avons un leader politique de la trempe de
Moustapha Niasse en qui j’ai beaucoup de respect et d’égard. Dans ma
formation d’homme politique et d’homme tout court, il m’a appris des
valeurs et des principes à savoir la droiture, l’honnêteté
intellectuelle, mais aussi la compétence et la vérité. C’est la raison
pour laquelle je suis venu ici pour rétablir les choses, pour faire
comprendre à l’opinion que c’est moi-même qui ai pris la décision de ne
pas me présenter pour ne pas se neutraliser au sein de Benno bokk
yaakaar, pour pouvoir sauver les meubles et accompagner. Il y a eu
beaucoup de questionnements. Le bilan de Benno siggil senegaal est plus
que positif mais il y a des choses qui, à un moment donné de la vie,
doivent nous pousser à prendre de la hauteur. Je suis un homme
politique, un soldat à la disposition de mon pays. J’ai la qualification
professionnelle garantie de compétences. Je suis directeur commercial
dans une multinationale maritime depuis 28 ans.
Avec ces résultats obtenus, pensez-vous que Bby pourra prendre la ville de Pikine ?
Pourquoi
pas ! Nous sommes optimistes. Nous attendons les résultats de la
Commission départementale et de la Cour d’appel. A partir de ce moment,
nous aurons une cartographie des résultats. Nous sommes déjà confiants
par rapport aux communes que nous avons gagnées. Le nombre de
conseillers qui vont à la ville varie en fonction des communes. Nous
sommes en train de faire l’analyse franche et sans gants pour que la
ville de Pikine reste avec Benno bokk yaakaar.
6 Commentaires
L'officier
En Juillet, 2014 (13:54 PM)vous pape sagna et gackou, vous avez risqué gros en optant pour l'abstention. indubitablement vous êtes en train de filer tout droit vers le cimetière politique
Psm
En Juillet, 2014 (14:06 PM)Kolo
En Juillet, 2014 (14:07 PM)N'importe Quoi
En Juillet, 2014 (15:03 PM)Khél Dou Doye
En Juillet, 2014 (17:19 PM)Collectif
En Juillet, 2014 (17:27 PM)Bonne chance M. Timbo.
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