TANOR SUR L'APPEL AU DIALOGUE POLITIQUE : ”Wade veut balkaniser la Cpa”

Pour le gouvernement d'union nationale qui serait en gestation, le président Wade devra compter sans le Parti socialiste. Ousmane Tanor Dieng a surtout exprimé toute sa fidélité à la Cpa dont la déstabilisation serait selon lui le voeu le plus cher du président Wade.

Lors d'un cocktail-débat improvisé par ses camarades de Paris, samedi, le Premier secrétaire des Verts a, en effet, réitéré la position de son parti sur cette question. Avant même d'être reçu au palais de la République dans le cadre des concertations en cours avec les leaders de la Coalition populaire pour une alternative (Cpa) et d'autres hommes politiques, Ousmane Tanor Dieng a pris les devants de la scène en excluant toute participation de sa formation à un quelconque gouvernement. Face aux rumeurs persistantes mais aussi à la mise en garde de ses camarades, il a ainsi tenu à rassurer ces derniers. "Quoi qu'il advienne, le Ps restera dans la Cpa.
Il faut que cela soit absolument clair. Nous ne quitterons pour aucune raison la Cpa. Nous sommes dans la Cpa, nous croyons en la Cpa, et nous resterons dans la Cpa. Cette stratégie est claire. Et c'est ça que chacun doit faire là où il se trouve.
Ceux qui sont à Paris doivent travailler pour renforcer l'unité, la cohésion de la Cpa, malgré nos différences". Même s'il ignore la proposition que Me Wade lui fera, le chef de file des socialistes estime inopportune l'idée d'entrer dans un gouvernement. Et Tanor de préciser:"Pour ma part, je ne crois vraiment pas que l'on puisse, à trois ou quatre mois des élections, demander à ce que l'on mette en place un gouvernement d'union nationale. Pour quoi faire? Pour unir qui, et dans quel but? Ça, je ne le comprends pas. De ce point de vue-là, je ne crois pas qu'il (Wade) nous demande de discuter pour un gouvernement d'union nationale".
Et pour cause: "Lorsqu'il sait qu'une telle question ne vous intéresse pas, il ne vous en parlera certainement pas". Car, "j'ai entendu dire que Wade n'a pas évoqué la question de gouvernement d'union nationale avec ceux qu'il a déjà reçus. Donc, on ne sait pas a priori ce qu'il va nous dire". N'empêche, Tanor a tout de même une idée de l'objet de son face à face avec le président. Il craint même une manoeuvre du pouvoir qui se résumerait en une tentative de balkanisation de la Cpa: "Il est normal que Wade ait sa stratégie pour diviser et affaiblir la coalition que nous représentons", a-t-il laissé entendre.
Le Premier secrétaire semble mettre ses camarades de la coalition devant leur responsabilité. "C'est à nous (Cpa) de faire de sorte qu'on ne soit pas divisés. Si nous prêtons le flanc et qu'on se laisse diviser, on ne doit s'en prendre qu'à nous-mêmes. C'est nous qui devons prendre nos responsabilités et savoir qu'Abdoulaye Wade a sa stratégie, nous devons avoir aussi notre stratégie". Et d'attirer l'attention de ceux qui seraient tenté de rejoindre le pouvoir: "Nous ne sommes pas là pour penser la même chose sur toutes les questions, mais nous devons par-dessus tout travailler pour être unis et rassemblés". Et pour cause! "Nous sommes quand même une coalition politique et nous devons garder notre solidarité.
Et nous devons, sur toutes les questions, réfléchir ensemble et essayer d'avoir une position commune ou une position concertée et éviter tout ce qui peut nous diviser. Je crois que c'est dans l'unité et dans la cohésion que nous pouvons avoir notre force. Si nous partons séparément, nous avons évidemment moins de chance d'avoir de bons résultats". Avant de conclure, en rassembleur: "L'unité, la cohésion et le rassemblement sont indispensables. Indispensable d'abord au niveau des partis parce qu'une famille divisée, un parti divisé, s'affaiblit. Indispensable aussi au niveau de la coalition politique, parce que si l'opposition est déchirée et divisée, cela favorise le pouvoir".
"Si nous ne sommes pas solidaires, on nous divisera. Et ce sera un malheur car l'opposition, telle qu'elle est aujourd'hui, a la capacité d'abréger les souffrances des Sénégalais sur la base du programme qui va être présenté".

L'utilité du dialogue avec Wade

Si le Premier secrétaire du Ps semble écarter toute entrée dans le gouvernement, il n'en demeure pas moins disposé au dialogue avec le président de la République: "Je continue de penser qu'il est utile de le rencontrer pour poser un certain nombre de problèmes que lui seul peut résoudre. Parce que toutes ces questions liées aux élections, c'est lui seul qui peut les régler. Le ministre de l'Intérieur ne peut pas les régler". Cependant, à ses yeux, "si le dialogue entre le pouvoir et l'opposition est consubstantiel à toute démocratie, le pouvoir reste le pouvoir, l'opposition reste l'opposition.
Mais sur les questions majeures, l'opposition et le pouvoir doivent pouvoir échanger, chacun gardant son identité, sa personnalité". Et Tanor de rappeler que "dans une démocratie, il faut qu'il ait une opposition". Car, "une démocratie dans laquelle il y a un pouvoir sans opposition n'est pas une démocratie. De ce point de vue-là, nous avons, nous socialistes, une ligne très claire ". Arrivé à Paris jeudi soir en provenance du Chili où il était parti assister à une rencontre de l'Internationale socialiste, Ousmane Tanor Dieng devait s'envoler hier pour Tunis où il était déjà présent en début de la semaine dernière. Il prendra un rendez-vous auprès du secrétariat du président Wade dès son retour à Dakar.