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Thierno Bocoum dénonce une gestion opaque de la gouvernance pétrolière

Auteur: Khady NDOYE

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Le président du mouvement AGIR, Thierno Bocoum, remet en question les déclarations rassurantes du Premier ministre, Ousmane Sonko lors du lancement du Forum Invest in Sénégal, prévu les 7 et 8 octobre prochains. Selon lui, les slogans politiques masquent une réalité économique bien plus préoccupante.
Le chef du gouvernement avait affirmé que le Sénégal « tient bon », malgré la suspension depuis un an du programme avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'absence de décaissements. Mais pour Thierno Bocoum, cette résilience tient moins à une bonne gouvernance qu'à une conjoncture favorable liée à l’exploitation pétrolière, en particulier le champ de Sangomar.
"Cependant, derrière cette façade, une réalité plus nuancée apparaît et les chiffres parlent plus fort que les slogans. En 2024, l’État sénégalais a perçu 266 milliards de FCFA de revenus pétroliers nets, issus de l’exploitation du champ de Sangomar (dont les recettes totales ont atteint 595 milliards de FCFA). En comparaison, les décaissements attendus du FMI s’élevaient à 230 milliards de FCFA sur la même période. Autrement dit, la manne pétrolière a permis au pays de tenir debout, là où l’appui budgétaire multilatéral s’est interrompu. Ce n’est donc pas là le fruit d’un génie gouvernemental ou d’un sursaut de gestion vertueuse. C’est la nature qui a livré ses dividendes pendant que l’exécutif s’est contenté de les encaisser", recadre Thierno Bocoum.
Il dénonce une absence totale de transparence sur l’utilisation des fonds, tout en pointant du doigt l’absence de rapports publics détaillant l’affectation des recettes pétrolières et le silence des institutions de contrôle comme l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
"Et ce qui frappe le plus, c’est le silence officiel qui entoure cette ressource pourtant cruciale. On n’en parle ni pour saluer son rôle de sauvetage budgétaire, ni pour expliquer où elle va. On encaisse et on se tait. Le régime actuel n’a lancé aucune réforme majeure, ni redéfini la fiscalité, ni réorganisé les grands équilibres budgétaires. Il a simplement hérité d’un calendrier pétrolier entamé bien avant lui  et c’est ce calendrier qui tient provisoirement le pays à flot", indique M. Bocoum.
L’ancien député cite également une irrégularité juridique : la loi n°2022-09 prévoit que le Fonds intergénérationnel, destiné à préserver une part des recettes pétrolières pour les générations futures, soit géré par le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS). Or, dans la loi de finances initiale pour 2025, ce fonds apparaît sous la tutelle directe de la Présidence, pour un montant de 7,25 milliards de FCFA. Une entorse à la loi, selon Bocoum, en l’absence de tout décret explicatif.
Auteur: Khady NDOYE

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