Nicolas Sarkozy a réuni mercredi un dernier conseil des ministres
empreint de nostalgie trois jours après sa défaite à l'élection
présidentielle et a invité les membres du gouvernement à ne pas céder à
l'amertume.
Le Premier ministre François Fillon, en poste pendant tout le
quinquennat, remettra jeudi au président sortant la démission du
gouvernement, qui gérera cependant les affaires courantes jusqu'à la
passation de pouvoir du 15 mai.
Généralement peu loquaces à l'issue des conseils, ministres et
secrétaires d'Etat se sont attardés dans la cour de l'Elysée pour parler
aux nombreux journalistes présents.
Beaucoup emportaient en souvenir leur maroquin et le chevalet de
carton portant leur nom, dédicacé par le président sortant, qui a
souhaité, selon eux, "bonne chance à la nouvelle équipe" et au président
socialiste élu, François Hollande.
"Ne soyez pas tristes parce que quand une démocratie fonctionne
bien, il n'y a aucune raison d'être triste", a-t-il déclaré aux membres
du gouvernement, selon la ministre de la Cohésion sociale, Roselyne
Bachelot.
Des propos confirmés par d'autres participants, selon qui le président sortant a été applaudi debout à la fin du conseil.
"Il nous a dit 'occupez-vous de vos familles, elles ont toutes
beaucoup trop souffert pendant ce quinquennat'", leur a-t-il recommandé,
selon la porte-parole du gouvernement.
Nicolas Sarkozy, qui a effectué 367 déplacements en province et
167 voyages à l'étranger pendant son quinquennat, "a reconnu qu'il avait
lui-même beaucoup fauté en la matière et qu'il comptait bien se
rattraper", a ajouté Valérie Pécresse.
Pendant le conseil François Fillon a dressé un bilan de ces cinq dernières années.
ÉMOTION, FRUSTRATION ET DIGNITÉ
"J'ai rappelé que l'engagement principal de Nicolas Sarkozy en
2007 avait été tenu", a-t-il dit. "Cet engagement c'était remettre la
France en mouvement. Nous l'avons fait avec un nombre de réformes
qu'aucun autre quinquennat n'a engagées, dans un climat de crise
européenne et de crise mondiale."
Des réformes, a ajouté François Fillon, "que d'ailleurs personne ne remettra en cause".
"J'ai le sentiment du devoir accompli", a dit la ministre de
l'Apprentissage, Nadine Morano, fidèle parmi les fidèles, tout en
avouant sa "frustration" de ne pas aller plus loin.
Selon Patrick Ollier (Relations avec le Parlement), le chef de l'Etat a "quasiment remonté le moral de tout le monde".
Le ministre centriste de la Ville, Maurice Leroy, qui était au
Parti communiste en mai 1981 lors de l'élection du premier président
socialiste de la Ve République, François Mitterrand, a assuré que
Nicolas Sarkozy n'était en rien "revanchard".
"Personne ne peut vouloir que ses successeurs se plantent, c'est
le pays qui se planterait", a-t-il dit. "Comme centriste, je me bats
pour une démocratie apaisée. Eh bien nous y sommes. En 1981, c'était un
drame, après moi le chaos. Ce n'est pas 1981, c'est une autre ambiance.
Il aura contribué à ça aussi."
BACHELOT INVITE SES CUISINIERS
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a souhaité le
succès du nouveau président "parce qu'il faut que la France réussisse",
tout en avertissant : "Nous serons vigilants".
Son collègue de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, a dit
partir "sans amertume" - "On n'est pas ministre à vie, ça fait partie
des règles de la République (...) Je vais maintenant servir la
République chez moi, en Haute-Loire."
Beaucoup vont s'engager maintenant dans la campagne des
législatives, comme le ministre des Transports, Thierry Mariani,
candidat dans une circonscription des Français de l'étranger, qui
partira dès samedi pour une tournée électorale de 21 jours dans les
capitales d'Asie et du Pacifique.
Roselyne Bachelot a pour sa part dit avoir invité les cuisiniers
de son ministère à déjeuner au restaurant - "Ils m'ont servie toutes ces
années. C'était bien leur tour d'être servis", a-t-elle expliqué.
Selon Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy aura quant à lui "une autre vie" mais "n'a parlé ni de retrait ni de retraite".
"Il nous a dit qu'il allait installer bientôt ses nouveaux bureaux", a précisé Nadine Morano.
Une des dernières mesures du gouvernement est la nomination de
l'ex-chef de cabinet et directeur de campagne du chef de l'Etat sortant
Guillaume Lambert au poste de "préfet hors cadre chargé d'une mission de
service public".
Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse
3 Commentaires
Soy
En Mai, 2012 (14:26 PM)Reply_author
En Mai, 2023 (21:03 PM)Khouli2
En Mai, 2012 (18:46 PM)Abbdou
En Mai, 2012 (09:52 AM)Ce moment est rare de se réjouir de cette défaite de la haine contre la réflexion sereine, du respect des autres face à la stigmatisation permanente facteur de tension, de violence, de conflits dont l'histoire nous a déroulé ou déroule encore de nos jours, en différents points de notre planète, une large couverture sombre de morts et de suppliciés.
Que des hommes sachent encore dire non à la haine,même à une faible majorité, est signe d'espoir vers une humanité renaissante.
Il reste du travail mais l'espoir est là , tout n'est donc pas perdu.Merci à cette population qui résiste encore et qui non à l'exclusion,à la haine, à la violence...
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En Mai, 2023 (19:33 PM)Reply_author
En Mai, 2023 (23:25 PM)Participer à la Discussion