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Politique

Wade, Karim, Idy… : « J’avoue aux Sénégalais que tu as échoué, mon fils »

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Wade, Karim, Idy… : « J’avoue aux Sénégalais que tu as échoué, mon fils »
Le travail de sape aura duré plus de quatre ans, pour que Karim Wade et sa bande finissent de liquider le Parti Démocratique Sénégalais à leur profit. Le constat clinique de la disparition des « restes » de cette formation s’est fait à travers la levée de boucliers des affidés du « fils du président » opposés à la volonté du père de ramener Idrissa Seck dans ce qui était, jusqu’à ce jour-là, son parti, à lui Laye Wade, et qui est dorénavant dans le giron de Karim. En 24 heures, le projet a été étouffé, avec une explication pathétique par sa légèreté : on a invoqué une proximité d’élections qu’on a semblé ignorer la veille seulement.

Après l’Etat, notamment le gouvernement, il vient donc de prendre possession du PDS. On y entendra de moins en moins les références à un militantisme « depuis 1974 » : elles se feront, ces références-là, moins à Laye Wade qu’à Karim. C’est de la capacité des uns et des autres à s’aplanir devant ce dernier, leur virtuosité affligeante à lui faire allégeance que dépendront les positions dans tous les compartiments du pouvoir. Le parti de Laye est mort ; vive celui de Karim ! Le fils, qui n’a pas voté pour son père en 2000, tout simplement parce qu’il n’avait pas la qualité d’électeur, ayant obtenu sa carte d’identité sénégalaise seulement en 2002, a fait désavouer son père en suscitant le tir de barrage médiatique contre le retour d’Idrissa Seck.

C’est un double aveu qui a conduit Wade à tenter de renouer à l’ancien maire de Thiès. Le premier est que les restes de son parti sont devenus à ce point squelettiques, après le départ de Seck et la saignée hémorragique du PDS au profit de Macky Sall, qu’il est devenu largement minoritaire dans le pays. On a entendu Abdoulaye Baldé parler de « problème moral » pour fustiger l’entrevue entre Abdoulaye Wade et Idrissa Sek. C’est dire que ce sont des âmes inquiètes qui se sont exprimées ainsi, moins que des vigiles actionnées pour fermer la porte du PDS à un « serpent venimeux » sous des traits humanoïdes. Les termes employés pour s’opposer à ce retour qualifiaient autant Seck que Wade. C’est une logique de survie qui a amené Wade à faire appel à Seck, la même qui a fait braquer la Génération du Concret contre ce projet. Quelques semaines avant cette dernière audience avec Seck, Pape Samba Mboup avait sonné l’alerte dans la presse. Il expliquait que leur parti allait dans le mur, et que sa responsabilité à lui est de freiner un tel processus. Ainsi a-t-il tenté d’endiguer le flux des départs par un travail de récupération commencé auprès des ex-responsables libéraux de France partis avec Macky Sall. Devant la radicalité du refus qui lui a été opposé, mais aussi la déclaration publique faite de dignité et de responsabilité du leader de l’APR, il a compris que cette voie-là était une impasse. Il n’est jusqu’à Idrissa Seck, pour confirmer ce constat, lui qui a déclaré lors de sa conférence de presse que la moindre des intelligences était de comprendre que tout est réuni pour la perte du pouvoir par le PDS, à l’image du PS en 2000, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Le second constat fait par Me Wade est que la Génération du Concret a échoué, parce qu’elle n’a pas, malgré tous les moyens de l’Etat dont elle dispose, pu être mieux qu’une petite bande de copains jouisseurs de privilèges indus, dont la seule force est leur capacité à ourdir des complots et des conspirations. Même le vocable est une mauvaise trouvaille : se faire appeler « Génération du concret », en plus d’être réducteur, avec une telle charge comparative, relève d’un mépris pour le parti au pouvoir. C’est l’expression d’une arrogance sans fondement, puisque, autant il est indéniable que c’est le PDS et ses alliés qui ont amené Wade au pouvoir, autant il est patent que Karim et sa bande vont les bouter dehors.

Ce double constat s’étant imposé à Wade, sa « retrouvaille » avec Seck sonne ainsi : « Karim, je dis aux Sénégalais que tu as échoué », après son historique « Je dirais à ta mère que tu as bien travaillé ». Karim Wade et son projet sont devenus le principal thème de campagne contre Abdoulaye Wade, au Sénégal et à l’étranger.

Qui peut citer aujourd’hui des personnalités crédibles, se réclamant de la Génération du concret qui peuvent revendiquer un apport important pour lui ? Pire, à ce jour, on n’a jamais entendu le principal concerné porter de façon publique le combat de son père. Sa bataille à lui se mène entre les douillettes cabines des jets privés et des cabinets financiers, entre des palaces huppés et des palais arabes dorés. Ses seules sorties hors ce cadre se limitant à des procès, très sélectifs, le concernant personnellement.

La première victime de la situation actuelle, c’est …Karim lui-même, intoxiqué par des individus sans moralité, maîtres dans l’art de la girouette, esprits hantant les couloirs et allées de la présidence, qui ont joué sur l’ivresse du pouvoir, le persuadant de son destin présidentiel pour s’enrichir personnellement. Ils lui ont fait croire que la banlieue de Dakar est en pamoison devant lui, qu’elle est sa base naturelle d’où il irait à l’assaut final du pouvoir. Et voilà que Guédiawaye se révèle la plus prompte à la contestation du régime qu’il incarne. Exemple ne saurait être plus éclairant pour lui prouver que tout ce qu’on lui a dit à ce jour, pour le convaincre qu’il va succéder à son père, n’était que leurre pour gogo enivré par la découverte des privilèges de la filiation présidentielle.

Mais ce que Wade, le père, n’a pas réalisé, c’est que son fils a été amené trop loin dans le plan de prise du pouvoir qui passait par l’élimination des hommes émergents du PDS. Ils sont allés si loin, Karim et ses gourous à la petite semaine, que tout échec leur sera fatal. Ils ont bâti leur carrière et assis leur ambition sur les cadavres de personnalités dont le seul tort a été de leur faire de l’ombre par leur compétence. En appelant Seck auprès de lui, Abdoulaye Wade est entré dans un jeu que Karim et Viviane Wade ont perçu comme trop dangereux pour le fils. L’initiative présidentielle et le discours de Seck, encadré par Abdoulaye Faye et Iba Der Thiam, auront fini d’alerter ce camp sur la dangerosité de la tournure des événements. On a entendu un Idrissa Seck raillant Wade, méprisant Ablaye Faye et Cie, condescendant avec Der, et surtout menaçant pour la Génération du concret. Il n’en fallait pas plus que cette tentative de retour soit perçue comme des clous s’enfonçant dans le tombeau politique des partisans de la Génération du Concret. Décrypté, le message sibyllin de Seck renvoie à une très forte probabilité de devoir de bilan de Karim et Cie, notamment en ce qui concerne les travaux de l’Anoci. Plus Seck martelait qu’il n’entendait pas s’adonner à un jeu de vengeance, plus ceux qui se sentent visés percevaient le contraire. L’enjeu de pouvoir a commandé le réflexe de survie. On s’est dit quelque part que ce qui se jouait là aura des répercussions sur la page d’histoire qui s’écrira dans le chapitre de l’après-Wade. Un personnage comme Awa Ndiaye, après avoir interrompu une cérémonie publique pour annoncer avec joie le retour de Seck, a été actionné pour monter au front quelques heures plus tard, prenant le contre-pied de ce qu’elle avait dit. Comme elle n’est pas à une incongruité près, à un reniement de plus, elle était dans son rôle quand lui a fait comprendre que ce qu’elle approuvait avec jubilation était le début de la fin pour la bande à laquelle elle appartient. Triste sort que celui de Me Abdoulaye Wade, lui qui perd de plus en plus ses moyens, proie d’une meute actionnée par le camp de son fils. Comme avec les marchands ambulants ou les imams de Guédiawaye, le vieux a battu en retraite. Concédons lui la lucidité de savoir que, s’il devait suffire à un pouvoir d’avoir beaucoup d’argent pour se maintenir, il n’aurait pas battu Diouf en 2000. La cause défendue par procuration au profit de Karim, pour son accession au pouvoir, est celle-là qui tient le pays en otage depuis quatre ans. Ses tenants poussent le manque de courage jusqu’à se réfugier dans les arrières postes du combat démocratique, alliant manipulation, magouilles et mises scène imaginées dans leurs messes basses, et exécutées par des tacherons à la petite main et à la conscience imperméable. En réalité, eux-mêmes sont les derniers à croire à l’aboutissement de ce scénario de la tragédie du Sénégal vendue à Karim Wade : ils ne font que profiter d’une situation de privilèges, période d’accumulation du capital personnel pour eux.

Les Sénégalais s’opposent et continueront de s’opposer à cette tragédie politique que l’on voudrait leur faire vivre. Contrairement à ce qu’on serait tenté de croire, la dignité et l’engagement patriotique sont de rigueur dans ce pays, malgré la précarité économique et sociale largement partagée. Un pouvoir arrogant, un parti au pouvoir implosé, des populations en proie aux affres de la détresse économique, un scénario du succession qu’on tente d’imposer par la force de l’argent : on se croirait revenu en 2000. A la seule différence que, cette fois-ci, l’homme au pouvoir a montré que l’on ne doit pas attendre de lui une attitude démocratique, comme de Diouf à l’époque.



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