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Religion

Iran et Arabie saoudite en "compétition pour le leadership du monde musulman"

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Ali Khamenei, ici le 6 mai 2015 à Téhéran, s'attaque ouvertement au régime saoudien. afp.com/-

Les invectives entre Téhéran et le régime saoudien sont montées d'un cran, alors que les pèlerins iraniens se retrouvent privés de pèlerinage à La Mecque. Interview de Clément Therme, chercheur à l'IISS.

Juste avant le pèlerinage à La Mecque, auquel les pèlerins iraniens ne participent pas pour la première fois en presque 30 ans, l'ayatollah Ali Khamenei a qualifié ce mercredi de "maudite" la famille royale saoudienne. Le président Hassan Rohani a lui appelé à "punir le gouvernement saoudien" pour "les crimes qu'il commet dans la région et son soutien au terrorisme (...) en Irak, en Syrie, au Yémen." La veille, le grand mufti saoudien Abdel Aziz ben al-Cheikh a déclaré que les Iraniens n'étaient "pas des musulmans".  

Questions à Clément Therme, chercheur à l'Institut international d'étude stratégique (IISS), spécialiste de la politique étrangère de l'Iran. 

Pourquoi une telle escalade dans la guerre des mots que se mènent l'Iran et l'Arabie saoudite? 

Clément Therme: Ces déclarations incendiaires reflètent leur compétition pour le leadership du monde musulman. Il est logique que ce différend se manifeste à la veille de la plus grande fête pour les musulmans, le pèlerinage de La Mecque, un an après la mort de 464 pèlerins iraniens (dans une bousculade, NDLR). Pays le plus touché, l'Iran accuse l'Arabie saoudite de mauvaise gestion. Les conflits par intermédiaires des civiles du Yémen, de Syrie et d'Irak renforcent aussi cette confrontation. La garde d'honneur iranienne portent les cercueils des pèlerins tués dans la bousculade de la Mecque lors de leur rapatriement en Iran, le 3 octobre 2015, à l'aéroport de Téhéran. afp.com/ATTA KENARE

Les attaques iraniennes contre l'Arabie saoudite ne sont cependant pas nouvelles... 

L'ayatollah Khomeini accusait les Saoud d'avoir confisqué un pays. Il a contesté dès la révolution de 1979 le fait que la gestion des lieux saints soit entre les mains de cette dynastie. Après la guerre Iran-Irak, il y a eu un rapprochement entre les deux pays. Avec les guerres actuelles, c'est plus difficile. On est passé à une division entre persans et arabes à une confrontation au sein de l'islam entre sunnites et chiites au niveau des sociétés. 

Une désescalade est-elle possible? 

Les intérêts économiques peuvent être un facteur de règlement des tensions politiques. L'Iran soutient l'accord entre l'Arabie saoudite et la Russie sur les prix du pétrole. 40 ou 50 dollars le baril, ce n'est bon ni pour l'Iran, ni pour l'Arabie saoudite. Et ils s'opposent tous les deux à Daech puisque les deux pays sont des cibles privilégiées de l'organisation terroriste. Sauf que les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier. Le problème, c'est qu'à force de faire une propagande négative du rival, il y a un risque de ne plus pouvoir surmonter le différend.  Le président iranien Hassan Rohani, le 7 septembre 2016, lors d'une réunion ministérielle à Téhéran. afp.com/HO

Est-ce qu'on peut craindre une guerre directe? 

C'est peu probable. La priorité de Rohani, ce n'est pas l'affrontement au niveau régional, c'est le rétablissement des relations économiques avec l'Occident. 

Pourquoi alors des déclarations si violentes? 

C'est devenu populaire en Iran de s'attaquer à l'Arabie saoudite. Rohani a dépensé tout son crédit politique pour surmonter l'antagonisme entre la république islamique et l'Occident, il ne peut pas revenir sur un autre héritage de l'ayatollah Khomeini, qui est le rejet de la légitimité de la dynastie des Saoud. Il ne peut pas à la fois menacer les intérêts des Gardiens de la révolution en établissant des contrats commerciaux avec des entreprises occidentales et affaiblir leur position dans des conflits régionaux où ils s'opposent à des groupes soutenus par l'Arabie saoudite. 

Peut-on imaginer une absence de pèlerins venus d'Iran à La Mecque plusieurs années de suite, comme c'était le cas de 1987 à 1991? 

Même si les religieux wahhabites considèrent les chiites comme des non-musulmans, je pense que l'Arabie saoudite va revenir à une position plus modérée. Mais cela dépendra de l'évolution des conflits en Syrie, en Irak et au Yémen. Des négociations auront lieu l'année prochaine pour la participation des Iraniens au hajj. La question religieuse peut être aussi un facteur de rapprochement. En tant que gardien des lieux saints, l'Arabie saoudite, en dépit de la surenchère rhétorique à laquelle on vient d'insister, ne peut pas durablement exclure 80 millions d'Iraniens. Son rôle religieux va au-delà des contingences politiques. Pour les deux pays, c'est une carte à jouer.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (16:52 PM)
    Une occasion pour les negres de rendre aux bedoins cette religion qui ne fait que detruire l'humanite. rendez aux bedoins leur conte et legende (islam) :emoshoot: 
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