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Premier centre de "déradicalisation" français

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Premier centre de "déradicalisation" français

Dans quelques jours, les bâtiments aux murs clairs du domaine de Pontourny, en Indre-et-Loire, accueilleront de nouveaux pensionnaires : les premiers prétendants au programme de "déradicalisation". Ou plutôt "de prévention, d'insertion et de citoyenneté", comme il faut désormais l'appeler. C'est là, dans la commune de Beaumont-en-Véron, près de 3.000 habitants, située à une cinquantaine de kilomètres de Tours, que le premier "centre de prévention, d'insertion et de citoyenneté" (CPIC) a été mis en place. Difficile, ces derniers jours, d'en savoir plus sur ce projet sensible à la communication maîtrisée. En attendant les annonces officielles prévues demain mardi, faisons le point sur ce que l'on sait.

Déradicalisation : la médiatisation continue d'être à la manoeuvre de notre politique

De quoi parle-t-on ?

Ce premier centre est une expérimentation. Piloté par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), il s'inscrit dans le cadre du plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme du Premier ministre Manuel Valls. En mai, il avait annoncé qu'un centre de réinsertion pour "personnes radicalisées" ou susceptibles de basculer dans le djihadisme serait créé dans chaque région d'ici à la fin 2017. Le premier, avait-il indiqué, serait mis en place cet été. Le centre de Beaumont-en-Véron, géré par le groupement d'intérêt public (GIP) "Réinsertion et citoyenneté", a ouvert ses portes le 1er juillet et accueillera les premiers bénéficiaires du programme d'ici la fin septembre.

En préambule de la convention constitutive du GIP, signée en janvier et accessible sur le site du ministère de l'Intérieur, on peut lire : 

"L'Etat a l'ambition de mettre en place une structure de réinsertion spécifique proposant à des jeunes majeurs un accompagnement psychologique, médico-social et éducatif."

Comment ? Selon le même document, "par un désengagement du processus de radicalisation, le développement d'un esprit critique, l'apprentissage de la citoyenneté et l'appropriation des valeurs de la République". Le tout dans une perspective d'insertion professionnelle.

La bataille de la déradicalisation

De quel lieu parle-t-on ?

Le lieu choisi est Pontourny, un domaine doté d'un vaste parc situé sur la commune de Beaumont-en-Véron. Jusqu'au 30 juin, c'était un centre éducatif et de formation professionnelle (CEFP) géré par la Ville de Paris qui accueillait, depuis longtemps, des mineurs étrangers isolés. Ce centre a fermé. Le maire de la commune aurait souhaité qu'il devienne un centre d'accueil pour réfugiés. Ce ne sera pas le cas.

Cet été, les bâtiments ont fait l'objet de travaux de sécurité. Des équipements en divers systèmes de sécurité et vidéosurveillance qui auraient pris du retard, selon "la Nouvelle République", qui estimait fin août que les aménagements pourraient durer encore deux semaines minimum pour parvenir à une sécurisation totale des lieux. Le maire de Beaumont-en-Véron Bernard Château nous confirmait en fin de semaine dernière que des travaux de sécurisation étaient toujours en cours.

Pour quel type de public ?

Quand en mars, dans une ambiance tendue, le préfet Pierre N'Gahane (depuis remplacé au poste de secrétaire général du CIPDR - Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation -) a rencontré les élus locaux pour les convaincre de donner leur feu vert à la création du centre, il a insisté sur le fait que celui-ci ne prévoyait d'accueillir que des personnes "volontaires", en voie de radicalisation mais qui n'ont par exemple ni quitté le pays pour tenter de rejoindre une zone de guerre, ni même tenté de s'en approcher. Le préfet avait notamment précisé :

"Il y aura deux sortes de centres : des centres de prévention, comme celui qui est projeté en Indre-et-Loire, et des centres qui accueilleront dans un cadre plus contraint des personnes qui, sans être incarcérées, ont été repérées par les autorités judiciaires."

Selon ses propos en mars, les jeunes accueillis devraient avoir "entre 18 et 30 ans". Les discussions seront menées avec "les familles et l'autorité préfectorale pour choisir le public" bénéficiaire, avait-il ajouté. 

Les pensionnaires ne devraient donc pas faire l'objet de poursuites judiciaires. Le centre prendrait par exemple en charge des jeunes signalés, via la plateforme gouvernementale, par leurs familles inquiètes de les voir basculer. En mai, le Premier ministre indiquait également :

"Les pensionnaires du premier centre 'pourront être des repentis dont nous éprouverons la sincérité et la volonté de réinsertion dans la durée.'"
Quel fonctionnement ?

Les séjours en internat ne devraient pas excéder dix mois "avec un maintien en observation dans l'enceinte sécurisée du site les trois premières semaines", précise aussi "le Courrier de l'Ouest". Le maire de la commune assure quant à lui :

"Toute sortie, si elle devait être autorisée, sera accompagnée."

La capacité d'accueil du centre de Pontourny est d'une trentaine de places.

La vingtaine de personnes qui travaillaient déjà à Pontourny avec les mineurs isolés et qui ont été reprises ont bénéficié cet été d'une formation de deux mois, rapporte encore "la Nouvelle République." Une dizaine d'autres auraient été recrutées. "Des profils de spécialistes manquaient", confirme sans plus de détails le maire de Beaumont-en-Véron. Des psychologues, infirmières et surveillants de nuit ont été embauchés, indique encore "France Bleu", qui a recueilli les propos d'un salarié qui se veut prudent :

"Le projet est théorique. Il faudra au moins un an pour tirer un premier bilan."
Qu'en dit-on sur place ?

Fin août, les élus locaux ont été reçus à Matignon par des membres du cabinet du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur et du préfet d'Indre-et-Loire. Selon le communiqué que les élus ont ensuite diffusé, cela leur a permis de "préciser et voir confirmées l'ensemble des garanties préalables à l'ouverture" du centre. Lesquelles ? Elles concernaient avant tout les profils des futurs pensionnaires, nous confie aussi le maire de Beaumont-en-Véron Bernard Château :

"Il faut que ce centre accueille des profils du spectre bas de la problématique et que cela ne change pas dans le temps."

Il dit néanmoins aborder ce projet avec "inquiétude et circonspection", principalement du fait de voir sa commune ainsi projetée "sous les feux de l'actualité". En mairie, le téléphone ne cesse de sonner.

Quand ils ont su qu'un tel centre remplacerait le précédent, des riverains n'ont par ailleurs pas caché leur inquiétude. En tête, l'association "Radicalement digne de Pontourny", qui a notamment organisé une manifestation à Chinon en mai. Puis lancé une pétition signée par près de 700 personnes. Très remontée, elle dénonce notamment le manque de concertation avec la population, et la proximité du centre avec une zone pavillonnaire. Catherine, vice-présidente de l'association, soupire :

"Du fait de la dangerosité potentielle de ces personnes, on aurait pu mettre ce centre ailleurs avant d'avoir un minimum de retour."

Leur maire dit comprendre leur mécontentement "légitime", "leurs craintes et leurs peurs", mais insiste sur le fait que cela ne reflète pas, selon lui, la majorité de la population. L'association appelle à un rassemblement, mardi, à Pontourny, avant les annonces officielles.

C. R.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (06:34 AM)
    Ce sera inefficace la seule solution possible est de les empecher de nuire de manière définitive .
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  2. Auteur

    Mustapha Hihihi

    En Septembre, 2016 (09:12 AM)
    Il faut lire : DERATISATION....
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