Planification familiale : Makacolibantang enregistre un taux de 1%

La pratique de la planification familiale par l’utilisation de méthodes contraceptives reste ‘’un grand problème’’ à Makacolibatang (80 km de Tamba commune), selon le médecin chef du district qui relève un taux de 1% et de ‘’grands défis à surmonter pour permettre aux femmes une maternité à moindre risque’’. ''Alors que l’Enquête démographique de santé (EDS) montre qu’au Sénégal la prévalence contraceptive est à 12%, elle est à 4,5% au niveau de la région de Tambacounda et dans le district de Makacolibantang la prévalence contraceptive n’excède pas 1%'', a dit le médecin chef, Dr Niène Seck. Il s’entretenait avec la presse dans le cadre d’une visite effectuée dans le village de Makacolibantang, à l’initiative de l’Association sénégalaise pour le bien-être familiale (ASBEF). ‘’Nous avons beaucoup de difficultés liées à l’accès aux services, aux poids sociaux et culturels avec une société où les populations tiennent à leurs valeurs culturels’’, a expliqué Dr Seck, interrogé par la presse à l’issue d’un forum tenu sur la place du village pour échanger sur la problématique de la planification familiale et sur d’autres sujets liés à la santé. Pour le médecin a dit que les femmes qui viennent faire la planification familiale le font la plupart en cachette, ‘’ce qui pose un problème parce que la planification familiale est une affaire de couple qui doit s’engager dans cette voie’’. Les échanges au cours du forum ont permis d’avoir une idée sur la faiblesse de la pratique des méthodes contraceptives, puisque chefs de famille comme autorités locales, représentants des Khalifes venus des villages environnants n’ont pas voulu trop s’épancher sur la question. Même le sketch servi par les jeunes du village regroupés autour de l’association des pairs éducateurs a tourné autour des mariages précoces et non autour l’objet de la rencontre à savoir la planification familiale. Pourtant dans leurs interventions ‘’Bajenu Gox’’, relais communautaires, présidentes de groupements de femmes venus de différents villages, ont appelé les hommes à s’impliquer dans la planification familiale pour le bien-être de leurs femmes et de leurs enfants. ‘’Elles ne veulent pas que leur état de grossesse soit connu des autres, elles restent à la maison et prennent le risque de ne pas faire leurs consultations natales’’, a souligné le sous-préfet, de Makacolibantang, Oumar Dieng qui a reçu la presse avant le démarrage du forum. M. Dieng a relevé que dans la localité, ‘’les femmes n’ont rien à dire. Seuls les hommes décident en ce qui concerne la planification familiale’’. ‘’C’est une réalité très marquée en milieu mandingue et en milieu peulh. Il y a des tabous mais aussi d’autres facteurs religieux avec une mauvaise compréhension que les gens ont par rapport à certaines dispositions de l’islam sur la planification familiale’’, a-t-il expliqué. Cité religieuse, Makacolibatang accueille chaque année un grand rassemblement de fidèles musulmans venus répondre à l’appel du Khalife de la localité. ‘’Avec des stratégies de communication bien réfléchies et bien ciblées, on pourrait amener les gens à se départir de certaines idées fausses qu'ils ont de la planification familiale en rapport avec la religion’’, estimé Dieynaba Wagué, ‘’Bajenu Gox’’ à Karambaya, village situé à une dizaine de kilomètres de Makacolibantang. Selon elle, la plupart des femmes font la planification à l’insu de leurs maris. ‘’La planification est assimilée ici à une volonté des femmes d’avoir de la liberté, de ne plus s’occuper de la famille où même des fois à la débauche’’, a-t-elle expliqué. D’où, également l’opposition de la belle famille qui surveille également la femme mariée dans la maison. Ainsi rares sont les femmes qui osent franchir les structures sanitaires pour s’informer sur les méthodes contraceptives. Mais aujourd’hui, les jeunes filles scolarisées et très tôt données en mariage, commencent à être conscientes de la pratique de la planification en conciliant leur statut avec les études. C’est le cas de Khadya et certaines de ses camarades, mariées en classe de 4ème secondaire et qui n’ont, pour le moment, qu’un seul enfant de prés de deux ans. Elles entendent faire leur examen du Brevet de Fin d’études moyenmes (BFEM). ‘’Les femmes ont aujourd’hui des activités dans des groupements de femmes qui génèrent des revenus qui leur permettent de payer les tickets modérateurs pour acquérir des méthodes contraceptives dans les districts de santé à l’insu de leurs maris’’, souligne également la ‘’Bajenu Gox’’ et présidente de Groupement, Alima Bâ. Elle a affirmé que ‘’des pas sont en train d’être faits avec les autorités médicales appuyées par les leaders communautaires sur le terrain pour aider les femmes à espacer les naissances afin de conduire des activités économiques pour leur épanouissement et celui de leurs familles’’. Aujourd’hui, des matrones, des ASC et des membres d’Organisations communautaires de base (OCB) sont formés dans un programme d’offre initiale de pilules dans les cases de santé pour les mettre à la disposition des couples. ‘’D’ici un an, les chiffres vont augmenter et les indicateurs seront peut-être plus reluisants. Nous sommes sur la bonne voie avec tous les partenaires qui nous appuient’’, selon les autorités médicales. Le district sanitaire de Makacolibantang se confond avec l’arrondissement du même nom qui a 3 postes de santé et un centre de santé à Maka. C’est une population estimée à 70.477 habitants pour une cible de femmes enceinte de 2.749 établie dans le plan de travail annuel du district sanitaire. ADL/AD