10 ANS DE TRAVAUX FORCES AU NIGERIAN CHUKWUMA : Il avait cousu des sachets de cocaïne dans ses chaussures

Décidément les fournisseurs et autres trafiquants de drogue ont plus d'un tour dans leur sac. La preuve en a été donnée lors de cette présente session spéciale drogue de la Cour d'assises de Dakar, où le modus operandi des trafiquants, pour échapper aux mailles de la police ou de la douane, diffère à chaque fois. Dans le cas d'espèce, le Nigérian qui a pris 10 ans de travaux forcés avait cousu la cocaïne à l'intérieur de ses chaussures.

Originaire du Nigeria, Félix Israël Chukwuma, a été condamné hier par la Cour d'assises de Dakar à 10 ans de travaux forcés. Ce, malgré ses véhémentes dénégations consistant à dire que les chaussures dans lesquelles a été trouvé la cocaïne ne lui appartenaient pas. Des dénégations qui n'avaient pas empêché l'Avocat général, qui est convaincu de sa culpabilité, de requérir à son encontre une peine de 15 ans de travaux forcés, pour le délit de contrebande et le crime de trafic international de drogue. L'arrestation de ce Nigérian, qui est commerçant de son état, s'est produite le 13 décembre 2008, à l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar-Yoff. En effet, c'est au moment où les passagers de la Compagnie Air Mali faisaient passer leurs bagages au niveau du scanner que l'accusé a été interpellé par les agents de la douane pour une fouille approfondie. Ayant certainement des choses à se reprocher, le Nigérian s'est vivement extirpé du poste de garde pour se diriger vers la sortie de l'aérogare lorsque les douaniers ont voulu le soumettre à une fouille corporelle. Il faut dire qu'il a vite été rattrapé par les agents de sécurité postés sur les lieux. Il ressort en effet de l'ordonnance de mise en accusation que c'est lors de cette fouille physique qu'il a été découvert que deux paquets de cocaïne, pesant chacun 500 grammes, étaient soigneusement cousus sous la semelle des sandalettes de l'accusé. Il avait d'ailleurs expliqué, toujours selon les douaniers, que la drogue en question lui avait été remise à Conakry par un de ses compatriotes, à charge pour lui de l'acheminer en Gambie, via le Sénégal. Il avait précisé, par ailleurs, qu'il devait recevoir la somme de 400 euros pour cette opération. Il faut dire que le sieur Chukwuma est revenu sur ses aveux devant le juge d'instruction, comme à la barre de la Cour d'assises, où il a réaffirmé que les chaussures en question ne lui appartenaient pas. «Je ne sais rien de la drogue et je ne l'ai jamais vendue», a dit l'accusé qui tremblait du reste comme une feuille à la barre. Il faut dire que son conseil, Me Ibrahima Mbengue, a abondé dans le même sens, en posant un problème d'imputabilité des faits, allant même jusqu'à évoquer le délit de faciès. «Mon client a été inculpé parce qu'il était le seul Nigérian sur les lieux et tout le monde sait qu'ils n'ont pas bonne presse», a dit l'avocat qui, dès le début de l'audience, avait soulevé une exception de nullité de la procédure. Estimant que les conditions de la garde-à-vue de son client n'ont pas été respectées, l'avocat a demandé à la Cour d'annuler le Procès-verbal et par conséquent, d’ordonner la main levée. Seulement, l'Avocat général n'a pas manqué d'arguments pour démonter l'exception soulevée par la défense. Demandant à la Cour de déclarer ces exceptions comme mal fondées, le parquet général a rappelé à Me Mbengue que les articles du Code pénal sur lesquels se base l'avocat, ne peuvent s'appliquer en la matière où c'est le Code des douanes qui s'applique. Si Me Ibrahima Mbengue a plaidé l'acquittement, au motif que «c'est invraisemblable» que son client se trimbale avec des chaussures contenant chacune 500 g de cocaïne, la Cour l'a finalement reconnu coupable et condamné à 10 ans de travaux forcés.