3 MOIS DANS DES FAMILLES SENEGALAISES : 55 canadiennes interprètent les réalités dans des sketches

Depuis 6 ans, l’organisation non gouvernementale (ONG) « Mer et monde » convoie des stagiaires canadiens pour s’imprégner des réalités sénégalaises, dans le cadre de la coopération internationale et des échanges culturels. Dans ce cadre, 55 Québécoises viennent de boucler un séjour de trois mois à Térokh Yendane, dans le département de Tivaouane. La cérémonie qui a eu lieu hier dans le village marquant la fin du séjour, a été l’occasion pour les canadiennes de restituer à travers des sketches en langue nationale leur vécu dans les familles sénégalaises. Selon Ismaïla Sougou, responsable de l’ONG « Mer et monde », la même restitution sera également faite au Canada. Selon lui, l’initiative de faire venir des stagiaires canadiens au Sénégal date de 1999 et répond à une volonté de restaurer la véritable image qu’ils ont du Sénégal. Avant de venir affronter la réalité, dit-il, ils ne retiennent en général que l’image d’un pays marquée par une extrême pauvreté, les maladies et autres désastres. Mais une fois sur place, note-t-il, ils se rendent compte que l’image qu’ils avaient ne traduit pas non seulement pas la réalité, mais encore elle a laissé de côté des facettes très positives qui sont le secret des africains. D’ailleurs, raconte Ismaïla Sougou, la première stagiaire venue dans le coin ne s’entendait pas du tout avec sa maman restée au Canada. Mais après avoir vécu dans une famille sénégalaise pendant trois mois, et après s’être rendu compte de la manière dont fonctionnait notre société et des relations qui sous-tendent la vie en famille, elle s’est complètement métamorphosée une fois de retour au Canada.

Elle a changé de comportement vis-à-vis de sa maman. Cette dernière, devant la nouvelle démarche très positive de sa fille, n’a pas hésité à appeler le responsable de l’ONG pour demander quelles valeurs ont été inculquées à sa fille pour qu’elle change ainsi de comportement dans ses rapports avec elle. Selon Ismaïla Sougou, le chemin inverse est aussi emprunté. Chaque fois que des stagiaires canadiens retournent, des sénégalais sont aussi envoyés au Canada avec la même démarche. Cependant, là où 55 canadiens arrivent au Sénégal, seuls 2 à 3 sénégalais sont sélectionnés pour aller au Canada. La peur de l’émigration clandestine est peut-être passée par là. En tout cas de l’avis du responsable de l’ONG, il ne peut prendre le risque d’envoyer un grand nombre, certains n’hésitant pas à chercher à rester, ce qui pourrait déteindre sur la crédibilité du projet. C’est ainsi que depuis 6 ans, si plus de 700 canadiens sont arrivés au Sénégal par ce biais, le nombre de Sénégalais ne dépasse guère 15. Au sénégal, les canadiennes se sont investies dans plusieurs domaines qui embrassent le développement local tels que l’éducation, la santé, l’agriculture pour aider à promouvoir l’auto-suffisance alimentaire. C’est ainsi qu’elles ont accompagné le groupement des femmes de térokh yendane qui exploite une ferme de 6 ha. De par cette coopération, elles ont pu décrocher un magasin de stockage de leurs produits maraîchers. Les Sénégalais qui sont convoyés au Québec intègrent également des familles dans des localités à vocation agricole