Ceux qui empruntent l’axe Bambey-Touba et qui arrivent à destination peuvent être considérés comme des miraculés. Tant le nombre de victimes y a été élevé cette année. Pas moins d’une centaine d’accidents ont été dénombrés avec un bilan plus que macabre de 477 blessés et 31 morts. Cette spirale macabre serait due à l’étroitesse de la route en certains endroits, mais aussi à la folie meurtrière des bus de transport en commun.
Les éléments de la 22e Compagnie d’incendies et de secours de Diourbel n’ont pas chômé cette année. Les hommes du Lieutenant Khalil Mbathie ont effectué plus de 120 sorties dues à des accidents de la circulation. Des collisions avec leur lot de blessés, au nombre de 477, et de 31 personnes qui ont perdu la vie.
Le 21 mars, un bus heurtait violemment un minibus. Un choc qui avait fait 6 morts sur le coup. Un mois plus tard, c’est un containeur qui a été «déchargé» sur un véhicule 7 places et tous les occupants avaient péri. Et le 12 décembre dernier, Dara Kad était le théâtre d’un violent accident entre un bus de transport en commun et un véhicule R19. Bilan : 5 occupants du véhicule léger tués sur le coup. On a également dénombré 2 boulangers morts à Hodjil, par la faute d’une manœuvre maladroite d’un chauffeur de bus. Que dire de ce conducteur qui a arraché des vies à Sambé parce qu’il voulait doubler un camion ? C’est dire donc que les bus, à eux seuls, sont responsables de plus de la moitié de ce bilan macabre. Moustapha, au gré d’une rencontre pendant ce mois de décembre dans un bus entre Bambey et Diourbel, nous confie son inquiétude : «Les chauffeurs de bus sont vraiment devenus fous par ces temps qui courent. Pas moins de 5 accidents leur ont été imputés entre la Tabaski et aujourd’hui.» Un brin fataliste, il lâche : «Mais, on n’y peut rein, ils sont protégés.»
La justice sort la cravache
Plus précis, le Procureur près le tribunal régional de Diourbel désigne un fils du Khalife général des mourides comme étant le propriétaire du bus qui a causé la mort de 4 personnes à Dalla Ngabou au courant du mois. Le chauffeur était attrait devant la barre le jeudi 17 décembre dernier pour le délit d’homicide involontaire. Le représentant de la société avait requis 2 ans de prison ferme contre lui. Ce même jour, un des assesseurs du Président a parlé de «délinquance routière» dont font montre les chauffeurs de bus. Et d’ajouter à l’endroit du chauffeur : «Vous ne roulez pas doucement. Nous vous croisons tous les jours sur les routes, mais vous roulez à tombeau ouvert. Sachez que vous ne transportez pas des moutons, ce sont des vies humaines. Donc soyez davantage responsables et respectez le Code de la route.» Florentin Gnakadia, chef du service régional des Transports terrestres de Diourbel, partage le même point de vue du juge. Pour lui, ces chauffeurs ne respectent pas le Code de la route et font preuve, le plus souvent, d’une indiscipline notoire. Même si, selon lui, la répression n’a jamais réussi à faire diminuer les accidents, même dans les pays développés.
L’âge des véhicules en question
Il y a l’indiscipline des chauffeurs, l’étroitesse de la chaussée, l’absence de panneaux de signalisation qui sont le lit de ces chocs en série entre Bambey et Touba. Mais aussi et surtout l’état des véhicules qui assurent le transport sur cet axe. Pour les bus, une véritable omerta règne sur leur condition d’entrée au Sénégal, quand on sait que pour faire entrer un bus au Sénégal, il faut qu’il ait moins de 8 ans depuis sa date de mise en circulation. Mais «quand on voit ces bus au Sénégal, on se rend compte qu’ils ont largement plus de 15 ans. Mais les documents (surtout la Carte grise) qui les accompagnent sont falsifiés», nous révèle un technicien sous couvert de l’anonymat. Egalement, il faut dire que les importateurs de ces véhicules, étant de gros bonnets, bénéficient d’appuis à un niveau supérieur.
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