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[Accidents et traumatismes] 4/4 L’équation du stress post-traumatique

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[Accidents et traumatismes] 4/4 L’équation du stress post-traumatique
  Ousmane Ndiaye est consultant dans le domaine de la psychosociologie des organisations et du travail.  Il s’est fait un nom en Afrique. Il est en  activité  depuis plus de 20 ans  au Sénégal. Il a fait sa formation à l’Université de Bordeaux 2. L’homme est souvent sollicité pour des interventions à caractère clinique. « C’est une passion pour moi d’aider les personnes qui souffrent et qui ont besoin de soutien psychologique et qui n’ont pas beaucoup de ressources » dit-il.  Au cours de notre entretien, il a disséqué, les rouages de la psycho-traumatologie.  


Stress post-traumatique


Entre deux moments, un accident peut survenir chez un individu et dégrader son état de santé. Souvent, ce sont des parties de son corps qui sont amputées ou paralysées de manière brusque. Ces amputations ou paralysies ont souvent une influence psychologique chez certaines personnes traumatisées par la nouvelle situation qu’elles sont appelées à vivre. Selon  le psychosociologue cela  va de soi.  Et au-delà des personnes blessées, des familles sont éplorées parce que comptent des décès à chaque fois qu’il y a un accident mortel.  « Les victimes et leur entourage sont très choqués. Ces types d’affections sont ce que les psychologues appellent les stress post-traumatiques. Quand ils sont consécutifs à un accident aussi violent dans des circonstances aussi dramatiques, il faut l’analyser à plusieurs niveaux » dit-il. 


Le degré du trauma est fonction de la blessure, de la partie du corps amputée, ou si le sujet était entre la vie et la mort. Le stress est également élevé chez la famille qui a perdu un de ses membres. Il n’est pas moindre chez des ménages qui comptent des victimes d’accidents de la circulation.  Le problème du traumatisme psychologique causé par un accident ne s’arrête pas simplement à l’aspect physique. Les médecins peuvent soigner les traumatismes physiques. Le traumatisme habite les personnes durant des années et même tout le reste de leur vie. 


Le dur sentiment d’être « modifié »


Pour ceux qui se retrouvent avec un œil, une jambe ou une main amputés, c’est encore plus difficile. Quand on perd une partie de son organisme, on est perturbé, et l’aspect psychologique ne doit pas être négligé selon toujours le psycho-sociologue. Les signes du psycho-traumatisme, dit-il, touchent à la souffrance, la victime ne peut plus supporter ce  sentiment d’être différent avec ce qu’il était avant l’accident.  Le manque de sommeil, des émotions extrêmement fortes, la peur en particulier au point que dès qu’il y a un bruit quelconque, l’individu est apeuré. C’est comme si l’accident revenait. Il  tremble avec tous les effets secondaires qui peuvent s’en suivre. Ce n’est donc pas d’offrir des millions aux familles qui va dissiper le traumatisme. Pour l’Etat, il suffit juste de donner un peu d’argent et ranger tout dans les oubliettes


La compensation financière est ridicule, l’envers du remède 


Il y a des mesures qui sont anecdotiques et qui ne servent à rien. D’ailleurs, certaines mesures concernant la sécurité routière ne sont jamais respectées.  Et pourtant, ce qui est palpable, c’est que les victimes traînent toujours des séquelles.  « La compensation des survivants du bateau le Joola était de moins de dix millions de francs CFA, pour l’accident de Kaffrine, c’est encore plus ridicule et je n’ai entendu nulle part, un soutien psychologique organisé par l’Etat. C’est dur pour les victimes et pour les familles. Elles ont besoin d’être accompagnées. Il est important que l’Etat reconsidère les compensations et la prise en charge des survivants et des familles », a défendu le psycho-sociologue, Ousmane Ndiaye. Selon lui, l’accompagnement peut se faire par des psychologues, des psychiatres en premier. Dans un pays comme le Sénégal, la structure sociale permettait de soutenir au niveau des familles, des villages, les personnes victimes de malheur. « Partager le fardeau, aide à surmonter les stress, les émotions plus ou moins à ‘’oublier’’ », dit-il. Pour lui, l’Etat devrait constituer des équipes de soutien psychologique, pour que toutes les victimes soient assistées. En tout cas pour ce qui est  de ces accidents survenus à Kaffrine et Sakal. 


La  nécessité de catharsis ou thérapie de groupe…


Des entretiens individuels sont nécessaires et même des focus groupe.  Ces thérapies avec des échanges d’émotions, de ressentis constituent ce qu’on appelle la catharsis. C'est la prise de conscience par laquelle un sujet se remémore un événement traumatique, le revit, puis le dépasse dans le cadre d'une cure psychanalytique. La catharsis repose sur l'abréaction des affects liés au traumatisme, c'est-à-dire, la décharge émotionnelle qui accompagne la prise de conscience. « Avec le Joola par exemple, j’avais demandé à Eva Marie Coll Seck alors Ministre de la Santé et de l’Action sociale, de convoquer les psychologues et psychiatres à se constituer en équipe pour accueillir les survivants qui arrivaient dans un état déplorable. Au niveau de la mairie de Dakar, nous les avons rassurés. Le travail qu’il fallait faire a été fait jusqu’au moment où ils se sont retirés progressivement », informe M. Ousmane Ndiaye. Pour lui, ce n’est pas trop tard, que les victimes de ces derniers accidents de la route soient dans le besoin    psychologique. Si ce n’est pas fait et bien fait, ils seront doublement victimes. « L’Etat doit apprendre à réagir d’urgence en mettant en place un dispositif psychologique pour les victimes d’accident » conclut-il. 





 


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