L’Université Cheikh Anta Diop a renoué avec la violence. Pendant toute la matinée d’hier, les étudiants en année de maîtrise réclamant le paiement des subventions de leurs mémoires, ont érigé des barricades à tous les points de passage de l’institut. L’inauguration du campus numérique de la Bibliothèque université, qui était prévue hier à 10 h, a été reportée sine die.
Armé de pierres, le jeune Mohamad, élève en classe de Ce1 et résident à la Gueule Tapée, « adhère » à la lutte de ses aînés étudiants en année de maîtrise. Ceux-ci courent derrière le paiement des subventions de leurs mémoires. Ils affrontaient hier les forces de l’ordre déployées sur la Corniche ouest, en face du rectorat. Tout le monde s’étonnait de voir cet enfant au milieu de la foule des étudiants, armés aussi de cailloux. Les étudiants lui ont même demandé de se retirer, mais il s’est entêté à les accompagner. Des passants le menacent, mais il n’en a cure. La tension est perceptible sur toutes les artères du campus pédagogique. Les étudiants grévistes ont réussi, dès les premières heures de la matinée, à immobiliser d’abord dans l’enceinte du campus social cinq véhicules de l’administration sénégalaise immatriculés AD. L’ambiance est électrique. L’accès au rectorat ou à la Bibliothèque universitaire est quasi-impossible. Tous les ronds points du campus pédagogique sont barrés. Certains particuliers résignés sont obligés d’abandonner leurs véhicules et rejoindre à pied leurs lieux de travail. Les taximen, « pris en otage », se garent aux bords des routes intérieures du campus pédagogique et méditent sur la suite des événements à l’intérieur de leurs véhicules.
« On présente toutes nos excuses pour les désagréments causés par notre mouvement. Comprenez-nous, c’est un état de nécessité qui nous pousse à agir ainsi », lance un étudiant gréviste armé d’une grossesse pierre à l’endroit d’un agent du rectorat. Et celui-ci de rétorquer : « ce n’est pas grave, on est ensemble ».
Après avoir gagné la bataille du « blocus interne du campus », les étudiants grévistes ont fait de l’enceinte du rectorat leur « Quartier général ». De là, ils ripostent aux grenades lacrymogènes balancées par les forces de l’ordre par des jets de pierres. De 10 h jusqu’à 12 h 30 mn, l’atmosphère est invivable. Vers 11 h, les étudiants commencent à s’essouffler. Ils pensent mettre sur pied une autre stratégie. « Les gars, on est un peu fatigué. Il faut qu’on récupère avant de réattaquer les policiers. Ils ont épuisé toutes leurs cartouches », lance un des étudiants. 11h 30 mn, certains commencent à sentir la faim et pensent déjà à se rendre dans les restaurants universitaires pour faire le « nguenté toubab » (expression estudiantine qui signifie manger à l’œil).
Apparemment, ils ne sont pas d’accord sur le principe. Certains souhaitent vérifier la disponibilité des états de leurs subventions. Pour cela, ils délèguent quatre étudiants au Camp Jérémy de l’Ucad, lieu de paiement des subventions. Quelques instants après, ils reçoivent la confirmation que les états sont faits. Mais l’équation de la disponibilité de l’argent se pointe. Malgré tout, ils décident de se rendre au Camp Jérémy, à 12h 50mn, sans auparavant lever les différentes barricades. L’inauguration du campus numérique de la Bibliothèque universitaire, prévue hier à 10 h par le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, le Pr Abdou Salam Sall et le ministre de l’Enseignement supérieur, Amadou Tidiane Bâ, a été reportée sine die à cause de la situation tendue qui a prévalu.
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